Voir DARK TRANQUILLITY sur une affiche en première partie d’ELUVEITIE et d’AMORPHIS est le déclencheur de cette chronique. Je n’ai rien contre le « Biniou Metal » pour citer un grand sage, mais bon, ça fait quand même mal au cœur de voir des légendes ouvrir pour… Enfin bref, il en faut pour tous les goûts, parait-il. Et quitte à choisir un album des Suédois, autant en prendre un plus méconnu, n’ayant, pour le coup, pas reçu l’absolution totale par Saint Fenryl sur NIME. Car "Fiction" est à mon sens la meilleure production du groupe sur une période de quinze ans, je dirais entre "Damage Done" (2000) et "Atoma" (2016).

On peut sans doute regretter à juste titre la froideur du son, voire un clavier un poil trop présent (comme sur "Terminus"), mais ce sont à mon sens les seules réserves à apporter à ce huitième opus, tant le reste relève de la réussite indéniable. Chaque titre est marqué du sceau de la classe Melodeath A.O.C. Göteborg, trouvant un parfait équilibre entre agression et mélancolie. Les compositions sont de qualité, et les progressions des morceaux toujours aussi originales.

Le groupe continue d’explorer et d’essayer de se réinventer, après toutes ces années, ce qui est remarquable, sans pour autant tourner le dos à son glorieux passé. Plus Pop que jamais sur "The Mudane And The Magic", plus glacial et désespéré sur "Inside The Particle Storm", plus tubesque sur "Terminus" qui clôture encore les concerts en 2022, DARK TRANQUILLITY pousse le curseur d’un cran tout au long de ce "Fiction". La tournée qui suivra sa sortie donnera lieu à l’enregistrement du très réussi Live "Where Death Is Most Alive" à Milan, montrant un groupe au sommet de son art… depuis 20 ans à l’époque.

"Icipher", "Focus Shift", autant de titres labellisés DT qui démontrent si besoin que les patrons ce sont eux, portés par le toujours majestueux Mikael Stanne et son registre Death/Black. D’ailleurs, pour ceux qui seraient toujours réfractaires aux vocaux extrêmes, je ne peux que conseiller l’écoute de "Misery’s Crown". LE titre qui m’a convaincu il y a une dizaine d’années qu’il y avait bien un intérêt à explorer ces genres et à passer outre cette première impression. À noter enfin que le chant clair est très minoritaire et particulièrement bien dosé sur "Fiction".

Après toutes ces années et malgré les incessants changements de line-up (Chris Amott assure les grattes en 2022), DARK TRANQUILLITY reste toujours aussi bon sur scène. Compte-tenu de l'actualité chargée de son leader (GRAND CADAVER, The HALO EFFECT), je ne peux que conseiller de ne pas rater leur prochain passage, malgré cette affiche ubuesque (oui, j'aime bien ce mot, ubuesque).