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2018 Amerikkkant
2021 Moral Hygiene
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- Style : Nine Inch Nails, Infection Code, Joy Division
- Membre : Zoetrope, Gwar
 

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MINISTRY - Moral Hygiene (2021)
Par DARK BEAGLE le 20 Octobre 2021          Consultée 1774 fois

Écouter un album de MINISTRY, c’est souvent un bon moyen de se replonger dans le contexte politique et social de l’époque. On sent que Al Jourgensen n’est pas Républicain, clairement pas. Pas entièrement Démocrate non plus, mais avec tout de même plus de sympathie pour la gauche. Certains albums sont de véritables pamphlets, des façons de dire merde à la famille Bush ("The Last Sucker") ou à Donald Trump ("Amerikkkant") avec un discours très politique, pas forcément toujours très argumenté (d’où cette notion de « dire merde » évoquée plus haut). Aussi vu tout ce qui s’est passé depuis 2018 dans le monde, on pouvait imaginer que l’ami Al allait virer psychopathe.

En fait, il n’en est rien. "Moral Hygiene" est un disque finalement assez logique pour du MINISTRY, qui reprend soigneusement les marques de fabrique que Jourgensen aura mis quelques années à concocter. Nous y retrouvons tout ce que nous aimons dans ce projet : de l’agressivité, des samples bien utilisés, une certaine forme de démagogie dans l’exécution qui s’oppose quelque part à la pédagogie brute du discours quand bien même on s’attendait à ce que Jourgensen se montre plus virulent. Parce qu’il aurait eu de quoi faire. Ne serait-ce que pour les USA, la politique menée par Trump devait lui défriser les poils du cul.

Entre les nombreux pas en arrière (en termes de social, d’écologie), une politique qui ressemblait à un vaste cirque où le chef d’Etat asseyait son pouvoir sur Twitter tandis que son pays se rapprochait dangereusement de la guerre civile… Brian Wood doit se dire que sa série "DMZ" tenait presque de la prophétie. Ajoutons à cela la tentative de prise du Capitole pour qu’on ait tous les atouts en main (plus quelques-uns planqués dans la manche) pour que Jourgensen pète définitivement un plomb et démontre par A+B que chaque Américain devrait déféquer dans un colis et l’expédier par Fedex à l’ancien président. Tel était le schéma qui semblait se dessiner plus ou moins dans l’imaginaire de quelques personnes (enfin, dans le mien).

Mais il n’en est rien. Jourgensen est étrangement stoïque face à tout cela. Son discours n’est pas si rageur, pas ordurier. Il constate les choses, sérieusement blasé, un peu comme s’il se contentait de hausser les épaules pour signifier un « je vous l’avais dit » un peu dédaigneux. Ce qui n’empêche pas ce "Moral Hygiene", au titre excellent et à la pochette intelligente d’être un album de MINISTRY plutôt réussi dans son ensemble, même s’il ne fait avancer en rien l’équation Jourgensen et qu’il sente un peu le fan service par moments. En effet, le disque se veut presque prévisible, gavé de références à différentes périodes du groupe. À dire vrai, je m’attendais presque à me bouffer une déferlante à la "N.W.O" sur "Alert Level", le premier morceau. Ce ne sera qu’un mid tempo entêtant, donc réussi, lourd et insistant, mais diablement efficace.

Les sujets de prédilection de Al sont tous là. Il n’a pas à trop chercher pour se renouveler, certaines choses semblent complètement immuables, elles ne changeront jamais, comme la corruption. Mais avec des petits nouveaux qui se glissent dans les actualités, comme une certaine pandémie mondiale, il trouve de nouvelles choses à raconter et qui surtout viennent étayer son discours habituel. Difficile en effet de ne pas songer à la situation sanitaire quand on écoute l’intransigeant "Disinformation" tant ce mot est devenu courant avec toutes les fake news et autres théories complotistes. Après tout, en buvant de la javel, on est protégé contre ce virus… Bref, il a du rire devant sa télévision, jaune bien souvent.

MINISTRY est une formation ouverte au featuring et encore une fois, nous retrouvons de nombreux invités. Outre Arabian Prince qui est un habitué pour le scratching, nous retrouvons également David Ellefson (ex-MEGADETH) sur deux morceaux, Billy Morrison (The CULT, CAMP FREDDY, CIRCUS DIABLO…), ainsi que – ô joie – Jello Biafra des DEAD KENNEDYS et de LARD sur "Sabotage Is Sex" qui lui va comme un gant. Jourgensen aime bien s’entourer et le fait de façon intelligente. Cela empêche les compositions de ne former qu’un tout trop compact, il crée des respirations, il apporte ce qu’il faut de variété pour brouiller les pistes et permettre à cet album d’avoir une bonne durée de vie.

Parce que sans être décevant, ni même sembler bâclé, "Moral Hygiene" souffre de son absence d’originalité, voire de sa colère entièrement maîtrisée. MINISTRY est le genre de groupe qui souvent fonce tête baissé dans des idées que certains qualifieraient d’un WTF désarçonné, mais qui viennent souvent donner tout le piquant, le sel dont les albums ont besoin et ici, pour celui qui connaît bien l’historique du groupe, il va être difficile d’être surpris vu que tout semble couler de source, être parfaitement à sa place, mais trop à sa place. Jourgensen n’a pourtant pas briqué les chromes, il n’a pas suivi une logique qui voudrait qu’il hurle sa frustration et sa colère face à une nation (à ce niveau, l’état du monde est secondaire) qui a entièrement perdu ses valeurs, lui qui n’avait de cesse de le faire précédemment.

Ce qui ne l’empêche pas de proposer une reprise, à la surprise générale (il n’y en avait plus eu depuis "Relapse"). Cette fois-ci, son choix s’est porté sur du lourd puisqu’il s’attarde sur le "Search And Destroy" des STOOGES, l’opener complètement fou de l’album "Raw Power" de 1973 (qui est au Punk ce que "Seven Churches" est au Death). Là, ok, il ne fait pas dans la facilité le père Jourgensen parce qu’il faut non seulement passer après Iggy Pop, ce qui n’est pas si facile que ça mine de rien, mais également après James Williamson, un guitariste bien plus nuancé qu’on ne le croit. Le pari est presque réussi, l’instrumental se tient bien, l’aspect Indus se marie fort bien avec les clivages plus Rock de l’original, mais ça manque toutefois de charisme vocal pour être entièrement prenant. Dommage, il y avait de l’idée.

Finalement, la force de ce "Moral Hygiene" est de nous prendre en définitive à contrepied. En se montrant classique dans sa construction et son interprétation, il nous surprend justement, quand on s’attendait à quelque chose de virulent pour marquer un désaccord total, une rupture entière avec les faits d’une partie de la population. Il ne demeure pas moins un album très politique, froid et désabusé, fait par un mec qui paraît terriblement blasé, comme si plus rien n’était amené à l’étonner (et pourtant Al, et pourtant !). Ce qui ne nous empêche pas, à notre tour, de nous montrer blasés face à un disque dont on attendait certainement plus et qui, s’il ne propose pas moins, peine à totalement s’imposer comme un grand MINISTRY.

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   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Al Jourgensen (chant, guitare, basse, samples, claviers, harmonica)
- Cesar Soto (basse)
- Paul D'amour (basse)
- Roy Mayorga (batterie)
- Michael Rozon (programmation, boites à rythmiquee)
- Liz Walton (samples, chant)
- Arabian Prince (scratching)
- Jello Biafra (chant)
- Billy Morrison (guitare)
- Dave Ellfson (basse)


1. Alert Level
2. Good Trouble
3. Sabotage Is Sex
4. Disinformation
5. Search And Destroy
6. Believe Me
7. Broken System
8. We Shall Resist
9. Death Toll
10. Tv Song #6 (right Around The Corner Mix)



             



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