Je ressens comme une perturbation dans la force… Le côté obscur du Metal – Le Neo – serait-il en train d’ourdir un improbable come-back, tapi dans l’ombre ? On retrouve en effet des traces de ce courant honni du début du siècle dans quelques sorties récentes de Metalcore (BLOODYWOOD, FIRE FROM THE GODS, I PREVAIL pour ne citer qu’eux), la vigilance est donc plus que jamais de mise.

L’occasion est trop belle pour ne pas revenir aux origines du mal et me fader la discographie de l’un des plus célèbres étendards en la matière, j’ai nommé les Californiens de LINKIN PARK. Le problème, quand on s’attaque à l’intégralité de leur œuvre de manière chronologique, c’est que l’on commence par le caviar pour finir avec un Ketchup Cake (ça existe, si, si, vous pouvez vérifier sur internet).

Après les deux déflagrations successives qu’étaient "Hybrid Theory" et "Meteora", le groupe se devait de faire évoluer sa recette, le second présentant déjà des airs de redite par rapport au premier, malgré sa grande qualité. Alors voilà, "Minutes To Midnight" est le testament d’une ère quasiment révolue et le symbole d’une mutation en cours, qui ne comblera guère les fans de la première heure, déjà moqués pour leurs accointances avec un genre qui ne fait pas l’unanimité parmi la - si ouverte d'esprit - communauté métalleuse.

Ce qui marque d’emblée, c’est la disparition de la complémentarité entre le flow de Mike Shinoda et le chant de Chester Bennington. Là où les deux se mariaient avec réussite, ils ont tendance à se répartir les chansons, ce qui fait disparaître la fusion explosive qui constituait l’identité marquée de LINKIN PARK. L’autre problème, et non des moindres, concerne la tracklist, bien trop doucereuse et mollassonne, notamment sur la seconde partie de l’opus. "Valentine’s Day" est une purge (on aurait pu s’en douter au nom de la composition), et globalement, tout ce qui suit est faiblard et peu inspiré, enchaînement de pseudo-balades objectivement foirées et peu émouvantes, un comble. On s'emmerde franchement, pour être tout à fait honnête.

Dommage, car pour le reste, tout n’est pas à jeter, loin de là. "Given Up", "Bleed It Out", "What I’ve Done" tabassent à l’ancienne, tandis que "Leave Out All The Rest" ou surtout "Shadow Of The Day", qui nous évoque un U2 touchant et inspiré font bien le boulot dans un esprit de renouvellement plus posé. J’avoue également avoir un faible pour "No More Sorrow", martiale et tendue comme une arbalète, portée par un Chester qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il nous expose ses fêlures et ses névroses en pleine face.

Malgré des tentatives de retour aux sources avec "The Hunting Party", LINKIN PARK dépose progressivement les armes et ce troisième LP, si l’on exclut les infâmes remix proposés sur "Reanimation", est le symbole de ce changement. Malheureusement pour nous, et surtout pour moi qui vais devoir me fader la suite en boucle, le pire reste à venir.

Cinq, quatre, trois…