Cet album est d'une classe phénoménale. Léché, homérique, gigantesque, de la production aux constructions des compos, "To The Nameless Dead" est une des sorties guerrières les plus matures et planantes des dernières années. PRIMORDIAL livre ici un monument, fier et droit, à au style historique tape-à-l'œil mais jamais kitsch.

Le premier indice du souffle épique est filtré par le timbre viril et triste de Nemtheanga, merveilleux chanteur devant l'éternel, qui livre déjà sur les premiers titres l'empreinte dramatique qui sévit sur l'opus. Une œuvre riche, dense, de par ces murs de grattes pas trop pressées, rondes et mélodiques comme un charme.

"To The Nameless Dead" suit des ravages, il ne les produit pas. C'est un œil déçu surplombant les vestiges, les ruines d'une civilisation jadis grandiose. On peut évidemment penser à Rome et sa folie, ses pains et ses jeux transformés en cendres et en honte. On peut penser, à travers cette prenante prose, à tous les brillants peuples ayant foulé la Terre, qui avaient tout pour réussir mais qui se sont fait un malin plaisir de tout foutre en l'air. La musique de PRIMORDIAL témoigne ici de cette descente aux enfers en pleurant ces millions de morts ("Gallows Hymn", "Failures Burden"), parfois avec colère ("As Rome Burns", "Traitors Gate", qui détalent durant de longues minutes d'une éminente intensité). Sans oublier l'ouverture lumineuse qu'est "No Nation On This Earth", taillée dans le roc et porteuse d'un espoir naïf.

Le côté folk du groupe est enfin très ronflant, surtout par l'emploi de ces percussions tribales et de cette guitare acoustique, qui, sur un titre comme "Heathen Tribes", redéfinit l'alliance entre la beauté et la rage. Mais retenons avant toute chose la grandeur de l'édifice, érigé grâce à une maîtrise parfaite du stylo, des manettes et des instruments. Un tout formant une sortie classieuse à la hauteur de la réputation et de l'expérience du groupe.