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SIGH - Heir To Despair (2018)
Par MEFISTO le 19 Mars 2019          Consultée 2917 fois

Parmi les formations qui m'ont prouvé que le Metal pouvait revêtir de nombreux atours, exposer différents faciès et brouter dans des prés bigarrés, SIGH est définitivement dans mon top 5. Si vous voulez une description du style des Japonais menés de main de maestro par Mirai depuis belle lurette, lisez mes dernières chros, me répéter est devenu un passe-temps réservé à mes trois mômes…

Ce que je vous allouerai comme confidence par contre, c'est que SIGH repousse les limites du n'importe quoi sur "Heir To Despair", notamment en ajoutant un chapitre au psychédélisme qui fait sa renommée ou en invitant comme guest la panthère Anselmo… Ouf… Tu parles d'un risque ! Bon, ok, il prête ses cordes vocales seulement sur la piste 2, probablement la plus consensuelle du disque en plus, alors les dégâts sont limités ! Mais bon, si je n'avais pas mentionné son nom, sans doute (je suis poli) ne l'auriez-vous jamais remarqué…

Fermons la parenthèse…

SIGH signe avec ce onzième album une énième réussite, un autre ovni alliant maîtrise technique et éventail ambiophonique. Mirai et ses congénères sont des maîtres du risque, du non-conformisme accessible ; ils poussent le bouchon très loin, mais n'oublient jamais de demeurer cools et intelligibles. Voilà pourquoi Mirai a toujours su emprunter aux styles nobles comme le Classique, le Blues et le Jazz, ainsi qu'au Folk ou à l'Electro, tout en restant foutrement accrocheur et badass.

Ce qui marque au fer rouge la musique de SIGH depuis une dizaine d'années aussi est ce penchant pour la musique arabe et mystique, qui ressort davantage ici que sur "Graveward", orienté davantage vers les trames horrifiques. "In Somniphobia" jonglait plus avec le style préconisé sur "Heir To Despair", qui s'avère un somptueux festin occulte et multicolore pour les esgourdes le moindrement dégourdies.

"Aletheia" pose rapidement les jalons de cette tortueuse odyssée avec sa jolie mélodie, ses effets arabisants et son atmosphère hallucinatoire, que l'on retrouvera entre autres sur le trio "Heresy". Mirai et ses musiciens ne lésinent pas sur la variété des instruments pour asseoir leur légitimité : on passe du piccolo au shamisen (guitare orientale), à une harpe japonaise (taishogoto) au bon vieux saxo de l'alter(e) ego(e) de Mirai, Mika Kawashima, alias Dr Mikannibal. Ce bouillonnement est tout bonnement magique lorsque fusionné aux grattes incendiaires de Mirai, le bluesman du Diable en personne.

Rares sont les moments où on se gratte le cuir chevelu d'ennui, SIGH est un sacré maître de piste qui sait garder son public sur le bout de son siège. La mid-tempo et curieuse "Hunters Not Horned" sonne très progressif et nous fait voyager dans nombre d'époques. C'est alors que se pointe le mastodonte "In Memories Delusional", toutes cornes dehors, pour vous étamper contre le mur. Les rythmes se succèdent et ne se ressemblent décidément pas, Mirai nous lance un défi de taille pour le suivre dans la brume colorée de son bordel.

SIGH baisse rarement la garde à proprement dit ; s'il le fait, subtilement, il nous surprend avec une arme cachée dans ses guêtres pour nous pourfendre les tripes. Voilà, je viens de vous présenter "Heresy", le foutoir indescriptible de l'album qui vous rendra haletant pour le dernier tiers de "Heir". Putain, tu parles d'un shoot… « Allo ? L'asile ? Il vous reste une place ?»

Heureusement, SIGH reprend le dessus pour terminer ce onzième coup de poing avec inspiration et classe. Vous craquerez sûrement pour la nerveuse et plaisante "Hands Of The String Puller", juste avant que la pièce-titre vous achève le cerveau masochiste de brillante et admirable façon. Du grand art !

Ce qui charme le plus sur "Heir" n'est pas seulement son contenu, mais le simple fait que SIGH puisse encore déployer autant de créativité, de beauté, d'énergie et susciter un tel raz-de-marée d'exclamations après vingt-huit ans. C'est là un sceau de qualité indéniable, une promesse d'intronisation prochaine au rakuen musical nippon. Pour moi, il n'aura jamais fait aussi bien que sur "Scenes From Hell", mais ça… C'est mon fantasme.

"Heir" est une pierre polie de plus à insérer dans le mur des félicitations de ce temple shinto qu'a bâti SIGH après toutes ces longues années à trimer dur comme un ermite. Qu'il reçoive tous les éloges qu'il mérite pour nous avoir montré que de la mixité des genres les plus improbables peuvent découler des éclats intemporels.

*Sigh*, c'est déjà fini...

Note : 4,5/5. Pas de Sélection cette fois parce que SIGH n'a plus besoin de projecteurs pour scintiller.

Podium : (or) "Heir To Despair", (argent) "Aletheia", (bronze) "Heresy I: Oblivium".

Indice de violence : 2,5/5.

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- Mirai Kawashima (chant, claviers, flûte, piccolo, taishōgoto)
- Phil Anselmo (chant additionnel sur 2)
- Kevin Kmetz (shamisen sur 1,3,4,8)
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- Satoshi Fujinami (basse)
- Junichi Harashima (batterie)
- Yuichi 'you' Oshima (guitare)
- Mika Kawashima (saxophone alto, chant)


1. Aletheia
2. Homo Homini Lupus [feat. Phil Anselmo]
3. Hunters Not Horned
4. In Memories Delusional
5. Heresy I: Oblivium
6. Heresy Ii: Acosmism
7. Heresy Iii: Sub Species Aeternitatis
8. Hands Of The String Puller
9. Heir To Despair



             



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