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BLACK METAL  |  STUDIO

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DRUDKH - Microcosmos (2009)
Par POSSOPO le 24 Juillet 2009          Consultée 8032 fois

DRUDKH vient de changer de label, il signe français et nous sort une jolie pochette, c'est sympa tout ça.
Pour le reste, "Microcosmos" ne sert strictement à rien, le projet naturaliste de Roman Saenko s'essouffle de la façon la plus prévisible qui soit, on pourra trouver ça dommage ou simplement s'accorder à penser qu'en quatre ou cinq albums, le propos du groupe nous aura tout de même tenu en haleine sacrément longtemps et on le remerciera alors pour sa verve magnifique.

Déjà, "Вiдчуженiсть (Estrangement)" ne racontait plus grand-chose de neuf et s'évertuait plutôt à ressasser un discours qui ne lassait pas encore tout à fait, l'invraisemblable qualité de ce dernier lui octroyant une durée de vie supérieure à la moyenne. Ce nouvel opus poursuit l'œuvre de répétition, la poursuit avec un talent toujours intact et achève ainsi son géniteur. Oui, on aurait presque préféré voir DRUDKH se planter totalement, nous pondre une infinie merdasse, l'effet de surprise aurait été joyeux, on aurait eu matière à gloser sur le pourquoi du plantage. Mais ici, rien sinon une exemplaire linéarité, certainement un hommage déguisé aux paysages de plaine de la Petite Russie, comme la nommaient les Ukrainiens eux-mêmes au temps des Tsars. DRUDKH, gavé d'un talent qui aura eu raison de son audace, continue sur une lancée à la trajectoire ayant insuffisamment dévié depuis le séminal "Forgotten Legends". Le parti pris belliciste de "Лебединий Шлях (The Swan Road)", peaufiné avec tant de goût sur " Кровь В Наших Криницах (Blood In Our Wells)", s'apparentait à l'époque à un changement de direction salvateur, on s'est rendu compte peu de temps après qu'il ne s'agissait en fait que de continuer le tracé d'un cercle presque parfait qui se trouve aujourd'hui fermé, clos, achevé.

Retour au point de départ, l'expérience en plus. Le son s'est étoffé avec les années, une rugosité vaillante pêchée sur les champs de bataille de 2005 et 2006 s'est immiscée dans la trame mélancolique et sylvestre. Et les nouveaux adeptes de la secte (s'ils existent car je doute que DRUDKH n'ait pas déjà, en sept années richement remplies, ratissé toute l'audience qu'il était capable de récupérer) pourraient facilement se laisser séduire par un disque d'une qualité dépassant très largement la moyenne et qui ne pâtit finalement que d'une chose, son statut de dernier enfant d'une famille nombreuse. Et le puîné souffrira toujours de l'ombre immense de quelques-uns de ses aînés, "Autumn Aurora" et "Лебединий Шлях (The Swan Road)" portant à mon sens les plus larges épaules.

Dans ce contexte, est-il vraiment nécessaire d'aller plus avant dans la description du produit ?
Qui donc se souciera de l'utilisation de textes signés Ivan Franko, second des poètes de la grande Ukraine après le magnétique Taras Shevchenko, déjà glorifié par DRUDKH et icône indéboulonnable du nationalisme azur et or ?
Qui donc décortiquera la texture des quelques instruments natifs toujours maniés avec la même et lassante intelligence ?
Qui donc se posera la question de l'identité d'un dernier titre qui sent le sample malin à plein nez et dont on sait qu'il est un nouveau clin d'œil à une nation désireuse de revisiter l'Histoire afin de gonfler son caractère ?

Evidemment non, "Microcosmos" ne mérite pas, considéré de manière absolue et si on commet l'erreur de le comparer uniquement à ses collègues de l'année, la note si faible que je lui colle au front. Il ne mérite pas non plus cette note si on le jauge face à ses frères de sang. "Microcosmos" constitue même l'une des plus belles sorties de l'année, l'une des plus belles sorties de DRUDKH peut-être (libre à vous de ne retenir que cette phrase et de coller quatre nouvelles étoiles au brillant slave)… Mais il est à présent trop tard et je me permets la provocation.
Evidemment oui, l'art se définissant comme l'exact opposé de la répétition, ce septième album a besoin qu'on lui file des coups, qu'on le mette à terre afin que tout le monde comprenne que DRUDKH a perdu son statut et qu'il faut maintenant songer à l'oublier car sa période novatrice se situe loin derrière lui.

"Microcosmos", un exercice d'une maîtrise absolue, un 21/20 en cours d'EMT.
"Microcosmos" ou le niveau 0.01 de la création.

Et le centième vaut pour ("Далекий Крик Журавлів (Distant Cries OF Cranes)" qui, à lui seul, saurait porter DRUDKH vers un nouveau sommet de la notation. Ou quand les textures folkloriques d'un instrument difficile muent en de terribles chants d'oiseaux (les grues si spécifiques au pays). Appelons cela du morphing auditif.

Et vous aurez compris les contradictions absolues de cette chronique.

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- Thurios (chant, claviers)
- Roman Saenko (guitare, basse)
- Krechet (basse, claviers)
- Vlad (batterie, claviers)


1. Days That Passed
2. Distant Cries Of Cranes
3. Decadence
4. Ars Poetica
5. Everything Unsaid Before
6. Widow's Grief



             



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