La chute est rude les amis, je ne vais pas vous le cacher... Du genre de celle qui te laisses une dent enfoncée dans le plancher d’une salle de concert après avoir tenté de slammer alors qu’un circle pit était lancé. Après un très bon "Hunter Gatherer" et un paquet d’albums réussis, AVATAR se rate en beauté en cette année 2023, sans prévenir. Les premiers singles, "Valley Of Disease", le titre track ou encore ma préférée, la touchante "The Dirt I’m Buried In" ne m’y avaient nullement préparé. Sans pour autant constituer des chefs d’œuvres, les morceaux faisaient plutôt bien le boulot, dans la continuité de l’opus précédent.

Et bien, vous pouvez rajouter à cette liste deux titres, "On The Beach" et "Train", puis fermer les bans pour ce qui relève de l’acceptable. La première est assez décalée, rappelant par certains aspects "The Eagle Has Landed" et possède un second degré tout à fait savoureux. La seconde pourra rappeler à certain la plus belle époque de FAITH NO MORE dans le côté barré, et la voix de crooner fera immanquablement penser à Mike Patton et sa clique. Allez, si l’on veut positiver la chose, les soli restent au top, profondément originaux dans leur construction mélodique, une constante depuis l’arrivée de Tim Öhrström aux côtés de Jonas Jarlsby depuis "Hail The Apocalypse".

Pour le reste, on navigue entre le médiocre et l’indigent. Les titres défilent sans procurer d’émotion particulière, les idées apportées ici et là paraissant artificiellement apposées, comme le clin d’œil aux BEACH BOYS sur "Gotta Wanna Riot". L’intervention de Lzzy Hale (HALESTORM) sur "Violence No Matter What" est plutôt réussie en tant que telle, mais ne permet pas de sauver une composition en manque d’inspiration de bout en bout. Là où les différentes influences d’AVATAR se mêlaient précédemment pour former un Metal moderne cohérent, on se retrouve ici avec un amalgame inabouti, qui me laisse de marbre.

Il convient également de préciser que la production n’arrange rien. Le son est mixé dans les mediums de manière outrancière, à moins de l’écouter dans d’excellentes conditions. Il en résulte des voix, si bonnes soient-elle dans l’absolu, qui se confondent avec les guitares, dont les riffs se montrent d’ailleurs peu singuliers mais il est vrai que ce dernier n’est pas le point fort habituel d’AVATAR. Cette sensation est renforcée par le chant plus clair qu’à l’accoutumée, les growls de Johannes ayant été laissés avec Dave (mouarf) au vestiaire pour l’occasion. Toute remarquable soit la performance technique du frontman, l’abus d’aigus est dangereux pour la santé. Disparues également les belles harmonies de voix SOADesque auxquelles AVATAR nous avait pourtant habitués de temps à autre.

Énorme déception donc de mon côté, de la part d’un groupe que j’estime hautement et dont j’avais plutôt apprécié chacun des LPs sortis depuis bientôt 20 ans. "Dance Devil Dance" est sans aucun doute le disque du combo que je ne réécouterai probablement jamais dans son intégralité, malgré quelques chansons qui se fraieront sans doute une voie dans la setlist du combo à l’avenir. Espérons qu’il ne s’agira là qu’un faux pas passager, mais l’ombre du doute commence à me titiller. AVATAR gagnerait sans doute à prendre plus son temps entre deux sorties, la régularité se faisant ici au détriment de la qualité.