Spartacus a marqué pas mal de monde à sa sortie, sur NIME notamment, comme on a vu dans les écrits de la Morue poilue. J’ai aussi été conquis par ce Death novateur aux ambiances antiques, gros péplum boosté aux stéroïdes évoquant les images que nous avons tous en tête lorsque nous songeons à la Grèce ou à la Rome oubliées.

Ça se poursuit sur "Carthago Delenda Est", qui s'annonce encore plus pachydermique avec cet éléphant de guerre sur la pochette. On savait bien que les Italiens n'allaient pas réduire le tempo et baisser leur garde après "Spartacus", car ils ont énormément de choses à hurler et bien de l'énergie derrière le bouclier. C'est donc avec le cœur plein de promesses que nous lançons le disque sur la platine.

La pièce-titre nous replace en contexte en deux temps trois mouvements. ADE nous ouvre les portes de Carthage, où le brillant général Hannibal aura finalement tombé aux genoux du redoutable stratège romain Scipion lors de la bataille de Zama. Un pan de l'histoire peu connu, qui fait frétiller notre imagination. Préparez-vous à une atmosphère guerrière, comme sur "Spartacus", avec tous les gimmicks et le ploumploum des légendes.

Et qui dit légendes dit ambiances folk typiques nous propulsant dans une puissante machine à voyager dans le temps. J'avais reproché aux Italiens d'avoir été chiches en clinquant sur "Spartacus", eh bien ils ont entendu mes doléances; "Carthago Delenda Est" est plus immersif, lourd, kitsch et varié. Ça me frappe toujours autant ce mélange de Brutal Death et de jolies envolées folk/orientales/antiques (appelez-les comme vous voulez), mais à force, on s'y fait. ADE a d'ailleurs réussi à mieux équilibrer son style en injectant plus de respirations ici et là, désengorgeant son entonnoir et rendant sa bouillabaisse plus mangeable pour le commun des mortels.

Bon, ça reste du Death qui cogne solidement, qui blastbeat à qui mieux-mieux, alors ne vous attendez pas à un deuxième EX DEO. Cependant, c'est plus respirable que chez NILE, cet espèce de BEHEMOTH italien gavé aux fresques épiques, fruits de ses recherches. Et je vous le redis, ADE a bûché davantage pour colorer ses attaques et stimuler notre envie d'être dépaysé et mené en bateau, comme sur "Mare Nostrum".

La production est encore une fois au top, les Italiens ne vont pas à la bataille avec un uniforme de seconde qualité. Leur équipement scintille et est impénétrable, son heaume effraie et son fléau fend l'air aussi vite qu'un glaive. Oh oui, vous avez droit au guerrier antique modèle, un Dieu de la mort à l'image d'Hannibal, dont les bras sont des catapultes et les jambes, des béliers. Écoutez "Carthago Delenda Est", "Across The Wolf's Blood" et "With Tooth And Nail" coup sur coup et vous serez groggy, je vous le garantis ! J'adore aussi quand le groupe se la joue plus mélodique comme sur "Annibalem" ou "Scipio Indomitus Victor", ça rehausse l'indice héroïque du butin.

Pas de souci à se faire de ce côté de toute manière, ADE a pensé à tout, avec ces chœurs féminins jouant dans les aigus pour injecter du dramatique à outrance, les orchestrations du maître des manettes, Riccardo Studer, et ce chant de Flavio, qui incarne la rage et la détermination.

Si "Spartacus" a jeté un énorme pavé dans la mare du Metal Extrême épique, "Carthago Delenda Est" fracasse le mur du son. Un disque qui ne se laisse quand même pas digérer facilement et qui construit un pont entre deux sorties de grande classe.

La même note que "Spartacus", mais avec une légère préférence, car plus extravagant. Le prochain skeud d'ADE devrait poutrer comme jamais !

Podium : (or) "Scipio Indomitus Victor", (argent) "Across The Wolf's Blood" et "With Tooth And Nail", (bronze) "Annibalem".