Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’accorde plus de crédit aux singles qu’aux EP. Pourtant, le dernier est en général plus avantageux et rarement noyé dans la sortie de l’album. Disons qu’assez souvent l’EP perd alors grandement de son intérêt annonciateur, la faute à des inédits aussi inédits que « Les bronzés font du ski » à la télé. Le single porte usuellement ce ou ces chutes de studio toujours croustillantes, soit ignobles soit superbes qui m’aident à me remémorer les singles de groupes de rock que j’achetais quand j’étais minot : « waaaah, mais pourquoi ils l’ont pas foutue dans l’album, celle-là ? ».

« My Twin » est en effet ce type de single, il en est même une caricature. Un gros tube, un remix réalisé par l’obscur DJ, cousin de la petite copine du bassiste, et deux chutes. La raison pour laquelle aucune surprise n’est à attendre est que ces bonus sont caractéristiques de « The Great Cold Distance ». Ni engouement réel ni déception supplémentaire. Les mélodies avancent sans retenir l’attention, s’étendent sur divers effets de guitare mignonnets et portent le même chant de plus en plus clair et aigu, de moins en moins touchant par conséquent. En contrepartie, Katatonia ne plonge jamais dans la rythmique sautillante/saccadée dont il use parfois sur « The Great Cold Distance », et laisse de temps à autres vivre un riff sacrément crève-cœur, lointain, évoquant leur vieux rock dépressif. Ni mauvais ni fabuleux, mais absolument neutre.

Quelques mots pour crier au scandale : pourquoi… mais pourquoi laisser ces remix annihiler un titre qui avait, dans sa version la plus normale, déjà bien du mal à se montrer intéressant ? « My Twin (opium dub version) » est une aberration, les Queers sont venus remodeler à la sauce électronique le « tube » de départ, en le ralentissant honteusement, le lavant de (quasiment) toute guitare, de toute puissance, de tout effet couplet/refrain. En lieu et place de l’instrument originel, des samples divers et variés, amers et avariés, un chant résonnant atroce. En outre, déclarer que l’ « essence » du morceau original est conservée est à mon sens une erreur tant on essaie ici de modeler le titre dans une ambiance plus « légère ».

Et par sa faute, je suis désormais incapable d’en faire abstraction lorsque j’écoute l’originale. Certes, comme « tube », Katatonia a été plus inspiré. Mais puisque la médiocrité a pris le dessus sur la seule occasion de sauver l’affaire, mon exaspération prendra le dessus sur mon objectivité. Encore une fois…