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METAL INDUS  |  STUDIO

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1989 Pretty Hate Machine
1992 Broken
  Fixed
1994 The Downward Spiral
1995 Further Down The Spiral
1999 The Fragile
2000 Things Falling Apart
2005 With Teeth
2007 Year Zero
2008 Ghosts I-iv
  The Slip
2013 Hesitation Marks
2016 Not The Actual Events
2017 Add Violence
 

- Style : Godflesh, Marilyn Manson, Ministry, Two, Host, Sleep Token
- Style + Membre : Filter
 

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NINE INCH NAILS - The Fragile (1999)
Par DARK BEAGLE le 7 Décembre 2022          Consultée 1443 fois

Les années 90 auront été celles de l’Indus. MINISTRY avait jeté un sacré pavé dans la mare avec son "Psalm 69", suivi quelques années plus tard par FEAR FACTORY et son "Demanufacture", mais il est également difficile de passer sous silence l’émergence d’un MARILYN MANSON dont les frasques régalaient la presse à scandale ou encore l’avènement de RAMMSTEIN, devenu le leader de la scène européenne avec le concours de David Lynch qui aura contribué à diffuser leur musique à travers le monde par le biais du cinéma. Je pourrais en citer d’autres, mais cela offre déjà un joli panel. Mais à l’instar des anneaux de puissance, il en faut un pour les gouverner tous et c’est là qu’intervient Trent Reznor.

L’homme est derrière le succès que connaît MANSON dans la seconde moitié des années 90s. C’est son poulain. Il produit ses premiers albums et le succès que va connaître le groupe va éclipser celui du sien, NINE INCH NAILS, dont "The Donward Spiral" est un des archétypes du genre. Œuvre d’une violence poussée à son paroxysme par le biais des ordinateurs, elle est devenue la vitrine d’un genre sale, extrême dans l’attitude. Il suffit de regarder des vidéos de l’époque du Self Destruct Tour pour se rendre compte du degré de nihilisme de l’œuvre. Reznor donnait beaucoup de sa personne, au point où l’on pouvait douter de sa santé mentale. Mais qu’en est-il cinq ans plus tard ?

Durant cette période, les fans n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Les remixes que proposaient "Further Down The Spiral" avaient le mérite d’apporter un réel plus, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre d’exercice (le "Supersexy Swingin’ Sounds" de WHITE ZOMBIE par exemple), mais Reznor a vu sa vie être chamboulée. Il vivra très mal le décès de sa grand-mère et il développera une espèce de jalousie par rapport au succès de MANSON auquel il aura contribué. Aujourd’hui les deux hommes ne s’apprécient pas franchement. En pleine dépression, il va enregistrer "The Fragile", alors qu’il n’a plus de repères par rapport à sa musique. Il va procéder par échantillonnage, il va cumuler les pistes sans trop savoir quoi en faire, va bidouiller et finalement, il va présenter son ouvrage à sa maison de disques.

L’idée d’un double album peut sembler incongrue pour le genre. L’Indus est un style exigeant, qui demande une certaine concentration et sur une heure et demie, cela peut rapidement devenir très fatigant. Mais "The Fragile" s’émancipe du son NINE INCH NAILS. Il ne se complait pas dans la brutalité crasse de son prédécesseur, il va au contraire être un contrepied total à "The Downward Spiral". Si Reznor se complait toujours dans une certaine forme de violence ("Starfuckers, Inc" qui a balisé le terrain sur les ondes, lorgne totalement de ce côté et s’avère en vérité bien trompeur de ce qu’est "The Fragile"), il va s’ouvrir à une espèce d’introspection musicale pour le moins intrigante.

Derrière cette pochette sobre, avec le logo du projet quasiment dissimulé par un voile rouge se cache un album déconcertant. Les disques sont nommés "Left" et "Right". Aucun des deux ne cumule des pistes du même style, mais nous retrouvons des rappels des différents morceaux de l’un à l’autre, interprétés de façon différente. Placer le premier disque est un plongeon dans l’inconnu tant les pistes sont brouillées et tant Reznor se met à nu. Même si le propos reste indéniablement Indus, il tend également vers des choses plus posées, quasi Ambient par instants ; la violence est toujours présente, mais elle se veut plus diluée au travers d'une musique qui tend également à devenir plus organique. Les ordinateurs sont toujours présents, mais ils ne sont plus seuls, Reznor préférant faire appel à des guests. Pas forcément pour enrichir sa musique, mais pour lui apporter un surcroît d’âme.

Si Reznor hurle toujours sa rage, ce n’est plus l’élément moteur. Il va également chanter, voire susurrer, son chant un brin nasillard va prendre différentes tournures, quand il ne va pas tout simplement être absent, laissant des plages instrumentales mais pas forcément atmosphériques. Il n’a pas été seul pour produire ce disque, il a été aidé par Alan Moulder dans cette tâche et Bob Ezrin a été invité à émettre des avis quant à l’agencement de l’ensemble. Il en résulte une œuvre indéniablement sombre, à fleur de peau, mais qui mérite tout à fait son titre. En effet, jamais l’artiste n’avait paru aussi proche de la rupture, aussi à fleur de peau. L’artiste s’émancipe de lui-même, il va oser des choses, il ne va pas s’astreindre à des barrières stylistiques.

"The Fragile" est un album d’ouverture. D’esprit, tout d’abord, pour l’auditeur, parce qu’il ne va pas se retrouver en terrain connu et il va devoir l’accepter. Si certains adulent cet album, nombreux sont ceux à ne pas l’apprécier également. D’ailleurs, pour l’anecdote, à sa sortie, "The Fragile" s’est hissé à la tête des charts US, pour être éjecté du top 10 la semaine suivante, ce qui est un fait extrêmement rare. Là où "The Downward Spiral" nous malmenait physiquement et nous mettait souvent mal à l’aise, cet opus va plutôt nous miner à mesure que le désarroi de Reznor va se faire de plus en plus palpable, à mesure que les pistes s’égrainent. Ensuite, il ouvre de nombreux champs du possible à son géniteur, qui va explorer différentes voies, différents sons, de l’Electro soft à des choses plus Jazz et qui coloreront sa discographie à venir.

Aussi, nous naviguons dans des eaux troubles, dangereuses. La façade Heavy est toujours présente, dans des portions moindres. On appréciera les "Somewhat Damaged", "We’re In This Together" et bien entendu "Starfuckers, Inc" qui sous ses airs génériques se veut tout de même bien pragmatique et sournoise. Reznor va également réussir à créer de la densité au travers certains instrumentaux, comme "Pilgrimage", qui se répand comme une coulée de lave, épaisse, épique, pour terminer dans un foisonnement martial du meilleur effet. En parallèle, nous découvrons une majorité de morceaux plus soft, posés, mais qui peuvent également montrer les crocs par moments. Mais il est difficile de nier que dans ce registre plus intimiste, Trent parvient à se montrer très convaincant.

"Hurt" qui clôturait l’opus précédent, montrait déjà certaines capacités dans ce domaine. Mais ici, Reznor pousse cela à son paroxysme et on se laisse facilement envouter par "The Day The World Went Away", qui fait songer au GATHERING de la même époque dans l’approche musicale et qui vient rapidement recadrer le propos de "The Fragile". Le morceau-titre ne peut être plus évocateur tant Reznor semble près de la rupture ; cet album est l’œuvre d’un être fissuré qui cherche absolument à reprendre pied pour ne pas sombrer corps et âme. Là encore, les instrumentaux viennent meubler avec goût les différentes pièces de ce disque, ils ne sont pas du remplissage, ils contribuent au spleen que délivre l’ensemble, ils sont les chaînons qui permettent de créer une continuité entre les compositions.

Et à la différence notable de "The Downward Spiral", "The Fragile" se veut donc également plus organique. Les machines sont bien présentes, elles sont toujours maîtresses, mais de nombreux « vrais » instruments viennent se greffer à l’ensemble et viennent apporter une espèce de chaleur dans un tout qui aurait pu être froid, à l’extrême. Et ce souffle de vie rend le tout plus supportable, certes, mais vient surtout lui conférer une espèce de majesté inattendue, quand l’essai précédent se complaisait dans le nihilisme le plus crade possible. Et cela va bien sûr servir ce double album, en le rendant plus accessible, plus digeste et en mettant en avant sa profondeur émotionnelle.

"The Fragile" est donc un album très complexe, qui semble disparate alors qu’il est admirablement bien construit. Dans son hétérogénéité, il en découle une homogénéité presque paradoxale. Difficile d’accès par son sujet et sa forme, cet opus n’en demeure pas moins brillant. Reznor se met à nu, il s’expose et surtout, il s’en fout. Il nous présente sa détresse, son appétit pour l’autodestruction, comme un appel à l’aide déguisé, comme s’il annonçait qu’il fallait qu’il écrive une nouvelle page dans le livre de sa vie. "The Fragile" est un disque charnière ; plus rien ne sera comme avant après cela, NINE INCH NAILS perdra progressivement de sa subversivité, au grand dam des fans de la première heure. "The Fragile" est-elle la dernière grande œuvre du XXème siècle ?

Morceaux clés : "Somewhat Damaged", "The Day The World Went Away", "The Fragile", "The Great Below", "Into The Void", "Starfuckers, Inc", "Underneath It All".

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- Trent Reznor (tout ou presque)
- Danny Lohner (guitare, claviers, programmation)
- Adrian Belew (guitare)
- Mike Garson (piano)
- Charlie Clouser (programmation)
- Cherry Holly (trompette)
- Steve Duda (percussions)
- Willie (violoncelle)
- Bill Rieflin (batterie)
- Denise Milfort (chant)
- + De Nombreux Choristes


- left
1. Somewhat Damaged
2. The Day The World Went Away
3. The Frail
4. The Wretched
5. We're In This Together
6. The Fragile
7. Just Like You Imagined
8. Even Deeper
9. Pilgrimage
10. No, You Don't
11. La Mer
12. The Great Below

- right
1. The Way Out Is Through
2. Into The Void
3. Where Is Everybody ?
4. The Mark Has Been Made
5. Please
6. Starfuckers, Inc
7. Complication
8. I'm Looking Forward To Joining You, Finally
9. The Big Come Down
10. Underneath It All
11. Ripe (with Decay)



             



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