On aura à peu près tout dit de DRUDKH, de son flirt connu avec la ligne identitaire, de ses albums de renom maintes fois portés aux nues à raison, de ses boucles inlassables, de ses éparpillements d’ambiance toujours un peu identiques, de sa constance à enfoncer les clous de son Black Metal païen, naturaliste et atmosphérique dans les angles de nos cerveaux, de sa propension à nimber les cieux de sombres présages.

Magnifiant toujours ses paysages, ses tourbières et ses landes désolées d’une puissance de feu spectrale, DRUDKH n’a pas son pareil pour nous attaquer le cœur et l’esprit de sa vindicte. Depuis la grande révélation de "Forgotten Legends" et du superbe "Autumn Aurora" qui ont su rallier toutes les hordes de Blackeux hostiles aux aspérités humaines d’un monde désenchanté, DRUDKH poursuit son éternelle route, tel un éclaireur ténébreux suivi d’une armée comportant de plus en plus de fidèles. DRUDKH depuis toutes ses années est devenu légendaire et n’attend plus rien d’autrui, il ne se retourne plus et ne fait égard à personne d’autre qu’à ses propres âmes. Saenko et Thurios d’ailleurs n’auront jamais l’idée de se tarauder l’esprit par les basses critiques de nous-autres pauvres revieweurs insignifiants que nous sommes. Nul besoin d’une quelconque promotion, d’une once d’interview, d’un simple regard vers l’autre, d’un quelconque assentiment… DRUDKH reste et restera cette entité et cette congrégation d’Ukrainiens insaisissables et inimitables. Chacun d’eux posera les jalons qui les définira, et sans fard ils seront les grands popes des plaines infernales, les grands ducs de la poésie noire et des âmes perdues.

"Eternal Turn Of The Wheel" s’inscrit dans cette mouvance. Au regard du reste de la discographie il est un album comme un autre. Aguerri et frondeur, il déplie comme d’habitude de grandes promenades remplies de songes vengeurs, d’effrois des soldats vaincus par l’histoire et condense l’esprit de la résistance, fier, patriote devant l’offenseur. Les longueurs et les attentes seront là, comme sur certaines parties des titres "When Gods Leave Their Emerald Halls" ou bien encore "Farewell To Autumn's Sorrowful Birds", mais le génie supplantera toutes ces considérations et ces postures faciles. "Breath Of Cold Black Soil" fait et fera partie de ces titres puissants qui ne laissent aucun doute sur leur suprématie. Impossible d’en dire autre chose, cela ne serait que du remplissage incongru. Et puis il y aura aussi "Night Woven Of Snow, Winds And Grey-Haired Stars" qui animera cette fin d’album d’un envoûtement classique en mid-tempo gorgé de claviers fantomatiques et des vocalises déchirées de Thurios.

Si je devais choisir un album de DRUDKH certes je ne choisirais pas celui-là. Mais "Eternal Turn Of The Wheel", s’il n’a pas réinventé la roue, est un album de pur DRUDKH avec ses parties splendides et d’autres davantage à nuancer. Mon souci n’est pas de planter un couteau dans la cuirasse épaisse de nos Ukrainiens (ils ne sentiront de toute façon rien du tout), mais juste d’honorer cette discographie exceptionnelle qui vous est offerte de lire sur notre webzine, et par l’intermédiaire de cette chronique de mettre un peu de lumière sur ce titre incroyable qu’est "Breath Of Cold Black Soil".