La mort de Steve Lee a été un choc dans mon monde. J'aimais tellement ce chanteur et j'aimais tellement GOTTHARD qu'à l'annonce de sa mort, j'étais sur les genoux. Pourquoi lui ? Lui qui était en train de tranquillement profiter de la vie. Et tous ces fils de pute qui foutent des vies en l'air, qui font quelques années de taule (ou pas) et qui ressortent, peinards…quel monde de merde. Avec l'annonce du "remplacement" de Steve par Nic Maeder, (peut-on vraiment parler de remplacement ? Sérieusement ?) j'ai immédiatement fermé la porte à GOTTHARD, me jurant de ne plus m'intéresser à ce putain de groupe qui continue son petit bonhomme de chemin alors que Steve n'est plus là. Allez juste vous faire foutre.

Bon, j'étais jeune à l'époque et désormais, en 2024, je relativise beaucoup mieux (heureusement me direz-vous). J'ai depuis fait la paix avec le combo suisse puisqu'à mon arrivée sur NIME, je me suis positionné sur les albums manquants afin de les chroniquer. L'album auquel nous allons nous intéresser est surtout un "recueil" de ballades si je puis dire où toutes les pistes audio ont été enregistrées par Steve Lee. Les musiciens, quant à eux, se sont occupés de réarranger tout ça, majoritairement en acoustique et Nic ici ne sert "que" de choriste. Déjà sur le papier, je trouve la proposition séduisante. C'est avant tout Steve qui est mis en lumière, jusqu'à mettre son nom et sa tête sur la pochette, avec la mention "In Memory Of Our Unforgotten Friend".

Certains morceaux restent très proches de leur base de départ comme "One Life, One Soul" qui était déjà acoustique, le "travail" de réarrangement étant donc très light mais démarrer par LA plus belle ballade du groupe me met dans de bonnes dispositions. Par contre, d'autres morceaux se voient transformés. Citons "Let It Be", qui, avec les guitares électriques au placard, change de dimension avec un refrain cette fois-ci beaucoup plus posée que la version originale. Même remarque pour "Need To Believe" qui réussit parfaitement le cap du réenregistrement. Également, la pachydermique "In the Name" est revisitée en unplugged mais si comme moi, vous connaissiez le "Made In Switzerland", vous ne serez pas surpris car ce morceau était déjà joué en acoustique. Les tubes ne sont pas occultés donc mais quel bonheur d'entendre à nouveau "And Then Goodbye", tellement poignante. On trouvera aussi des titres qui étaient de base bien plus pêchus dans leur version originale, à l'instar de l'hymnique "Lift U Up", revisité pour l'occasion, ou encore la célèbre reprise de "Hush", jouée par le groupe depuis toujours.

Mais l'album est surtout gorgé de ballades et il est vrai que les suisses sont très forts dans ce domaine. Je ne vous ferai pas l'affront de toutes les citer mais les chansons ont été parfaitement choisies et pourtant il y avait du choix ! Notons la présence de la reprise de "Eye Of The Tiger", titre mythique de SURVIVOR, déclinée ici en acoustique et en électrique. Je ne suis pas convaincu qu'il fallait mettre ces deux versions car ça prend la place d'un autre morceau mais bon. Un petit mot quand même sur le travail de Nic que je trouve magistral tant par sa retenue que par son empreinte vocale qu'il dépose délicatement sur chaque piste. Les poils se sont dressés à plusieurs reprises, c'est un signe qui ne trompe pas.

Dans tous les cas, cette compilation me laisse un goût amer. Déjà sur l'intérêt de l'objet, sur la réelle motivation du groupe à faire ça, comprenez par-là que je me questionne sur la sincérité de Leo Leoni et de ses comparses. Je suis partagé entre vrai hommage à Steve, LA voix de GOTTHARD et objet putassier qui émouvra les fans et les feront passer à la caisse…Quoi qu'il en soit, j'apprécie quand même l'objet car il sait mettre en lumière l'un des meilleurs chanteurs dans ce style et cette compilation posthume axée sur les ballades du combo suisse constitue un beau recueil en la mémoire de Steve Lee. Ce qui est certain c'est que Steve me manque à chaque fois que j'écoute GOTTHARD. Putain quelle tristesse.

Note réelle : 3,5/5.