Alors quid de l'album sans doute le plus décrié de l'année 2018 ? GHOST est arrivé à un degré de popularité incroyable, qui fait bien la nique à tous les déprimés qui pensent que plus jamais le Metal ne connaîtra de légendes. Après quatre albums, GHOST est incontestablement devenu plus qu'un phénomène, et son intelligence lui a permis de rester dans l'esprit des gens de façon plutôt constante depuis 2013.

Difficile de dire si GHOST passe un cap avec "Prequelle". Ce qu'on ne peut pas oublier, c'est que le projet de Tobias Forge est désormais totalement assumé, bien aidé en cela par des ex-camarades de jeu peu amènes. Oh je doute que Tobias Forge, le Papa Emeritus destitué par la curie, soit un ange, tant il faut du travail et des sacrifices pour arriver à un sommet pareil.

Il n'empêche que "Prequelle" est l'album des gros moyens et que pour la première fois l'entité me semble lâcher un peu de hargne dans son écriture. Alors pas musicalement, GHOST ne s'étant que rarement distingué par sa nervosité, si ce n'est sur "Meliora" qui était l'album le plus "Hard" du projet jusque-là. "Prequelle" est un opus qui jouit d'ambiances particulièrement travaillées et plutôt chouettes, même si le sens de l'accroche incroyable se manifeste davantage sur un "Miasma" à la mélodie de clavier forte, que sur un "Helevetesfönster" intimiste mais dont les subtilités ne font rien émerger de particulier.

Mais le sens mélodique est bien là, "Rats", "See The Light" ou encore le Poppy "Dance Macabre" en attestent, même si le côté foncièrement Pop a parfois du mal à totalement me séduire ("Pro Memoriam" avec ses relents presque SAVATAGE-iens, si ce n'est pour cette ligne mélodique). GHOST dépasse encore les clivages pour n'affirmer que sa propre singularité, même si dans sa quête de construction d'album parfait, la formation suédoise a tendance à donner dans le grossier, ouvrant et fermant l'album avec ses titres les plus Heavy, réservant ses instrumentaux à des moments-clefs pour amener d'autres atmosphères à "Prequelle", et c'est justement je pense ce qui ne fonctionne pas chez moi.

Car comme l'a souligné T-Ray, cet album peine à tenir la distance, la qualité de ses premiers titres peinant à trouver leur équivalent en deuxième partie d'album, si ce n'est avec "Life Eternal", surtout réussie dans sa construction et son intensité croissante. Et je dois avouer que le côté très années 80 des mélodies de "Prequelle" a un peu tendance à me taper sur les nerfs, et ce "Life Eternal" n'en est qu'un exemple, car c'est le même problème que j'ai avec "Dance Macabre". GHOST essaie de capitaliser sur l'impressionnant succès de "Square Hammer" sans vraiment y parvenir.

Un album beaucoup trop calculé.