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SIGH - Graveward (2015)
Par MEFISTO le 11 Mai 2015          Consultée 4945 fois

Vous dire l'attente… Vous n'y comprendriez rien du tout. Je vais quand même essayer…

Je suis abonné à la page de SIGH sur Facebook et dès que j'ai eu vent, il y a un an, que le groupe sortait un nouvel album intitulé "Graveward", je me suis transformé en chien pisteur ; je surveillais chaque bruissement dans les broussailles, à l'affût de toutes les rumeurs, aussi faibles fussent-elles. Je lisais sur les avancées de l'album, postées par le leader Mirai, je me tenais au courant des difficultés du groupe à trouver un distributeur. Je compris alors ce qui avait repoussé cruellement la sortie de "Graveward", auquel je rêvais, en grand fan de SIGH que je suis.

Ça et le fait que Mirai ne cessait de peaufiner sa 10e créature, au mix archicompliqué, de son propre aveu, car "Graveward" contient un nombre record de tracks. On s'en rend rapidement compte avec l'épileptique entrée en matière "Kaedit Nos Pestis", qui nous replonge dans l'univers SIGH en nous présentant la thématique de cette cuvée 2015.

La galette est fortement inspirée par les classiques d'horreur en noir et blanc. Vous savez ces films qui effrayaient à l'époque, car ils faisaient découvrir un univers inconnu au public et décuplaient l'imagination de la mauvaise manière. Aujourd'hui par contre, ces longs-métrages révèlent tellement de défauts techniques et d'archétypes, qu'on en rit. N'oublions pas aussi que l'horreur a été repoussée dans ses derniers retranchements, trop souvent de grotesque et gratuite façon, et ne terrorise plus personne. Il faut salement être original pour produire un film d'épouvante efficace de nos jours. Vous avez plus de chances de prendre votre pied en tombant dans la nostalgie, en vous réécoutant vos incontournables, même si le frisson laissera sans doute place à un sourire éphèbe chargé de souvenirs.

Pourquoi est-ce que je vous sors tout ça ? Car c'est exactement ce qu'on ressent en écoutant "Graveward". Les initiés du groupe japonais de Black expérimental l'écouteront avec une joie renouvelée, retrouvant les diverses influences qui ont façonné cette légende vivante. Les autres, ceux que je plains et envie en même temps, n'auront pas le recul nécessaire pour apprécier profondément la démarche de Mirai et ses sbires sur "Graveward", qu'ils trouveront mirobolant par moments ou drôle et bourré de clichés.

J'avoue que moi aussi, j'ai osé sourire à de nombreuses occasions tellement le concept a été respecté, autant dans les ambiances que les lyrics. Je n'ai pas tant aperçu des fresques grises se déroulant dans des châteaux protégés par des nuées de chauves-souris, mais il est clair que les cimetières, les tombes et les films pionniers du genre horreur peuvent nous sauter aux neurones. Le Black/Rock Atmo speedé de SIGH se prête à ce genre d'artefacts mentaux, comme il s'est par le passé consacré à des débandades cirquesques ou des délires avant-gardistes déguisés en fausse pop. Certes, ces signatures SIGHiennes sont encore exhibées, mais on est moins dans les vapeurs de "In Somniphobia", on se rapproche plus de "Scenes From Hell". Pour jouer aux comptables, je dirais que l'apport de ces deux excellents skeud est de 30% pour "In Somniphobia" et de 70% pour "Scenes From Hell", un de mes albums préférés. Un bon mélange en somme, qui devrait plaire aux fans des deux « personnalités » de SIGH. Après dix albums, on peut se le dire : Mirai a un Dr Jekyll et un Mr Hyde en lui. Et merde qu'on peut s'en féliciter !

"Graveward" contient ainsi des morceaux de toutes les auges SIGHiennes ; de courtes salves servant de défoulement clinquant (le premier extrait, "Out Of The Grave", et "Dwellers In A Dream", qui clôture l'album en une violente sortie de cauchemar), des classiques instantanés (la pièce-titre, "The Forlorn" et ses guitares lourdes, son délicieux et comique refrain et ses chœurs fantomatiques), des compos plus atmosphériques et tranquilles qui viennent toucher d'autres cordes ("The Molesters Of My Soul" et la sublime "A Messenger From Tomorrow", qui dénotent un certain romantisme à travers la multiplicité des bidouillages) ou des trucs carrément dans la lignée du SIGH fanfaron ("The Tombfiller", "The Casketburner" et "The Trial By The Dead", qui offre un autre superbe refrain), où Mirai fait la part belle aux synthés et orchestrations. On ne peut demander mieux côté variété, impossible de ne pas vénérer un tel souci du détail, autant dans la construction entortillée des compos que dans la tracklist, qui nous fait naviguer sans trop nous lever le cœur. C'est un petit exploit, compte tenu que les 49 minutes ne nous laissent aucun répit.

Mirai a encore invité des guests de choix à venir chanter avec lui sur ses délires affolants : Metatron (THE MEADS OF ASPHODEL), un habitué chez SIGH, Matt Heafy (TRIVIUM), Frédéric Leclercq (DRAGONFORCE), Athanasios Tolis (ROTTING CHRIST) et Niklas Kvarforth (SHINING). Notons aussi la superbe performance de son acolyte, Mika, dont le chant clair est diablement agréable et pousse l'aliénation sur la tablette supérieure. Déjà que Mirai est fidèle à lui-même avec son chant timbré et ses croassements, avec tous ces guests, on est gâté. Disons que le chant est un instrument de plus dans cette orgie déjà foutrement incontrôlable.

Donc la Sélection comme « prévu » et un tonnerre d'applaudissements comme d'habitude. La surprise n'est pas complète par contre, probablement en raison de mes attentes trop élevées et de la passion exagérée que je porte à "Scenes From Hell". Mais un putain d'album qui devrait être élevé au rang de culte assez promptement. Enfin, dès que votre esprit sortira du brouillard de ce cimetière malfaisant !

Note : 4,5/5.

Podium: (or) "Graveward", (argent) "A Messenger From Tomorrow", (bronze) "The Trial By The Dead".

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- Mirai Kawashima (synthés, programmation, chant, samples, vocoder,,c.)
- Mika Kawashima (saxophone, chant)
- Yuichi 'you' Oshima (guitare)
- Junichi Harashima (batterie)
- Satoshi Fujinami (basse, percussions)


1. Kaedit Nos Pestis
2. Graveward
3. The Tombfiller
4. The Forlorn
5. The Molesters Of My Soul
6. Out Of The Grave
7. The Trial By The Dead
8. The Casketburner
9. A Messenger From Tomorrow
10. Dwellers In A Dream



             



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