À la lecture de la chronique principale de Fenryl, je ne peux m’empêcher de constater que le destin tient parfois à bien peu de choses. Comme lui, j’ai été à l’époque contraint financièrement à faire un choix entre les deux volets de "Use Your Illusion". Mais contrairement à mon illustre collègue, j’ai opté pour le premier et ce malgré la présence de "You Could Be Mine" sur le second, titre qui m’avait séduit par son clip tournant en boucle sur MTV à l’époque de "Terminator 2". Schwarzy y faisait une apparition clin d’œil remarquée. Pourquoi ce choix ? Je ne m’en souviens plus, tout cela ne nous rajeunissant pas, ma bonne dame.

Et, à l’instar de Fenryl, c’est peut-être cette décision initiale qui guide mes petits doigts boudinés sur le clavier. On ne saura jamais. Ayant donc commencé par celui-ci, mais malgré les années passées, je continue à avoir une préférence marquée pour "UYI I", aka "le jaune". Je réserverai pour une autre fois mon avis sur son successeur (aka "le bleu") et me contenterai de décrire ici cette pièce pour ce qu’elle est : un superbe album de Hard Rock, couvrant de façon exhaustive les différentes influences d’Axl et sa bande, ainsi que les sous-genres qui le composent.

Malgré de départ d’Adler, remplacé par Matt Sorum (The CULT), l’ensemble se tient toujours remarquablement bien, alternant les morceaux de bravoure ("November Rain", "Coma", "Live And Let Die" malgré la lassitude) avec les titres plus directs ("Don’t Damn Me", "Right Next Door To Hell", "Garden Of Eden", "Double Talkin’ Jive"), ou les chansons plus groovy ("Dust’n Bones", "Bad Obsession"), permettant de ce fait de tenir la distance, malgré le repas gargantuesque qui nous est servi.

Car en effet, 75 minutes, ça peut paraître indigeste à première vue, mais il y a tellement de variété dans les compositions que cela passe sans problème. Si à l’évidence le groupe ne parvient pas à réitérer l’exploit d’"Appetite For Destruction", à avoir ne poser sur la galette QUE des tueries, l’opus n’en reste pas moins de haute volée et s’écoute d’une traite sans déplaisir. Certaines pistes s’avèrent certes probablement anecdotiques ("Bad Apples", "Dead Horse", "You Ain’t The First" pour ne pas les citer) mais n’en restent pas moins parfaitement audibles.

Chaque musicien trouve une place pour briller tout au long du disque, même si le jeu de batterie reste un brin académique à mon goût. Que ce soit Axl qui délivre une performance de haute volée, les soli inoubliables de Slash, la complémentarité de sa guitare avec celle d’Izzy ou la basse bien agressive de Duff, il y en a pour tout le monde. Bien sûr, tout cela est probablement surproduit et ne possède plus l’urgence fracassante de leurs débuts. Je comprends aisément que l’on n’adhère pas à la direction prise, mais devant tant de qualité, je signe pour ma part des deux mains.