CLUTCH revient aux affaires avec un nouvel opus "Strange Cousins From The West" après nous avoir gratifiés de deux live de qualités diverses et discutables mais toujours au-dessus des productions actuelles. "Full Fathom Five" et "Heard It All Before" reprenaient les méthodes d’enregistrements 70’s, sans overbub, sans artifice studio donc sans tricherie. De quoi se rendre compte de la véritable présence du groupe sur scène. "Full Fathom Five" étant un patchwork de leur dernière tournée et "Heard It All Before", le témoignage du 13 décembre 2007 au Hifi Bar de Melbourne – Australie. Le groupe reprenait alors l’intégralité de leur show, incluant le set de leur première partie, le BAKERTON GROUP, leur projet parallèle instrumental.

La configuration de cette nouvelle mouture est cependant différente puisque le groupe s’est délesté de son organiciste attitré depuis "Robot Hive/Exodus" (2005). Mick SCHAUER préférant privilégier sa vie de famille plutôt que de parcourir le Monde de scène en scène. Pas de quoi faire les choux gras d’une presse spécialisée qui tarde à focaliser les projecteurs sur un groupe majeur de 19 ans d’existence. Qui soulignons le, n’a jamais connu de changement de line-up hormis le désistement du Sieur SCHAUER. L’orgue Hammond ne disparaît pas totalement de l’univers musical du groupe et trouve ici une place moins prépondérante qui conviendra d’autant plus aux fans de Hard Rock.
Réduite à sa portion originelle, CLUTCH, étiquetée tour à tour dans les catégories Punk ou Hardcore, déverse un stoner rock, lourd comme du BLACK SABBATH. "Strange Cousins From The West" ayant la particularité de dévoiler plus qu’à l’accoutumée les influences blues des quatre musiciens du Maryland.

Le disque débute par "Motherless Child" dont l’intro au banjo n’est pas sans rappeler le gimmick musical du consanguin de "Delivrance", le film de John BOORMAN. Associé au titre de cette nouvelle galette, la référence n’en est que trop évidente, l’univers musical est en place. Neil FALLON reste toujours en voix avec ce timbre chaud de prêcheur noir. Quand on pense que le bonhomme est un petit blanc frêle et hirsute !!! "Struck Down" brille par son groove et son solo de guitare psychédélique tandis que l’imparable single "50 000 Unstoppable Watts" explose à la face de l’auditeur avec une facilité d’exécution déconcertante. "Abraham Lincoln" ralentit le tempo, offrant une batterie martiale à souhait. "Minotaur" s’impose comme le title track puisque c’est précisément sur ce titre qu’apparaissent les paroles "Strange Cousins From The West". Riffs hallucinatoires en boucle, la machine CLUTCH ne semble pas vouloir s’arrêter. Les "Witchdoctor" et autre "Freakonomics" font montre du talent et de l’originalité de la recette contagieuse et abrasive des Rednecks. Petites originalités, "Algo Ha Cambiado" chanté en espagnol et le titre "Metroliner Special", inédit offert sur le site officiel du groupe comme « happening » avant la sortie du disque. Les puristes n’ont plus qu’à se mettre en chasse.

La production est tenue par James Robbins, un musicien activiste dans le Hardcore et inconnu dans nos contrées. Autant dire que le travail fourni ici ne pourra que nourrir son CV tellement le rendu en impose. Les premiers exemplaires de ce disque sont parus dans le commerce dans un somptueux digipack rempli d’illustrations et de détails. Ce qui donne le petit plus non négligeable aux fans et aux curieux lambda. Les quatre sigles qui ornent l’arrière de la pochette ajoutent un clin d’œil référentiel supplémentaire au "petit" groupe de blues rock qu’est LED ZEPPELIN !!! Anecdotique.

Cet été, les participants du Hellfest ont eu la chance de voir jouer CLUTCH sur scène, programmé suite à l’annulation de KMFMD. L’hexagone n’ayant eu que trop rarement les honneurs du groupe. La faible affluence du public étant une relation de cause à effet plus que justifiée. Espérons donc que suite à leur remarquée prestation, la reconnaissance du public offre au gang de Fallon le succès qu’ils méritent pour les 19 prochaines années à venir.