Pour vous dire toute la vérité, nue, sans fard ni artifices, je n’aimais pas LYNYRD SKYNYRD quand j’étais petit. Pour moi, ça ressemblait à du Johnny HALLYDAY, artiste que j’avais en grande partie en horreur. Chanté en anglais, cela va de soi. C’est durant mon adolescence que j’ai commencé à apprécier ce groupe et avant que METALLICA ne reprenne "Tuesday’s Gone", entre deux déflagrations de Black Metal bien insalubre, privilège que le groupe se partageait avec Rory Gallagher, Jeff BECK et DEPECHE MODE. Le point commun de ces artistes ? La capacité de proposer des choses bien différentes sur album.

Dans le cas de SKYNYRD, c’est assez flagrant dès ce premier opus. Le Rock Sudiste est souvent un peu fourre-tout, mêlant aussi bien Blues, Country, Americana en général à des rythmes plus Rock, voire carrément Hard. Si le CREEDENCE sonnait de façon plus grasse, aux senteurs du Mississippi (un comble pour un groupe originaire de la baie de San Francisco !), SKYNYRD traîne plus dans la poussière, originaire de Jacksonville et sans apparaître pour autant purement redneck, sa musique se différencie grandement de formations venant de New York, Boston, voire du Canada. C’est plus traînant, souvent plus varié avec des influences moins européennes.

Ici, le groupe mené par Ronnie Van Zant impose trois titres au Panthéon du Rock, ni plus ni moins. Bien sûr, il y a la jolie ballade "Tuesday’s Gone", mais il est également difficile de faire l’impasse sur "Simple Man", qui ne manque pas d’émotion. Et comment ne pas saluer la prestation énorme livrée sur "Free Bird", véritable morceau d’anthologie, avec un solo monstrueux, qui vient parachever cette œuvre remarquable ? C’est simple, c’est impossible. Et le reste, bien que moins magistral, mérite amplement le détour également. "I Ain’t The One" va dévoiler le visage le plus Rock des musiciens, "Mississippi Kid" semble presque sorti du film "Deliverance" tant il se veut caricatural du Sud des USA.

Mais les musiciens savaient parfaitement jouer avec les clichés, comme pour se moquer gentiment de leurs contemporains et tourner en bourrique ceux du Nord. Et si les mecs de LYNYRD SKYNYRD sont plus nombreux que ceux de SLIPKNOT, ils font bien moins de bruit. Ici, on fait dans le feutré, sans artifices ni exagérations. La formation compte sur le feeling et l’émotion qu’elle procure pour arriver à ses fins et elle le fait très bien. La recette est au final très simple et elle ne s’épuise pas. Il est toujours très agréable d’écouter cet album cinquante ans après sa sortie. Dire qu’il n’a pas pris une ride serait mentir, mais il a un charme suranné indéniable.

Pour ma part, il s’agit là ni plus ni moins d’un des premiers albums parmi les plus pertinents.