CLUTCH formé en 1990 attend douze ans et cinq albums pour produire son premier album live, "Live At The Googolplex (2002)". Dès lors, le groupe du Maryland n’aura de cesse d’en ponctuer sa discographie. Après un anthologique "Live In Flint, Michigan" (2004) aujourd’hui difficile à se procurer, il propose "Heard It All Before – Live At The Hifi Bar", dont la recherche va s’avérer également bien compliquée. Celui-ci prend place dans la discographie du groupe entre "From Beale Street To Oblivion" sorti un peu plus tôt cette même année et "Strange Cousins From The West" (2009). S’essayant le plus possible à offrir du matériel différent, CLUTCH mise une fois encore sur une performance originale. "Heard It All Before – Live At The Hifi Bar" résultant de la date que le groupe a effectué le 13 novembre 2007 à Melbourne (Australie). Apparemment plus disponible, le disque était distribué par le label australien New Found Frequency.

Le double live comprend vingt-neuf pistes dont les quatre premières sont issues du répertoire de THE BAKERTON MUSIC GROUP, regroupant l’ensemble des membres de CLUTCH autour d’un projet instrumental. Mick Shauer aux claviers compris. Concernant Neil Fallon, habituellement chanteur, il se contente ici de jouer de la guitare. La musique de BAKERTON n’étant pas très éloignée de ce que produit CLUTCH, c’est avec aisance que les morceaux de première partie s’intègrent à la setlist. Une batterie un peu plus jazzy qu’à l’accoutumée mais un sens commun du groove et du psychédélisme. Les membres étant les mêmes, l’alchimie et la cohésion restent inchangées.

Bien évidement, "Heard It All Before – Live At The Hifi Bar" rend honneur aux deux derniers albums en date du groupe, c’est à dire “Robot Hive/Exodus” (2005) et “From Beale Street To Oblivion”. De la même façon que "Live In Flint, Michigan" reprenait majoritairement "Blast Tyrant" (2004). Il fait donc plaisir de voir CLUTCH s’illustrer avec maîtrise à son nouveau répertoire.

La première galette exhume "The Soapmakers" de "The Elephant Riders" (1998) et propose l’indéboulonnable doublon "Big News I" et "Big News II" de l’éponyme datant de 1995 sur lequel Eric Oblander (FIVE HORSE JOHNSON), le copain de toujours, vient jouer de l’harmonica. Les titres partenaires chez CLUTCH sont "monnaie courante", nous pouvons citer les petits derniers "You Can’t Stop The Progress" et "Power Player" se ressemblant tellement qu'il leur est facile de s'imbriquer l'un dans l'autre, comme en ouverture de "From Beale Street To Oblivion".

La seconde galette reprend un quart d’heure plus tard comme l’annonce Neil Fallon à la fin du premier disque. Eric Oblander, toujours de la partie, accompagne le groupe sur "Burning Hell" de John Lee Hooker, collé au "How Many More Years" de Howlin’ Wolf. Malgré le chant trafiqué, il semble que Neil Fallon délaisse le micro sur cette dernière. Les reprises endiablées de blues n’étonneront personne puisque CLUTCH cultive cette habitude autant en studio qu’en live. Afin de contenter encore ses fans, c’est une rareté issue de la compil' "Viva La Bands Vol. II" de Bam Margera que CLUTCH exécute le "presque" inédit "Kings Of Arizona". Oblander ne semble pas décidé à quitter la scène. Revenant en territoire connu pour les inconditionnels de CLUTCH, c’est avec "A Shogun Named Marcus", premier titre de leur premier album, "Transnational Speedway League: Anthems, Anecdotes, And Undeniable Truths" (1993) que les Américains surprennent encore. Tout comme avec ce "Basket Of Eggs" issu du mal aimé "Jam Room" (1999). Parfait de bout en bout, il est difficile de tenir rigueur à Fallon pour son manque de souffle sur "Texan Book Of The Dead" alors que le talent transpire jusque dans les dernières notes du doublon final "Electric Worry"/"One Eye $". Classiques, raretés et reprises se côtoient, il faudrait vraiment être un insatiable râleur pour ne pas trouver de contentement dans ce "Heard It All Before – Live At The Hifi Bar".

Encore une fois, pas d’overdub, CLUTCH ne triche pas. Son seul défaut serait de frustrer les collectionneurs avec ses éditions éparses et difficilement trouvables.