Il aura fallu quatre ans à notre bon ami Mark Lanegan pour donner une suite au mythique "The Winding Sheet". Il faut dire que depuis la sortie de l’album éponyme, beaucoup d’événements se sont succédé : L’explosion du phénomène Grunge (courtoisie de son ami Kurt Cobain), en plus de faire des tournées avec SCREAMING TREES devenu très populaire puisqu’œuvrant dans le même domaine musical que NIRVANA. Notre charismatique leader n’a donc pas eu le temps de chômer outre mesure.

Sur le plan personnel, il s’agit paradoxalement d’une sale époque pour le chanteur : aux prises avec un sérieux problème d’alcool et de drogues, le chanteur est au bord de la dépression. Après avoir terminé le disque, celui-ci s’approche d’une rivière afin d’y jeter les bandes sonores. Seule l’intervention du producteur Jack Endino permet de sauver le résultat de quatre années d’enregistrements. Il faut dire que les sessions n’ont pas été des plus stables : une semaine par-ci, quelques jours par là. Des réenregistrements nombreux s’ajoutent à tout le bordel, conséquence directe du comportement très erratique de Mark qui est très instable mentalement parlant.

"Whiskey For The Holy Ghost" : Voilà le titre de ce second effort. Si vous jetez un coup d’œil à la pochette (une table sur laquelle est déposé bien en évidence : une bouteille de Whiskey, un verre rempli de cet alcool ainsi qu’un cendrier avec une cigarette), on peut vite dire que celle-ci colle parfaitement à l’ambiance générale de l’album : on imagine notre Lanegan chanter l’intégralité de la galette dans un bar, assis sur un tabouret, une clope à la main, un verre d’alcool dans l’autre. Des lunettes fumées, un vieux jeans troué et une lumière tamisée viennent compléter le tout.

La musique est cette fois très bluesy. Mais au niveau des textes, on peut dire que le côté Grunge prend sa part du gâteau avec des thématiques très dépressives. On a donc tour à tour des thématiques axées sur les effets des drogues et alcool, mais aussi sur la dépression et les états instables. Je pense même que le titre "Borracho" (littéralement "ivre" en espagnol) a été enregistré pendant que Mark était… Ivre. Pour la musique, elle est variée : tantôt on y entend qu’une simple guitare, d’autres fois Lanegan est accompagné d’un violon ou d’un piano. Bref, avec "Whiskey For The Holy Ghost", on trouve un peu de tout, pour peu que ce soit ambiancé. Le résultat est très intimiste : on entre dans l’univers de Mark, dans l’état d’esprit où il se sentait au moment de composer l’album : dépressif, accro aux substances diverses. Les morceaux sont bons, bien construits. Les fans de "The Winding Sheet" ne seront aucunement dépaysés face à ce deuxième essai. Je trouve toutefois qu’il est plus difficile d’approche que la première galette du monsieur : peut-être dû à son côté plus personnel, il vous prendra plus de temps à le "comprendre" que son prédécesseur. De mon côté, il m’a fallu plusieurs sessions d’écoute avant de l’apprécier à sa juste valeur.

Plus subtil que son prédécesseur, "Whiskey For The Holy Ghost" vous amène sur des terres très personnelles, intimiste de toute beauté. Mon constat final ? L’attente en valait la peine. À écouter en fin de soirée, la lumière tamisée avec un verre à la main.

Morceau préféré : "Borracho".