"Blackwater Park" n'est pas un album parfait, il contient des morceaux même plutôt faibles ou chiants à la longue, étirés, répétitifs...

Sauf que...

Un album imparfait côté line up peut-il être sauvé des eaux stagnantes par autre chose ? Un concept plus abstrait qu'une pièce, quelque chose qui englobe l'ensemble dans un cocon plus doré encore ? Oui, et c'est arrivé plusieurs fois dans l'histoire du Metal. Pensez aux albums les plus marquants de votre vie. Pourquoi vous ont-ils marqué à ce point ? Eh oui, les atmosphères qui s'en dégagent.

"Blackwater Park" est la définition même de l'austérité. Ce que plusieurs qualifient de "glauque", qui est plutôt une couleur. Froid, gris, aqueux, organique, nerveux et paisible à la fois, bouillonnant d'idées superbes, « glauque » comme ce vert foncé tirant sur la grisaille d'une journée ennuagée où la dépression et la colère nous guettent. C'est ça, "Blackwater Park".

Ce parc des eaux noires qui absorbe notre soleil, notre bonheur, pour en faire un truc plus enivrant encore. OPETH, malgré des petites lacunes de composition, répétons-le, instaure un climat tranquille et dérangeant, un climat de swomp, de marais, où la nature est lente et secrète. C'est là, à l'ombre des quenouilles, que le mal gronde.

C'est à ça que je songe quand le titre de cet album apparaît dans mon esprit. Cette saleté d'ambiance, ces atmosphères prégnantes qui ne vous lâchent plus. Un opus dont la pièce-titre est et restera à jamais une des meilleures fermetures d'album qui soit, un opus où la mélancolie est temporairement maîtresse de notre univers.

Eh bien moi, j'y suis encore prisonnier. Et ne venez surtout pas me sauver !