MARK LANEGAN est la définition même de l’artiste : celui qui crée, qui compose, qui collabore avec d’autres créateurs de styles et de genres différents. Il fait ses œuvres, cultive son art, son savoir, parfait sa technique au gré des années et de ses expériences. De cette façon, il est d’autant plus facile d’y reconnaître la créativité et sa diversité. Sa poésie, ses sentiments, ses observations sont reflétés à travers ses paroles et sa musicalité.

Mark LANEGAN a exprimé son art sous diverses formes, principalement avec les gars de SCREAMING TREES et QUEENS OF THE STONE AGE. Bien sûr, c’est à travers ses albums solo qu’il a principalement été prolifique : dix albums, si on inclut les compilations de reprises. Et l’homme ne s’arrête pas là : nous voici avec la suite de "Gargoyle", le nommé "Somebody’s Knocking".

Depuis 2014, nous avions remarqué un changement de style dans la composition des morceaux. Depuis "Phantom Radio", il était clair que notre ténébreux chanteur avait changé de cap. Après le Grunge Psychédélique de SCREAMING TREES, le Grunge acoustique des débuts en solo et le Folk qui s’ensuivra, notre poète maudit nous avait fait découvrir son nouvel amour, le Folktronica. En somme, c’était du Folk, mais une boîte à rythmes à la place d’une guitare. Le style était très surprenant, déstabilisant même.

Avec un troisième album dans la même veine, il est désormais clair que Mark LANEGAN n’a aucune intention de changer son fusil d'épaule. Un message donc pour les lecteurs ayant détesté "Phantom Radio" et "Gargoyle" : évitez cette galette comme la peste (ou comme la Covid 19, c’est au choix). Ainsi, ce sera à l’auditeur de faire le choix ou non de faire l’achat en toute connaissance de cause. Il vous faut comprendre que l’ouverture d’esprit doit être de mise, l’écoute intensive aussi. Car les morceaux se ressemblent pour le non-initié (que je suis). Avec le temps, pourtant, certains titres ressorts du lot : l’entraînant "Stitch It Up", l’obnubilant "Playing Nero", ou le sentimentaliste "Two Bells Ringing At Once" par exemple.

Pour ceux et celles ayant parcouru la discographie de l’homme en noir, il est facile de comprendre ce qui tient l’auditeur en haleine. Ce ne sont pas les riffs, la complexité musicale ou les envolées vocales, mais plutôt la sensibilité et l’atmosphère souvent coupée au couteau. Des morceaux comme "Autumn Leaves", "Carry Home" ou "Borracho" me font toujours autant d’effet, et ce malgré des centaines d’écoutes. Ils viennent toucher la corde sensible et sont d’une beauté à tomber. Il est malheureux de constater que, sur "Somebody Knocking", aucun des morceaux n’arrive à ce niveau. Un fait douloureux s’il en est, puisque j’aurais été très curieux de voir si le résultat avait été le même si, à la place d’une boîte à rythmes, on avait pris une simple guitare acoustique.

Malgré toute ma bonne volonté, il est donc clair que le onzième album de l’artiste des artistes peine à convaincre. Dommage, mais j’ai confiance que, malgré tout, LANEGAN saura rebondir. Après tout, il est la définition même de l’artiste.

Morceau préféré : "Gazing From The Shore".