C’est triste, mais MASTODON produit ses meilleurs efforts quand les musiciens sont sous le coup du deuil. Après le très émouvant "Crack The Skye", le touchant "The Hunter", MASTODON retrouve une espèce de grâce, de profondeur avec ce "Hushed And Grim" dédié à Nick Jones, son manager de longue date. Et si le format double de l’album peut faire peur, force est de constater que l’ensemble s’écoute très bien d’une traite, tant tout semble couler de source.

L’éventail musical de la formation s’étale encore, devient toujours plus riche. Le style déjà joliment alambiqué devient toujours plus complexe, les différentes influences sont toujours présentes et s’entremêlent plus que jamais, avec une forte prédominance du Rock Progressif ceci dit. Les trois chanteurs forment une harmonie qui devient de plus en plus une constante au sein de MASTODON, un trésor qu’ils mettent bien en vue et qui est tout simplement imprenable ; c’est devenu une marque de fabrique aussi bien que ces rythmiques complexes qui poussent l’auditeur à se fondre entièrement dans l’approche musicale du groupe sous peine d’être largué.

Mais si les fans de la première heure peuvent légitimement grogner face à ce qu’est devenu le groupe, ceux qui ont pris le train en marche seront définitivement comblés, face à la justesse du discours du quartette qui livre là un de ses meilleurs efforts, si ce n’est le meilleur. Personnel, douloureux par moments mais sans jamais être négatif ou simplement trop mélancolique, MASTODON surnage de ses émotions, il en capte la substance, mais il se refuse à nous infliger pleinement sa peine et la conclusion de ce double LP n’en est que plus lumineuse.

Certains enchaînements de titres sont simplement merveilleux. N’ayons pas peur des mots. "Skeleton Of Splendor" et "Teardrinker" par exemple, se répondent de bien belle façon, tandis que le groupe nous sort le grand jeu sur un "Gobblers Of Dregs" tout simplement magique. Le tout est bien aéré car la bande à Brann Dailor varie son propos, tempère l’agressivité avec des passages d’un calme envoûtant, cachant parfois des tempêtes folles. Difficile alors de dire que cet album est trop long, parce qu’il reste à dimension humaine, même pas un match de foot (et plutôt que de se faire chier devant un match de l’équipe de France, autant s’attarder sur cet album, plus riche en émotions).

Tout sur ce(s) disque(s) me donnent envie de le(s) applaudir à deux mains, chaleureusement. Que ce soit "The Beast", "The Crux" ou encore "Dagger", il n’y a pas de moments faibles ici, juste une musique riche qui, bien que pas la plus directe qui soit, s’inscrit durablement dans l’esprit, enivre et donne envie de reprendre la discographie de MASTODON, à la recherche de tels moments de grâce. L’album Metal de 2021 pour moi.