Pendant un bon moment, j’ai hésité à chroniquer la discographie de Mark LANEGAN. Le style de musique en était la raison principale : déjà que le Grunge ne correspond pas nécessairement à la famille Metal, "The Winding Sheet" est encore plus éloigné de la frontière du grand pays de NIME : on y retrouve une musique plutôt inédite : du Blues Grungy. Mark Lanegan, avec sa voix grave et profonde, est entouré d’instruments principalement acoustiques. L’ambiance y est chaude et simpliste.

Voilà donc le constat qui s’impose : le premier essai de LANEGAN est loin du Metal lourd. Cependant, en lisant ici et là les commentaires non seulement sur l’album, mais sur la discographie complète du monsieur, un second constat s’impose : le bonhomme a du talent. Plusieurs artistes (dont certains dans l’univers Metal) le soutiennent avidement. L’un de ses plus fervents amateurs, Dave Grohl, admet volontiers que "The Winding Sheet" est l’un des meilleurs albums et qu’il a eu une influence majeure sur le "MTV Unplugged" de NIRVANA. Après un petit tour de piste, voilà que mon idée est faite : je vais chroniquer la disco, point. De plus, cela permettra de bien compléter l’univers des SCREAMING TREES.

Mark décide de partir en solo alors qu’il est toujours le chanteur du groupe, idée qu’il caressait depuis un certain temps afin de mettre sous enregistrement certaines idées qui ne cadraient pas nécessairement avec les autres membres du groupe. On entre donc dans le vif du sujet avec un "Mockingbirds" tout en douceur : guitare acoustique, batterie en retrait, voix chaude de Lanegan : tout est mis en place pour nous faire planer tranquillement, tout en douceur. Les morceaux suivants sont tous du même acabit : tranquilles, flottants, ambiancés.

Débarque ensuite la première surprise de l’album : "Down In The Dark". En plus d’être l’un des seuls morceaux contenant une guitare électrique, Mark est accompagné au chant par un certain… Kurt Cobain ! Hey oui, à cette époque "Bleach" est sorti, mais la popularité du groupe n’est pas encore au rendez-vous. En plus d’être un morceau merveilleusement bien construit, le chant des deux comparses se complète parfaitement bien.

S’ensuivent l’hypnotique "Wild Flowers" et le morceau-titre de cinq minutes qui retournent à la musique "Bluesy-Grunge" si chère à Lanegan. La deuxième surprise déboule ensuite : le traditionnel "Where Did You Sleep Last Night". Pour cette occasion, Lanegan sera appuyé au chant et à la guitare par Kurt Cobain et à la basse par Krist Novoselic. C’est donc un NIRVANA au grand complet (ils étaient à la recherche d’un nouveau batteur à l’époque) qui appose son talent sur ce morceau. Morceau qui a d’ailleurs tellement eu une influence sur lui qu’elle sera reprise plus tard sur son "MTV Unplugged", c’est dire. Cette version-ci offre un son évidement plus Bluesy, moins émotif que la suivante. Laquelle est la meilleure ? Tout est une affaire de goût. Je dois toutefois avouer que j’ai un petit plaisir avec celle-ci dû à l’énorme son de basse donné à Novoselic et au duo de vocaux irrésistible. Les deux derniers morceaux ? Un Lanegan accompagné par une simple guitare, chantant quelques paroles ici et là.

"The Winding Sheet" a été enregistré il y a près de trente ans, mais sonne toujours aussi bien. Très novateur pour l’époque, on y retrouve de bien belles qualités une fois la surprise passée. Le premier essai de Lanegan ouvrira la voie à de nombreux groupes qui donneront une seconde vie à leurs morceaux en les rendant acoustiques.

Morceau préféré : "Mockingbirds".