- Níos Gaelaí ná na Gaeil iad féin* !
- Pardon ?
- Rien, lis.

Dans la quête à l'excellence menée par PRIMORDIAL depuis 1995, "A Journey's End" représente la maturation vocale. Naihmass Nemtheanga se révèle grand et pose les jalons d'exercices futurs bénéficiant de toujours plus d'amplitude et d'allure. De toujours plus de variété et de panache. Un nouveau frontman au charisme fort et à l'identité très prononcée a surgit du néant. Un nouvel aristocrate du micro chant est né et dirigera tout un orchestre dans de prochaines batailles drapées d'un souffle héroïque. Enfin, gardons les pieds sur terre, "A Journey's End" n'est pas "To The Nameless Dead" ni "The Gathering Wilderness". Il n'est pas non plus mon petit chouchou, le vindicatif "Storm Before Calm". Il est juste bien, très bien.

Solidement campé sur ses deux jambes, l'album ne souffre d'aucun handicap insurmontable. Admirable squelette des futures œuvres majeures de ce qui n'est encore à ce jour qu'un quartette, l'album récite les leçons qu'il a lui-même écrites et qu'il déclamera avec de plus en plus de verve et de passion les années suivantes. Et la plus représentative d'un artiste à la personnalité affirmée dès ses premiers pas ne tarde pas à se laisser apprendre. "Autumn's Ablaze", un troisième titre qui porte des accents tragiques. Faux viking dans ses déclamations, imprégné d'un passé douloureux, PRIMORDIAL conserve en son sein l'âme la plus profonde d'un pays longtemps martyrisé par l'histoire. Après un démarrage prog-épique qui marquera avec la même force les ouvrages suivants, après les figures imposées du folkoustique, c'est totalement parti pour des années et des années de gloire artistique.

C'est également ici que quelques défauts qui émailleront souvent les galettes du barde commencent à prendre corps. Cet excès de théâtre vécu sur "Solitary Mourner", prosodie Shakespearienne donnant l'impression d'un début de prétention. Ce goût du monotone et de la répétition presque à l'infini de riffs que PRIMORDIAL aimer voir vivre trop longtemps. On serait vulgaire, on dirait que, mis à part ces intermèdes qui sont bien plus que ça, tout se ressemble un peu. Et le voyage se termine avec la mémoire aussi chargée qu'un peu floue sur le contenu de la galette. Mais je le répète, pas ici de handicap insurmontable, de simple faiblesses aussi humaines que naturelles quand on pense à la relative jeunesse des musiciens.

Première bâtisse solide, l'édifice résiste aux intempéries et au temps qui passe. Quand PRIMORDIAL construit, l'édifice n'a jamais aucune raison de s'effondrer. L'architecture de 1998 marquera déjà des esprits bientôt bouleversés par l'érection des monuments futurs. Elle séduit l'oreille, peu habituée à autant de classe. L'oreille en redemande, elle sera servie…et en abondance.

Et on comprend à l'écoute de la discographie remarquable de PRIMORDIAL le pourquoi de certains proverbes. Et si "A Journey's End" n'est que le début de la belle aventure, il suffit déjà à nous laisser charmer par une culture unique et nous donnerait presque envie de nous faire *plus irlandais que les Irlandais eux-mêmes.