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BLACK METAL  |  STUDIO

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SIGH - Shiki (2022)
Par ANIMA le 24 Octobre 2022          Consultée 3244 fois

Je suis nulle avec les mots, c’est bizarre de dire ça alors que j’ai déjà sorti un petit nombre de chroniques, que par le passé j’ai pas mal écrit et traduit des fanfictions et j’ai aussi écrit sur un webzine brony. Mais malgré toute l’expérience accumulée, je suis toujours nulle avec les mots, incapable de correctement raconter ce que je souhaite dire et pour le coup, ce dernier album de SIGH me fout le nez en plein dans ce problème. Parce que ce SIGH, si dans sa forme il est facilement descriptible, c’est vraiment dans le fond que j’arrive pas à mettre les corrects mots sur mon ressenti.

Sur la forme, "Shiki" sonne comme un retour au Black Metal, chose que n’avait pas fait le groupe depuis "Scenario IV", là, on est vraiment sur un Black quasi pur avec quand même une grosse influence Heavy parsemé de ci de là sur lequel viennent ponctuellement se poser les bizarreries typiques du groupe. Les débuts du groupe, notamment leur deuxième album "Infidel Art", me viennent en tête à l’écoute de "Shiki". Pour l'aspect Black bien sûr, mais aussi car j’y retrouve un SIGH en pleine furie étonnamment sincère, loin des fanfaronnades bourrines de "Hangman’s Hymn" et de "Scenes From Hell", plus proche de morceaux comme "The Knell" ou "Suicidogenic". C’est assez déstabilisant en fait d’avoir un album de ce genre de la part de SIGH, notamment à cause d’une attente complètement flouée par le single "Mayonaka No Kai" qui partait sur des rivages plus psychédéliques assez proches d’un "Imaginary Sonicscape", même si du coup on garde cette optique de regarder vers le passé du groupe.

La direction prise par SIGH sur "Shiki" va évidemment déplaire à certains préférant le SIGH plus aventureux et bariolé, j’ai vu sur le web des gens critiquer son aspect trop sage sur les bidouillages et regretter l’audace de "Heir To Despair". Personnellement, j’adhère à ce SIGH plus sage, notamment car ce qu’il offre reste de très haut niveau et laisse quand même une place aux bizarrerie du groupe, ne serait-ce que les outros Électro glitchées de "Kuroi Kage" et "Shikabane", sur la seconde partie de "Satsui – Geshi No Hatoqui" qui part sur un beat accompagnant un duo corde (je n'arrive pas à bien identifier l’instrument, désolée)/synthé, ou encore "Fuyu Ga Kuru" (meilleur morceau de l’album) qui se tape un passage purement magnifique avec un chant plaintif et lointain et une flûte juste splendide et qui se termine avec encore plus de bidouillages Électro et du saxophone. Et bien sur, comment ne pas mentionner "Mayonaka No Kai" qui finit l’album (bon oui, il y a "Touji No Asa" qui sert d’outro, certes) en beauté avec son solo de synthé final absolument dantesque.

À côté de ça, tout l’aspect purement Heavy Black est impressionnant de maîtrise, quand on est dans du mid-tempo, ça riffe monstrueusement bien, et là je pourrais citer n’importe quel morceau de l’album en vrai mais j’ai un petit coup de cœur pour le riff principal ultra plombant de "Kuroi Kage" et celui de "Satsui – Geshi No Hato" qui introduit le premier solo de guitare. D’ailleurs, parlons-en de ces solos qui sont juste splendides, totalement Heavy dans l’âme et qui apportent tous quelque chose de différent aux morceaux, allant de la speederie décomplexée de "Shoujahitsumetsu" à la beauté de "Satsui – Geshi No Ato", on sent vraiment que Frédéric Leclercq (ex-DRAGONFORCE, KREATOR) s’est fait plaisir à les jouer, tout comme Mike Heller (FEAR FACTORY), l’autre nouveau venu du line-up, semble aussi s’être lâché sur la batterie. Et pour ce qui est du défouraillage, qu’est-ce qu’il est bon, furieux comme il faut, notamment sur le dingue "Shoujahitsumetsu" et apportant son grain de folie à des compositions comme "Shouku" où un mélange de chant clair, de chœur et de chant Black accompagne un tabassage en règle pour un résultat bien barré.

Je suis tombée sous le charme de "Shiki", l’album est à première vue assez simple à aborder de par l’efficacité de son Black teinté de Heavy, mais se montre riche et fourmille des extravagances habituelles de SIGH. Mais c’est vraiment son fond qui m’a juste retourné. En fait, derrière son aspect très fonceur et défouloir, "Shiki" aborde le thème ô combien de fois utilisé de la Mort (avec une majuscule, on est sur du sérieux là) mais avec un ton et des émotions bien plus subtils qu’il n’y paraît. Plus j’écoute l’album, plus j’ai l’impression d’entendre une sorte de fuite, Mirai hurle, semble provoquer la Mort et l’incarner comme le fait traditionnellement le Black Metal, on ne craint pas la Mort, on rit avec. Mais pourtant, sur "Shiki", on se rend vite compte, notamment via le chant, que tout cela n’est qu’une façade. On devine derrière ces hurlements plaintifs une fragilité et une peur communicative, comme si au final Mirai tentait d’imiter la Mort pour l’éloigner dans une vaine tentative. En plus du chant, on retrouve cet aspect vain dans les différentes fins de morceau constitués de glitchs, comme une radio en fin de vie tentant de capter à nouveau des ondes avant de s’éteindre définitivement. Néanmoins, face à cette peur de la Mort qui transpire sincèrement de "Shiki", il y a aussi une sorte d’apaisement mélancolique, notamment sur deux moments : "Fuyu Ga Kuru" que j’ai déjà décrit qui sonne comme une invitation au repos dans toute cette tourmente, un instant d’acceptation touchante, puis on a l’outro "Touji No Asa", composée de drones, douce et libératrice mais finissant avec un sifflement strident, se ressentant comme un instant de calme juste avant de finalement céder à la faucheuse. Ce que je ressens dans ces instants est indescriptible, je peux comprendre pourquoi je ressens ces choses (je viens d’ailleurs de l’expliquer), mais la mélancolie qui me saisit à chaque écoute reste bien présente, et c’est magnifique.

"Shiki" est un excellent album de SIGH, peut-être pas le meilleur (c'est et restera "Imaginary Sonicscape"), mais résolument celui qui a réussi le plus à viser juste en terme d'émotion. Avant j'écoutais SIGH pour son carnaval des enfers bariolé, maintenant, je l'écoute comme j'écouterais une procession funéraire.

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- Mirai Kawasima (chant, claviers, flûtes, piccolo, clarinette, shakuhachi, hi)
- Dr. Mikannibal (chant, saxophone)
- Frederic Leclercq (guitare, basse)
- Mike Heller (batterie, percussions)
- Satochi Fujinami (basse sur 'fuyu ga kuru')


1. Kuroi Inori
2. Kuroi Kage
3. Shoujahitsumetsu
4. Shikabane
5. Satsui - Geshi No Ato
6. Fuyu Ga Kuru
7. Shouku
8. Kuroi Kagami
9. Mayonaka No Kai
10. Touji No Asa



             



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