Les gamins qui avaient formé AEROSMITH publiaient leur premier album en 1973. Ils ne venaient pas des quartiers chics de Boston, leur éducation ne fut certainement pas la meilleure ni celle qu’ils auraient pu espérer. Leur surnom, les « Bad Boys de Boston », leur colle assez bien à la peau. Sortir leur premier effort sur une major, ils ne le doivent pas à des envois de demo tape, c’est leur présence scénique qui aura su convaincre les responsables de Columbia de signer la jeune formation. Après, la pochette est assez spéciale, une espèce de croisement entre ce qu’aurait pu faire PINK FLOYD et JEFFERSON AIRPLANE, ce qui ne correspond pas exactement à la musique proposée.

Ensuite, on rapproche souvent les premiers AEROSMITH des ROLLING STONES. La bouche de Steven Tyler devait jouer, mais l’influence existe bien. Mais il conviendrait de l’élargir au Blues anglais ainsi qu’à la musique plus typiquement américaine, comme la Soul et le Rock’N’Roll des origines, le tout joué avec passion. Comprenez par là que les Dupont Volants ne font pas dans la dentelle et qu’ils s’amusent avec l’électricité même si le point faible de cet album réside finalement dans un certain côté… timoré. Il leur manque encore la vision d’un producteur qui saura capter toute l’essence et la personnalité des cinq jeunes gens pour en tirer tout le jus qui allait former les premiers classiques du groupe.

Pourtant, on retient facilement deux morceaux de ce premier essai : "Mama Kin", même si la reprise qu’en a fait les GUNS en 1986 avait dû la remettre au goût du jour bien que ce soit un morceau fréquemment joué en concert et surtout "Dream On", ballade formidable et hors du temps, terriblement désuète et pourtant incroyablement moderne (oui, je ne manque jamais de phrases de ce type quand je parle de cette chanson). Si le succès ne fut pas immédiat (on parle d’une reconnaissance régionale, ce qui à l’échelle des États-Unis ne représente au final pas grand-chose), ce titre allait devenir un des morceaux-phares du groupe, qui ne fera, à mon sens, jamais aussi bien dans le domaine, même si les morceaux de ce style possédaient un charme inouï dans les ’70.

Après, peu de choses sont à jeter sur ce disque. J’avoue ne pas être vraiment fan de "Write Me" et de "Movin’ Out" qui peinent à réellement exister entre "Mama Kin" et l’excellente reprise de "Walkin’ The Dog" de Rufus THOMAS, mais des morceaux comme "Make It", "Somebody" ou encore "One Way Street" filent la patate, morceaux souvent enjoués et carburant au Rock’N’Roll pur jus. Il est juste dommage que le groupe ne dispose pas d’un son à la hauteur de ses ambitions et que Steven Tyler semble se retenir, qu’il n’ose pas lâcher les chevaux à l’exception de sa prestation sur "Dream On". Mais là encore, ce n’est qu’une question de temps. La machine se met en place, mais les réglages ne sont pas encore les bons, AEROSMITH, bien que séduisant, est encore un peu banal et ne se démarque pas encore de la concurrence.

Du talent, mais pas d’esbroufe.

Note réelle : 3,5/5.