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1994 1 Dark Metal
1996 Dictius Te Necare
 

- Style : Verge, Anti, Psychonaut 4, Silencer, Shining, Apati, Urfaust
- Membre : Darkened Nocturn Slaughtercult

BETHLEHEM - Dictius Te Necare (1996)
Par STORM le 5 Juin 2024          Consultée 422 fois

Avec la sortie de "Dictius Te Necare", BETHLEHEM touche le fond de la cave et en exorcise ses fantômes. Et en particulier ceux de Jürgen Bartsch, son fondateur et principal compositeur, qui n’en finit pas de côtoyer la mort. Après sa petite amie enceinte qu’il a découverte pendue, c’est au tour d’une de ses connaissances de mourir près de lui suite à une overdose d’héroïne. Une autre fois, dans un pub un type meurt dans ses bras et peu de temps après c’est sa tante qui se pend. Ces évènements tragiques n’ont fait qu’abîmer son être et l’ont plongé irrémédiablement vers la dépression. Alors le seul moyen qu’aura trouvé Jürgen pour sublimer ces horreurs – tout comme Matton le guitariste qui a vécu le suicide de son père lorsqu’il était enfant, et dont le cancer provoqué en partie par ce douloureux évènement emportera sa mère peu après – et entamer un chemin de résilience, sera d’instrumentaliser (au sens didactique du terme) cette profonde noirceur en la canalisant en musique et en la faisant échapper au travers des mélodies et des déchirements.

Lorsque surgit "Dictius Te Necare" (qui se traduit littéralement par « vous devez vous tuer ») en 1996, il ne va pas sans dire qu’après écoute, cet album est un concentré férocement pur de sentiments d’angoisse et d’émotions extrêmes. Totalement habité par les vocalises infernales de Rainer Landfermann, l’album se décline comme la mise en musique d’une succession de déclins de l’âme. "Dictius Te Necare" pue le désenchantement de l’être, et l’on pourrait s’imaginer dans la tête d’Antonin Artaud au hasard de ses visions et de ses cauchemars, tant l’album fait régner des ambiances oppressantes à la limite de la dissociation. Hostile et dérangé cet album est une acmé vorace et superbement composée et inspirée d’un Black Metal hanté et lugubre à la fois. Album maudit, accouché par voies hautes sous le feu endiablé de Rainer Landfermann, "Dictius Te Necare" est un album recommandable pour les plus malades d’entre nous. Et d’ailleurs la loi allemande ne lui a pas fait de cadeau. Il existe chez nos amis teutons une loi interdisant la glorification de la violence et il est toujours tabou de promouvoir la mort et le suicide. Alors quand "Dictius Te Necare" est paru, quelques ennuis se sont pointés à la porte de Jürgen Bartsch (perquisition à son domicile et confiscation d’objets, plainte de certains parents d’enfants horrifiés), et au portail du groupe (annulation de concerts de la part de promoteurs, menaces d’associations, convocations de la police...). Pour des types plus dangereux pour eux que pour les autres, difficile de comprendre cet acharnement. Mais si l’on remet les évènements dans leur contexte d’époque, quelques pistes peuvent apparaître. On se souvient sans mal que la scène Metal extrême avait marqué – en ce temps-là - l’opinion publique notamment au travers des braises laissées par les incendies d’église, les meurtres et les profanations, mais aussi la censure de certains titres de MARILYN MANSON. Autre époque, autre mœurs pourrait-on dire, quoique !

Mais revenons à cette satanée musique de BETHLEHEM. Et avant tout pour vous dire que "Dictius Te Necare" est un véritable chef d’œuvre expérimental, chantre d’un Black Metal agité de spasmes et d’éructations corrosives. Celui-ci cohabite avec des arrangements sonores diablement efficaces notamment un piano comme celui concluant le titre furieux "Verschleierte Irreligiositat" ou émaillant génialement sur les titres "Die Anarchische Befreiung Der Augenzeugenreligion" et "Tagebuch Einer Totgeburt". Même si l’album est marqué indubitablement par la prestation vocale de Rainer Landfermann, "Dictius Te Necare" déploie tant et tant d’ambiances variées, de cassures de rythmes, d’effets sonores enivrants, qu’il entreprend purement et simplement l’âme en la baisant de toutes ses forces. C’est un disque violent qui communiera avec le maudit, l’infernal qui annihile l’intime et anéantit le serein. Écoutez "Aphel – Die Schwarze Lange" et percevez les sanglots de la vie s’écouler de vos veines subrepticement coupées. Écoutez bien jusqu’à la dernière note, jusqu’à la dernière goutte et ressentez la lumière vous quitter pour nourrir le vide. Tout du long de "Dictius Te Necare", il ne sera question que d’effrois en tous genres. La basse parfaitement audible vous conduira à vous faire osciller entre sentiment d’espoir et d’autres plus mortels. Un peu comme le feront les futurs WORM, BETHLEHEM nous conduit sur une pente glissante vers ce que nous ne souhaitons surtout pas voir ni percevoir. Appuyés par des claviers sinistres, et le grésillement des guitares, "Dictius Te Necare" est une œuvre totale, plus noire que la matière. Quelques approximations subsistent mais elles restent à la marge.

Certains chroniqueurs ont fait le parallèle entre cet album et le futur "Death – Pierce Me" de SILENCER. Et s’il est vrai que les pochettes disposent du même ton de couleur et de visions disons particulières, et que la voix de Nattramn lorgne plus ou moins ostensiblement vers la même dinguerie que les vocalises hystériques et horrifiques de Rainer Landfermann, la comparaison doit s’arrêter là. Dans ma Kro-express de leur premier album "Dark Metal", je m’attachais à vous dire que Bartsch et sa bande étaient avant tout des visionnaires et des précurseurs. Avec "Dictius Te Necare", BETHLEHEM peut affirmer sereinement être l’un des pères fondateurs du DSBM. Un album de cette qualité, frisant la perfection, se doit d’être écouté à sa juste valeur. Sans BETHLEHEM, point de SHINING ou de SILENCER peut-être, point de PSYCHONAUT 4, de ANTI, de APATI, de LIFELOVER très certainement. Alors, prenez une grande inspiration, munissez-vous de votre amulette, appuyez sur lecture et accrochez-vous car "Schatten Aus Der Alexander Welt" démarre très fort !

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- Rainer Landfermann (chants)
- Klaus Matton (guitare)
- Jürgen Bartsch (basse)
- Chris Steinhoff (batterie)


1. Schatten Aus Der Alexander Welt
2. Die Anarchische Befreiung Der Augenzeugenreligion
3. Aphel – Die Schwarze Lange
4. Verheißung - Du Krone Des Todeskultes
5. Verschleierte Irreligiosität
6. Tagebuch Einer Totgeburt
7. Dorn Meiner Allmacht



             



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