Cet album a un titre trompeur et possède une pochette d’une banalité affligeante. Cet album, je me le suis tapé un nombre incalculable de fois. Cet album, c’est le dernier que Mark LANEGAN fera en solo pour un très long moment. Peu de temps après la tournée, l’homme entrera dans une démarche collaborative (notamment avec les membres de QUEENS OF THE STONE AGE, qu'il quitte régulièrement après "Lullabies To Paralyze" : la fin d’une époque, le début d’une autre.

Je me souviens encore de ma première écoute, sceptique que j’étais devant la pochette d’une banalité affligeante. "Bubblegum", au bout du compte, c’est quoi ? L’aboutissement de toute une carrière musicale, tout simplement. De ses débuts au sein de SCREAMING TREES, à l’explosion du Grunge, en passant par ses débuts en solo façon Unplugged jusqu’au dernier retranchement du style Blues/Folk, "Bubblegum" est le sommet musical de l’homme. Voilà, c’est dit.

Il faut dire qu’il y a de tout sur cet album. Il est facile de s’imaginer en plein désert sur "Like Little Willie John". Notre bon vieux Lanegan se promenant dans un village, un flingue de style winchester d’une main, une bouteille de whiskey dans l’autre. On retrouve le Rock torturé sur "Amphetamine Blues", le Blues typique sur "Hit The City". Il y a bien sûr le duo avec sa femme, Wendy Rae Fowler, intitulé "Wedding Dress" à l’ambiance très creepy. Vous voulez encore plus de diversité ? Mark Lanegan nous balance des violons déchirants et une batterie épileptique sur "Can’t Come Down". Le tout se termine par un "Out Of Nowhere" qui touche à la perfection : sensible, toute en émotion, le dernier morceau de "Bubblegum" met un point d’honneur à un album des plus classiques.

Bien sûr, les radios, les maisons de disques et tout le bordel du star-system de ce monde ignoreront un disque qui botte le cul à 99% des galettes sorties la même année, et ce en soulevant à peine le petit doigt. Mais l’homme s’en fout, il est rendu ailleurs. Lanegan préfère se terrer dans un coin sombre et chanter pour quelques chanceux venus le voir dans une ambiance de taverne sous une lumière tamisée. Car pour certains, c’est ça la réussite, rien de moins.

Pour connaître totalement l’œuvre du bonhomme, il est primordial de jeter un œil sur les paroles : écorchées, noires, dépressives et désabusées. Je me risquerais même à dire que pour bien comprendre la musique de Lanegan, la lecture des paroles amène un plus sans précédent. Il faut dire que notre ami, contrairement à ses collègues Cobain ou Staley, n’a jamais connu le succès qu’il aurait mérité. Mais Lanegan remplace cette frustration par l’endossement de l’artiste incompris, du poète maudit. Et Dieu que ça marche ! Il faut dire que son style de vie des plus débridés aide énormément…

"Bubblegum" est le dernier disque solo de Mark LANEGAN pour une période de dix ans. Après avoir quitté SCREAMING TREES, le monsieur aura été seul membre de son bateau. Il est maintenant temps pour lui de retrouver un autre équipage, cette fois nommé QUEENS OF THE STONE AGE. Bien sûr, connaissant l’homme, il ne s’agit que d’un court moment avant de revenir au bercail huit ans plus tard.

Morceau préféré : "Hit The City".