Recherche avancée       Liste groupes



      
BLACK ATMOSPHÉRIQUE  |  STUDIO

Commentaires (4)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Enslaved, Ereb Altor, Darkest Era
- Membre : Dread Sovereign

PRIMORDIAL - How It Ends (2023)
Par WËN le 28 Mai 2024          Consultée 1374 fois

L'énergie. C'est bien là - et plus que jamais -, l'une des ressources sine qua non en tant que musicien pour garder le cap, pour conserver, intacte, cette abnégation des premiers jours, confrontés que nous sommes à cette sordide décennie des '20', bien âpre pour toutes ambitions artistiques et qui n'a décidément et mondialement rien pour plaire. Une affaire qui se tourne vite en double-défi pour nombre de formations qui ont su nous passionner sur la fin des 90's/début des 2000 puisque - n'abordant pas toutes la trentaine florissante - ces dernières ont en plus la nécessité de réussir à se renouveler sans lasser là où, les années faisant leur œuvre (c'est notre fardeau à tous), l'inspiration peut ne plus être aussi prolixe qu'en leur fringante jeunesse. Tout cela n'est pas une mince affaire et PRIMORDIAL ne saurait se dérober plus facilement que d'autres aux affres du temps.

Comme tant d'autres groupes de sa génération le fer de lance de la scène irlandaise, du haut de ces quasi-trois décades, est un groupe qui vieillit et s'il savait déjà émettre un certain regard critique et désabusé vis-à-vis de cette passion de toute une vie sur son "Exile Amongst The Ruins" (2018) via l'éloquent "Stolen Years", il parvenait encore à masquer ses rides naissantes grâce à un parti-pris Doom très appuyé (nous avons encore en tête les échos finaux de "Last Call", rabâchés sans concession) qui seyait encore bien à son habituel teint blafard. Nous pouvions néanmoins constater depuis une paire d'albums déjà, que sa très caractéristique patine cédait néanmoins du terrain face à une certaine oxydation de plus en plus marquée par ces décennies d'ondées irlandaises subies. Et, sans dire qu'il marquait le pas, PRIMORDIAL se montrait en tout cas moins altier et conquérant qu'en son milieu de carrière.

Et 'damned !', les premières écoutes de ce dixième longue-durée passées, il se pourrait bien que ce "How It Ends" n'arrange en rien la donne et en vienne à marquer la première véritable craquelure à une discographie pourtant méritante. Dur dur en effet de sortir convaincu de cette tiédasse tragédie en dix-actes qui vient de se dérouler ici, et encore plus difficile sera-t-il de ne pas émettre la moindre once d'ironie quant au patronyme de la chose. La faute à qui, la faute à quoi ?

Peut-être, déjà, le départ de Micheál O'Floinn (2002-2023), arrivé pour "The Gathering Wilderness" (2005) et en partie bâtisseur de cette nouvelle direction adoptée par le groupe à l'époque (moins Black / plus atmo), est-il à ne pas passer sous silence ? Ses quelques contributions par album paraissaient en tout cas apporter un réel gain au moment de tenir la distance sur plus d'une heure de musique. Certes, le son PRIMORDIAL reste avant tout souvent conté à travers les exploits d'Alan 'Nemtheanga' Averill (chant) et de Simon O'Laoghaire (batterie), mais sa paire de guitaristes - ainsi amputée de moitié - savait aussi forger ces riffs âpres et lourds de sens, dont cet album-ci se révèlera plutôt avare. Peut-être, aussi, l'implication du père Averill, ayant enchainé projets et collaborations du long des cinq années nous séparant de "Exile Amongst The Ruins" via les disques de DREAD SOVEREIGN (son Doom power-trio), de VERMINOUS SERPENT (Black/Death), d'APRILMEN (son duo familial d'Horror-Pop) et sa participation à cette commission du Roadburn qu'est le projet THE NEST (*), en plus de ses activités annexes (son podcast Agitators Anonymous), est-elle aussi à remettre en perspective ?

En tout cas, voici déjà pour le contexte. Et l'ouverture de "How It Ends" semble de prime abord tenir les promesses d'un PRIMORDIAL plutôt classique : suppliques et lamentations sur fond de Doom/Black-atmo de rigueur (la courte instru traditionnelle "Traidisiúnta", "Ploughs To Rust, Swords To Dust" qui sait se montrer entêtante), alliées à cette rage sourde et ourdie depuis le fond des âges et tout juste aérées de ses leads de guitares languissantes typiques qu'on lui connait. À ce titre l'éponyme d'ouverture est même un sacré pavé tant il semble imperturbable à la course du temps, à se tenir là, inébranlable et fier face à ses plus anciens serments, de sa morne intro toute en retenue, jusqu'à son solo final débridé, en passant par ses couplets cavaliers scandés comme à la grande époque. Une détermination qu'il partage avec "Pilgrimage To The World's End", insultante de grâce et suffisante de dédain face à la concurrence qu'elle surplombe de son charme maussade, tant par son chant habité que par son riffing appuyé lui aussi garni de belles mélodies de guitare. Clairement, LE PRIMORDIAL que nous aimons, et duquel nous sommes en droit d'attendre tellement plus. Car c'est un fait, cette première moitié de disque fonctionne plutôt bien, n'ayons pas peur de le constater, le soufflet ne retombant que le temps d'un "We Shall Not Serve" aux airs de déjà entendu, ce morceau 'de trop' typique des irlandais ayant tendance à mouliner dans le vide.

Malheureusement, très vite, trop vite, tout va venir se casser la tronche de manière presque ahurissante, tant la moitié suivante se révèle d'une banalité confondante, dès ce "Nothing New Under The Sun" (ce n'est pas moi qui le dit) qui pourtant partait bien, mais s'éternise à n'en plus finir. Et PRIMORDIAL d'enchainer alors les plans planplans, sombrant dans un gouffre de vacuité. Oui, nous pourrons noter quelques idées ici et là ("Call To Cernunnos" qui sait réinsuffler un peu de paganisme là-dedans mais sans jamais transcender quoi ni qui-que-ce-soit passé son riff principal, ou "Death Holy Death" réhaussé de belles lignes vocales et de guitares à l'emphase certaine), mais dans l'ensemble cette suite de quatre morceaux va être fatidique au bon déroulé de l'album, et surtout à l'impression générale qui ne manquera d'en découler à son issue … c’est-à-dire l'impression trop persistante d'un groupe totalement en roue libre et un peu perdu dans son propre répertoire, semblant errer sans but réel ni clairement défini. Où est cette étincelle guerrière ? Même "Ploughs To Rust, Swords To Dust" que nous évoquions en amont, s'avachit lentement sur sa propre partition… faute de panache. La palme de l'ennui étant décernée, sans aucune pincette, à cet "All Against All" vraiment nul à en crever et qui, en 9 minutes, ne proposera pas une seule idée convaincante. Et c'est malheureusement bien trop tard pour que la plus ambitieuse "Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is An Orphan" ne puisse y changer quoi que ce soit, malgré de favorables auspices dignes de la période "Redemption At The Puritan's Hand" (2011). Et ça, c'est bien dommage.

Pas sûr que ce cru entre deux âges nécessite d'épiloguer sur trois paragraphes. Si cet album ne s'avère jamais indécrottablement perdu pour la cause, sa timide poignée de titres solides ("Pilgrimage To The World's End", "How It Ends" et "Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is An Orphan") ne lui permettra malheureusement jamais de contrebalancer le drame qui s'y joue ici. Les plus téméraires sauront sans doute tout juste en apprécier la rance moelle, mais pour une formation de cette stature, aguerrie, "tout juste apprécier" ce n'est pas suffisant, loin s'en faut. Car une fois comparé à ces prédécesseurs et replacé dans les 20 dernières années discographiques du combo, force est de constater qu'il est certainement le plus anecdotique de tous.

:::
(*) L'album "Her True Nature" (2022) affiche un beau pedigree avec des membres de WOLVENNEST, THE RUINS OF BEVERAST, DOOL, CULT OF ERINYES, SATURNALIA TEMPLE + Déhà et toutes ses affinités !

A lire aussi en BLACK ATMOSPHÉRIQUE par WËN :


The GREAT OLD ONES
Eod : A Tale Of Dark Legacy (2017)
À vous flanquer les shoggoths




The GREAT OLD ONES
Cosmicism (2019)
Lorsque les étoiles sont alignées


Marquez et partagez




 
   WËN

 
  N/A



- A. A. Nemtheanga (chant)
- Ciáran Macuilliam (guitare)
- Pól Macamlaigh (basse)
- Simon O'laoghaire (batterie)


1. How It Ends
2. Ploughs To Rust, Swords To Dust
3. We Shall Not Serve
4. Traidisiúnta (the Bothy Band Cover)
5. Pilgrimage To The World's End
6. Nothing New Under The Sun
7. Call To Cernunnos
8. All Against All
9. Death Holy Death
10. Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is An Orphan



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod