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2024 The Silence Of Rust

MAREA - The Silence Of Rust (2024)
Par STORM le 3 Septembre 2024          Consultée 993 fois

L’année 2024 sonne comme un bon cru pour certains routards de la scène mais aussi comme une année formidable pour mettre en lumière et en orbite certains groupes qui ont choisi de se rapprocher d’une hypothétique rampe de lancement. Ce premier album fomenté depuis plusieurs années, travaillé du beau jusqu’à l’os, est le fruit d’un seul homme : Matteo Balazarini. "The Silence Of Rust" n’est point un énième album de Black Metal insipide mais bel et bien le condensé des influences hautement considérables de notre jeune Italien : entre un Black/Doom Mélodique mâtiné d’éléments atmosphériques et des architectures Post Rock sombres et mélancoliques bien maîtrisées. Et si je mets en lumière cet album, c’est que je m’en suis amouraché à la première écoute tant il a su dès les premières secondes me baigner de ses émotions.

Parfois, et j’en suis toujours le premier surpris, un album passe au premier plan, vous accompagne et ne vous quitte plus, des heures, des jours, des semaines voire des mois durant. Les mélodies cristallines et entêtantes prodiguées cheminent dans votre cerveau, collent à votre histoire du moment, aux émotions que vous traversez, à la trajectoire que vous vivez. Et ces mélopées qui vous correspondent s’agrippent par grappes entières et vous renversent de souvenirs, de pensées secrètes et intimes comme des exceptions à part entières dont le prime labeur est de vous dissocier pour mieux vous réassocier à nouveau. Il faut du beau dans la vie, il faut percevoir ces points de suspension, ces moments de lévitation, de magnificence contiguë qui n’achoppent plus mais ouvrent vers la plénitude.

MAREA est une courte échelle faite à la rêverie, à ses désespoirs sombres mais aussi à ses espérances lumineuses. Voyez-vous ce cimetière d’étoiles gisant au fond de cet océan que la pochette nous renvoie ? Sont-ce des astres flavescents qui au contraire éclosent de manière éphémère pour réamorcer de l’existant ? Matteo Balazarini nous retranscrit ce rêve et les émotions qu’il a produit dans le titre "Sidereal". Un titre BETHLEHEM-ien porteur et garni d’angoisses cauchemardesques, avec ces vocaux déchirés et mortifères, ces riffs arrachés remuant les éléments, battant le rappel pour congédier le mauvais sort, le mauvais œil ou d’autres éléments de superstition. "Irreversible" tout comme la superbe conclusion qu’est "The Silence Of Rust" sont mes titres adorés. Il y a du ALCEST qui y transpire parfois si je veux essayer de vous trouver une quelconque influence ou confluence de styles, mais MAREA manie sur ces titres les larmes et l’amertume de manière bien plus prononcée comme si le désenchantement de manière lancinante et insidieuse gagnait du territoire au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient. Traversé par des structures de Post Rock entre EXPLOSIONS IN THE SKY et MOGWAI notamment sur le titre éponyme, nous entamons ce voyage incertain, fébrile, dans nos propres cogitations, avec ces agitations inconscientes et ces débordements latents.

Et puis il y a des titres magnifiquement lumineux, qui bizarrement – ou peut-être pas – m’ont fait penser à cet EP instrumental de EVERWINTER (un autre talentueux Italien), notamment le splendide "Riptide Tune" juste superbe de bout en bout avec ces leads mélancoliques, ces arpèges qui s’envolent, cette poésie à fleur de peau qui nous anime à fermer les yeux pour écouter l’inconnu. Ou bien encore à "Rain Colours" qui pourrait nous conter la danse des murmurations sous les azurs des cieux d’une campagne perdue à l’horizon rougeoyant. Guidé par rien d’autre que notre âme, nous pourrions entamer ce périple vers cet infini tout en rêvant secrètement de prendre nous aussi cet envol…

C’est peut-être cela la force de MAREA, celle de nous proposer un voyage sans détour, absorbant, captivant et perméable à ce que nous sommes dans notre entièreté à ce moment T. "The Silence Of Rust" est un album de Black Metal certes mais ses variantes Post lui donnent des consonnances poétiques singulières. Matteo Balazarini est formidablement inspiré et ses compositions s’en ressentent. Jouant du Metal depuis une vingtaine d’années sans passer le pas de produire son album, voilà que "The Silence Of Rust" entre en scène pour marquer mon été, et j’espère le vôtre. Sa courtesse serait son défaut mais ce premier album a le mérite de ne pas jouer la carte du remplissage plus que nécessaire. En tout cas pour toutes les émotions qu’il arrive à transmettre et dont il transpire, je me sens attaché à ce fil invisible qui me relie probablement à lui. Et peut-être qui sait, dans un futur rêve, je toucherai le fond de ces abysses près de ces astres mourants pour trouver ma vérité.

Note réelle : 4,5/5.

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- Matteo Balazarini (chant, guitare, basse)
- Alessandro Mori (batterie session)


1. Riptide Tune
2. Sidereal
3. Chiaroscuro
4. Irreversible
5. Rain Colours
6. The Silence Of Rust



             



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