Il y a des noms d’album qui claque !!! "Pure Rock Fury" en est un. Le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe qui ose un truc pareil place la barre très haut. CLUTCH tente le coup à l’occasion de son cinquième album paru en 2001, composé de douze titres studio dont un faux "live" et d’un vrai. La production du disque est un imbroglio dont ce sont occupés Machine (l’ingé son qui s’occupera de Leur album suivant "Blast Tyrant" (2004)), CLUTCH et Larry Packer alias Uncle Punchy. L’équipe en présence nous gratifie de l’album le plus stoner de la discographie du groupe. Il est étonnant qu’ils aient été si nombreux à se pencher sur ce son apparemment pur et naturel, comme s’il sortait des enceintes, sans traficotage. Les ingrédients CLUTCH restent en place, rythmique en béton armé, chant habité et toujours cette impression d'assister à une "jam" permanente.

La pochette du disque reprend la logique de "The Elephant Riders", quatre bonhommes en rase-campagne. Les pieds sur terre et sans destrier. Un ciel gris, lourd et menaçant flotte au dessus de leurs têtes. Une attitude décidée et ferme, une envie d’épurer et d’aller vers l’essentiel.

Au fil de la discographie de CLUTCH, ce qui marque le plus, c’est la capacité qu’à Neil Fallon à toujours retravailler sa voix, le sentiment qu’un nouveau palier vocal est atteint sur "Pure Rock Fury" est une évidence. Son timbre varie entre celui d’un Tom Waits et d’un prêcheur américain arrangeur de foule. Avec tellement de passion et d’intonations que son style en devient unique. Conteur hors pair, il lui arrive d’expérimenter avec succès, s’essayant au phrasé rap sur le titre "Careful With That Mic...". Même si son chant peut devenir agressif, il reste aussi chaleureux que souvent mélodique. L’expérience est à faire au moins une fois, et je l’encourage au fil de mes chroniques sur le groupe.

Chaque chanson issue de la session studio de "Pure Rock Fury" est potentiellement un single pour les radios américaines. Le premier prévu à l’origine était le "title track', "Pure Rock Fury". Cependant, Brian Richman, le directeur de la station de radio WXQR en Caroline du Nord suggère à Atlantic Records de choisir le fameux "Careful With That Mic...". La maison de disque confiante, suis le conseil avisé du spécialiste et CLUTCH obtient à sa grande surprise son premier "hit". Un succès en amenant un autre, les stations de radio conquises font émarger d’autres titres de l’album. Tout d’abord "Immortal" puis "Open Up The Border". La première fût originellement écrite par le guitariste/chanteur Leslie West (MOUNTAIN) sur son premier album solo sous le titre "Baby I’m Down". CLUTCH y greffe de nouvelles paroles et ré-arrange le morceau. West "himself" rejoint le groupe en studio et colle sur le morceau, guitare et voix. Pour parfaire l’anecdote, "Immortal" sera également utilisé pour le jeu vidéo "Hitman : contracts", alors que firme Sony choisit quant à elle "Pure Rock Fury" pour figurer sur son jeu PlayStation "MotorStorm: Pacific Rift". Avec de telles retombées, CLUTCH est non seulement plus à l’aise mais gagne aussi en reconnaissance.

Au rayon des invités, CLUTCH se fait plaisir avec Scott "Wino" Weinrich (THE OBSESSED, SAINT VITUS) qui vient donner de la gratte sur "Red Horse Rainbow" et "Brazenhead (le faux live)". Dan Kerzwyck (SIXTY WATT SHAMAN) apporte sa contribution au chant sur "Sinkemlow" et son compère Joe Selby (SIXTY WATT SHAMAN) colle son solo de guitare à "Frankenstein". Acoquiné avec de tels personnages, il n’en fallait pas moins pour affilier CLUTCH à la scène stoner. Néanmoins, les influences du quatuor du Maryland ne s’arrêtent pas ce seul genre restreint mais explose ici comme une évidence, la reprise de leur titre "Spacegrass" (présent sur un de leurs précédents albums "The Elephant Riders") en étant la preuve flagrante qui clôt "Pure Rock Fury".

De très bonne facture, cet opus de CLUTCH ne démérite pas. Il est un pas supplémentaire vers l’accomplissement qu’est "Blast Tyrant" c'est-à-dire une pièce majeure du puzzle. Peut être un poil trop homogène, "Pure Rock Fury" mérite ce nom prétentieux justement par la force mise en œuvre pour sa simplicité.