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2015 Esc
 

- Style : Dream Theater, Vanden Plas, Superior, Sons Of Apollo, Pain Of Salvation, Pagan's Mind, Maschine
- Membre : The Storyteller , Scar Symmetry, Nocturnal Rites, Halford, Adagio, Circus Maximus, Civil War
- Style + Membre : Fates Warning, Beyond Twilight

ZIERLER - Esc (2015)
Par DARK BEAGLE le 7 Mars 2018          Consultée 2377 fois

Certaines retrouvailles font peur. On hésite à revoir une personne qu’on a beaucoup apprécié dans sa jeunesse, voire aimé, par peur du changement. On ne sait pas ce que le temps a réservé, a-t-il été clément ou certains abus sont-ils marqués sur la peau ? Est-ce que la vie a su protéger l’être ou au contraire, l’a-t-elle aigri ? On ne le sait qu’en allant au rendez-vous, en se voyant, en discutant. Et là on sait si l’attente valait la peine ou non. Quand Finn Zierler a sorti un nouveau projet portant tout modestement son nom, j’ai vécu la même chose. Le disque n’est pas allé tout de suite sur la platine. Il a patienté deux ans. Je n’étais pas prêt à retrouver ce musicien, j’avais besoin d’être dans le bon état d’esprit pour l’appréhender. En revanche, le livret, bien épais, bien photoshopé, a souvent été feuilleté durant cette période.

Quand j’ai enfin eu le courage de mettre le disque sur la platine, la déception a été immense. La première écoute s’est avérée pénible, laborieuse, je ne comprenais rien à ce que j’écoutais. L’album a encore pris la poussière durant deux autres mois avant que je ne lui donne une seconde chance. Et là, bon sang, la claque. Tout me semblait plus simple, coulant de source, alors que la musique est tout sauf abordable. "Esc" demande beaucoup de concentration pour être pleinement apprécié, on doit lui donner de notre temps. Un peu plus de soixante-douze minutes, ce qui n’est pas anodin, mine de rien, quand on sait que l’attention a souvent tendance à s’étioler après un peu plus d’une demi-heure d’écoute. Alors quand le disque présente des textures tellement éclatées, cela devient presque mission impossible.

Pourtant, quand on arrive à forcer le destin et à se noyer dans cet univers, le plaisir qu’on en retire est immense. Déjà, ceux qui étaient amoureux de BEYOND TWILIGHT devraient adhérer à ZIERLER. Peut-être pas tout de suite, mais les similitudes sont nombreuses, au niveau musical bien sûr, mais également au niveau des thématiques abordées. Quelque part, nous ne sommes pas loin de l’ambiance de "Devil’s Hall Of Fame", avec ce piège informatique qui se dessine, mais avec plus de maturité, plus de réalisme. Bouffez-vous quatorze ans d’évolution dans la gueule. En revanche, ne cherchez pas trop de points communs avec "For The Love Of Art And The Making", œuvre géniale pour certains, vaste fumisterie pour d’autres.

Je n’ai pas évoqué "Section X". Pourtant la filiation est évidente. On retrouve le même chanteur, Kelly Sundown Carpenter, qui a parcouru du chemin depuis son passage au sein de BEYOND TWILIGHT, vu qu’il a joué dans DARKOLOGY et qui s’est illustré au sein d’ADAGIO avant de prendre la suite de Nils Patrick Johansson au sein de CIVIL WAR. Il est secondé par Truls Haugen (… Batteur ! De CIRCUS MAXIMUS) et leurs voix se marient bien. On pense parfois aux meilleurs screams de Ripper Owens, mais ils se montrent capables de belles harmonies. Dans la démarche, on pense bien sûr à ALMANAC dernièrement qui s’est bien illustré dans le genre. Derrière eux, Zierler a réuni une équipe de tueurs. Outre lui-même (dans le genre claviériste qui n’a rien à n’envier à personne, difficile de faire mieux), il n'y a que de la fine gâchette.

Imaginez un instant que Bobby Jarzombek (HALFORD, FATES WARNING), tape le bœuf avec Per Nilsson (SCAR SYMMETRY, NOCTURNAL RITES) et Finn Zierler. Vous devinez qu’ils ne sont pas là pour faire des reprises de Punk ou de New Wave dans un garage sordide, avec un calendrier Playboy de 1978 affiché au mur. On se heurte en toute logique à une musique habilement tricoté, mais avec quelques trous, des breaks impensables, qui surprennent systématiquement tant ils semblent venir d’ailleurs. Les chansons suivent des schémas tordus, les mélodies explosent dans tous les sens, on passent de riffs assassins à des envolées au piano et vice-versa, avec des soli furieux tandis que la rythmique écrase tout sur son passage.

Au fil des écoutes, on dénoue ce canevas tressé avec soin. Et plus on s’y attarde, plus on finit par l’apprécier, par l’adopter. Zierler nous l’annonce d’entrée de jeu ; c’est un nouveau départ. Le titre aurait pu s’appeler Phoenix. Cela aurait été plus pertinent. Le claviériste s’était fait très discret depuis la sortie de "For The Love Of Art And The Making" en 2006, pour refaire parler de lui avec l’annonce de ce projet en 2012. Trois ans plus tard, l’album est sorti, dans toute sa complexité et sa richesse, en reprenant de nombreux éléments propres à BEYOND TWILIGHT. Il semble écarter le recours aux dissonances pour des choses plus virevoltantes, forcément travaillées, forcément difficiles d’accès pour celui qui ne sait pas à quoi s’attendre. Il ne faut jamais miser sur quelque chose de linéaire. Pour Zierler, cette notion est hérétique.

Prenons "Water" par exemple. Cela commence comme une ballade très mélodieuse, avec de belles parties chantées, et elle vire brusquement sur quelque chose de plus agressif, où la guitare et le clavier se disputent le leadership du morceau. Son final prend encore une direction différente, presque héroïque dans l’idée, avec un travail effectué sur les chœurs de toute beauté. Et il ne faut jamais vraiment se fier à l’oreille. Un morceau a l’air terminé, mais il connaît juste une autre vie en explorant une autre voie ("Whispers", "Evil Spirit"). À côté, des titres comme "Aggrezzor" ou "You Can’t Fix Me No More", plus directs, semblent d’une simplicité déconcertante.

Mais comme dit, "Esc" est un album qui ne s’apprivoise pas facilement. Il demande plusieurs écoutes attentives pour être pleinement appréhendé et apprécié. Ce n’est peut-être là où réside son principal (son seul ?) point faible. Il est bien trop abscons pour une certaine frange du public Metal qui ne voit dans le Prog qu'une source d’ennui absolue. Et pourtant ces derniers pourraient fort bien être surpris par cette musique, foncièrement Heavy, ne tenant pas en place, qui s’émancipe de toute règle pour ne suivre que les siennes, qui paraissent bien anarchiques et vindicatives. ZIERLER, à l’instar de BEYOND TWILIGHT, est un groupe qui semble s’enfermer dans un certain élitisme mais qui s’avère passionnant une fois que l’on rentre dedans.

Les écoutes ont passé. Du rejet initial, "Esc" est devenu une espèce de disque de chevet, que je ressors fréquemment et que j’ai l’impression de redécouvrir à chaque nouvelle écoute. D’où la note maximale, une note qui a évoluée avec le temps, passant du 1/5 ou 3, avant de progresser lentement vers ce Graal absolu du 5/5. Franc, massif, sans concession. Un peu à l’image de la musique que propose ici Finn Zierler, qui ne se laisser aller à aucune facilité et qui joue ce qui lui plaît, avec un sens de la mélodie malgré tout présent. "Esc" ce n’est pas simplement de la démonstration. C’est de l’art. En espérant qu’on connaisse un jour un successeur à cet album magistral…

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   DARK BEAGLE

 
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- Kelly Sundown Carpenter (chant)
- Truls Haugen (chant)
- Per Nilsson (guitare)
- Bobby Jarzombek (batterie)
- Finn Zierler (claviers)


1. A New Beginning
2. Aggrezzor
3. Darkness Delight
4. Dark To The Bone
5. Evil Spirit
6. Married To The Cause
7. No Chorus
8. Rainheart
9. You Can't Fix Me No More
10. Water
11. Whispers



             



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