Mouais… Ceci pourrait résumer ma chronique sur ce septième essai des Landais. Compte-tenu de la complexité assumée de leur musique, j’ai pris le temps avant de rédiger cette Kro-express, comptant sur le fait que les quasi 52 minutes de "Fortitude" infusent en moi, grandissant au fur et à mesure des écoutes, avec le temps. Mais non. Ce qui est terrible avec la tendance actuelle de sortir 3/4 singles avant l’album, c’est que celui-ci a intérêt à être sacrément costaud, ces titres une fois passés. Il est tellement facile de sortir les meilleurs morceaux de l’album afin de séduire le chaland et de le pousser à ouvrir son porte-monnaie, pour au final ne pas pouvoir le surprendre avec des chansons du même acabit. Et c’est un exemple-type du phénomène que les Frenchies nous sortent ici, à mon grand désarroi.

Car, soyons clairs, "Born For One Thing", "Amazonia" et "Another World", ce dernier sorti au cours d’un premier été « Covid » plein d’incertitudes et de frustrations et accueilli injustement tièdement par la plèbe métalleuse : ces trois-là butent. Butent même sa mémé. Et laissent augurer du meilleur. Un "Magma" boosté, plus respectueux de l’histoire du groupe. Est-on en présence de l’œuvre ultime de GOJIRA, celle réconciliant les fans de la première heure avec les nouveaux, la créativité au service de l’efficacité, la puissance alliée à l’accessibilité ? Que nenni, mes amis, le meilleur est déjà passé, rideau, fermez les bans. La suite n’est pas nulle, mais ne donne aucune envie d’y revenir, très subjectivement. Que s’est-il passé pour que le groupe nous ponde le refrain misérable de "Into The Storm", pourtant l’un des titres les plus réussis passé le trio inaugural ? Idem sur le "Hold On" (Fight). Franchement, quelle facilité dans les paroles, dans le pont en tapping... Et dire que certain critiquent Robb Flynn, mais franchement, je ne suis pas certain que ce soit ici beaucoup mieux. Quant à "Sphinx", je ne ressens qu’une vaine tentative d’œillades appuyées aux early fans, mais tombant à côté de la plaque. De la noyade, je ne sauverais que "Grind", jolie conclusion sachant allier identité et émotion, brutalité et subtilité, comme sur l’opus précédent.

Car "Magma" avait incontestablement une âme, même s’il marquait déjà un éloignement par rapport au style précédemment pratiqué. Habité par le décès de la mère des frères Duplantier, il ralentissait à propos le rythme, et invitait à un voyage intime qui avait ses aficionados, comme ses détracteurs. J’adhérais complètement pour ma part, y voyant une occasion pour la bête de se réinventer, possédée par une émotion « bigger than life » et ai usé le LP sur ma platine sans jamais m’en lasser. Ici, je n’aurais pas ce plaisir, n’ayant que trop rarement envie d’y revenir. Restent que ces trois titres introductifs, chacun dans son style merveilleux, sont vraiment excellents. Ma note est à l’image de cette déception, celle d’avoir découvert "Fortitude" avec ses meilleurs extraits. Comme commencer un repas avec du caviar pour finir avec une brandade de supermarché. Ça laisse un goût douteux une fois le repas achevé.

Note : 2,5/5. Si j’avais écouté l’album sans connaître aucun morceau, j’aurais sans doute arrondi à 3, mais comme ce n’a pas été le cas, ça sera 2.