Premier album pour les nouveaux arrivants chez KATATONIA: Daniel Liljekvist (batterie) et Mattias Norrman (basse), frérot de Fred à la guitare. N'inversant jamais la tendance, KATATONIA poursuit son bonhomme de chemin, en broyant toujours du noir. Là où "Tonight's Decision" se fait un peu complexe, "Last Fair Deal Gone Down" est lui beaucoup plus linéaire et assimilable. Et comme la jolie pochette lugubre vous l'indique sagement, rien de joyeux sous le soleil.

KATATONIA officie toujours dans cette musique terriblement mélancolique, mais cette fois-là il s'écarte légèrement plus de son aspect "Rock" pour devenir bien plus sombre, et marque son affinité "metal" par une batterie très variée, qui oscillera entre lourd et tribal. Pas que Dan Swanö soit un mauvais batteur, loin de là, mais ici on a un bon échantillon de variété. Le son est lui aussi meilleur, mixant bien en avant la voix de Jonas Renske, rendant les guitares résonnantes; et les arrangements et autres claviers sont plus présents. Rien que de celà il en découle une forte impression de désespoir lié au chant, parfaitement maîtrisé, une impression de solitude lié au résonnement des guitares, tandis que les arrangements ne font que renforcer l'émotion transpirante des morceaux. Bien plus faciles à comprendre, beaucoup plus de chansons "tubesques", et une mélancolie plus palpable par conséquent.

KATATONIA applique une formule pratiquement tout le long de l'album: un départ calme mais triste, un couplet calme/refrain violent loin d'être éculé, des ponts acoustiques tout bonnement superbes, et en saupoudrant avec cette seconde guitare à déchirer l'âme. Les refrains sont à frissonner, se chantonnent très aisément, et même si le rythme se fait soit progressif, soit lourd soit rentre-dedans, la mélodie est sacrément accrocheuse, à défaut d'être perpétuellement novatrice.

On se sent happé par cette musique dépressive, on s'immerge facilement dans les tristes paroles de l'album, et au besoin on tape du pied sur "Dispossession", "Teargas" (le tube de l'album), "Clean Today" ou "Chrome". Et KATATONIA se démarque toujours de la facilité et de l'album fast-food en osant user parfois d'accords grinçants ou de guitares presque crades créant un rendu entre électro et indus, sans renier son âme évidemment. La fin de l'album est, et celà est bien dommage, moins accrocheuse, notamment les 3 derniers marquant une touche légèrement plus joyeuse qu'à l'accoutumée, et contrastant fortement avec le reste. Il est d'autant plus dommage qu'en eux-mêmes, ces morceaux ne sont pas mauvais, mais on perd un peu le fil sur la fin.

"Last Fair Deal Gone Down" est une très belle oeuvre noire, prenante, et qui pousse l'auditeur à se remettre en question. Leur musique fédère un désespoir parfois dérangeant, comme si on sentait un besoin d'aider ces pauvres musiciens qui semblent bien accablés. Voyez-vous ça, KATATONIA joue de plus en plus facilement avec nos émotions, et c'est bien plus intéressant que le tiercé, car vous le savez, ce groupe, c'est ma grande passion!