"Man On The Run" m’avait fait l’effet d’un coup dans les couilles : une émotion extraordinairement foudroyante et inattendue suite à un impact aussi vif que douloureux dans l’entrejambe. Je dois admettre que ma déception était immense (et ô combien violente). Après tout, BUSH fait partit de mon top 5 des groupes Grunge par excellence. Avant leur pause, les Britanniques présentaient un sans-faute : ils avaient non seulement livré de la musique Grunge classique des représentants de Seattle, mais avaient également transformé leur production de garage en insérant des touches "Electro" ici et là. À leur retour d’hibernation, "The Sea Of Memories", avec son Post Grunge bien léché, était différent mais de bons augures. En autre terme, BUSH n’avait rien perdu de sa touche magique. Et puis le méchant "Man On The Run" est apparu et m’a botté les couilles. Oui, amis lecteurs, les gars en sont maintenant rendus à cette étape de leur carrière musicale où le recyclage d’idées est pratiqué. C’était du Grunge de mondain, un "Grunge" en pilotage automatique : les morceaux rejetés des galettes précédentes.

Nous voilà donc en 2017 avec "Black And White Rainbows". Visiblement, il est permis de croire que les gars ont compris qu’ils avaient raté quelques choses avec "Man On The Run". Notre charmant leader saisit désormais qu’il doit évoluer et changer les choses. Comme sur les albums précédents, il décide alors de transformer sa musique : cette fois, de manière draconienne. Fini les demi-mesures, la coupe à moitié pleine, la subtilité. Non, maintenant il est temps de mettre à mort le Grunge. Les indices étaient déjà là depuis un petit moment : le chant possédait ce ton de plus en plus langoureux, les paroles évoquaient de plus en plus l’amour et l’amitié. Nous voici donc avec un album… de Love Metal. Le genre de galette qui aurait été écrite par HIM quoi. Avec des titres comme "Mad Love", "Peace-S" ou "Toma Mi Corazon", cela ne trompe évidemment personne. Je l’ai souvent répété, je n’ai rien contre le changement (tout comme la continuité d’ailleurs), tant et si longtemps que la musique est de qualité. À ce sujet, il faut dire que le leader de BUSH s’est un peu planté…

Il faut dire que les astres étaient alignés pour un beau ratage. Par expérience, les gars n’ont jamais eu de réaction positive suite à un plantage musical. Si on retourne en arrière, on se souvient que "Golden State" avait été un échec commercial (malgré une certaine qualité d’écriture). On se remémore la façon de réagir des gars : une mise en hibernation du groupe, un état de veille indéterminé. Voilà, tout est dit. Maintenant, l’idée est de changer complètement de style, et non pas seulement de garder certains aspects du Grunge comme anciennement. Malheureusement, il s'agit d'une musique absolument pas naturelle pour eux, en plus d’être dans un registre différent. Lorsqu’on écoute BUSH en 2017, on se dit qu’elle est loin la période de "Sixteen Stone" et de la production de garage. En comparaison, "Black And White Rainbows" est hyper léché, le son cristallin.

Rien n’est à retirer de cet album, rien. Love Metal oblige, aucun morceau n’est vraiment couillu. L’agressivité ou le punch de certains riffs est aux abonnés absents : on est loin de "Little Things". Que reste-t-il donc ? Des nappes de synthé, des morceaux mous du genou, des mid-tempos, mais surtout de longues balades plaintives. J’imagine facilement les filles en extase devant cette musique poussive. Peut-être est-ce moi qui devrais faire plus d’effort : après tout, il est fort probable que les fans de Love Metal aimeraient ce disque, il faudrait simplement leur demander. Personnellement, j’ai un certain dédain pour ce style : amour et Metal étant plutôt en contradiction. Si on ajoute une galette entière dédiée à cette thématique, on est en route pour un bon moment d’ennui.

Très différent dans l’approche, BUSH nous livre un "Black And White Rainbows" qui évolue dans style complètement différent du Grunge, autant dans la forme que dans le contenue. Bien entendu, si tu es un fan de Love Metal, ce disque est probablement pour toi. Mais pour un fan de Grunge pur et dur, il te faudra une bonne dose d’ouverture d’esprit pour terminer l’album… Ouch mes couilles !

Morceau préféré : "Ray Of Light".