Œuvre iconoclaste « The Cult » est un album littéralement obsédant. Disque culte par excellence (sans faire de jeu de mots) totalement novateur pour l’époque, il ne rencontra cependant pas son public à sa sortie et précipitera le split du groupe. Par contre, du fait de son retentissant succès auprès des critiques et des musiciens, « The Cult » influencera beaucoup de jeunes groupes par ce mélange de sonorités atmosphériques et électroniques (une hérésie en 1994 !) trouvant là un nouvel espace sonore non balisé.

Au niveau strictement musical, une large place est accordée aux middle tempo (à l’exception d’un « Be Free » rentre dedans et des très belles ballades planantes « Sacred Life » et « Saint are Down ») ce qui a sans doute contribué à déstabiliser les fans habitués à une approche plus directe comme sur « Sonic Temple ». Côté ambiance, ce disque est sans doute le plus sombre de Ian Astbury et de Billy Duffy (sans doute influencé par l'effervescence de la scène grunge de l'époque) avec comme grande nouveauté l’utilisation de samples associées très souvent à des percutions indiennes traditionnelles (marque de fabrique du Cult). Côté guitares, Billy Duffy, nous offre cet fois si un jeu tout en subtilité, les soli n’étant guère de mise, en usant sans jamais abusé de distorsions de guitares tout azimut ajoutant une dimension psychédélique (mais très moderne) à l’ensemble. En outre, il faut une fois de plus souligner le magnifique travail effectué à la console par Bob Rock (encore lui !) qui rend justice aux non moins brillantes compositions que sont le crépusculaire « Gone » avec sa montée en puissance finale appuyée par un mur de guitares abrasives, les middle tempo gonflé de rythmique soul « Coming Down », « Real Grrrl », « Joy », « Naturally High » (avec ses superbes percutions indiennes), le Rock n’roll « Be Free » et la superbe ballade « Saint are Down » pleine de feeling qui nous rappel à quel point le père Ian est un immense chanteur.

Au final, l’on est en face d’un disque compact sans faille réelle agrémenté de très grands moments mais qui manque un petit poil de pêche à mon goût. Un ou deux morceaux directs supplémentaires (dans la lignée de « Be Free » ou de « Universal You » avec son gros riff heavy) auraient sans doute été nécessaires et permis au groupe de rassurer ces fans. Un très bon album néanmoins.