Recherche avancée       Liste groupes



      
DOOM METAL  |  STUDIO

Commentaires (6)
Lexique doom metal
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : ArÐ, Madrigal, Wintereve, Khemmis
- Membre : The Water Witch , Vallenfyre, Solstice, Kill Ii This, Blaze, Blasphemer, Bal Sagoth, A Forest Of Stars, Cradle Of Filth, Hellfest
- Style + Membre : Paradise Lost, Anathema, Dominion

MY DYING BRIDE - The Ghost Of Orion (2020)
Par DARK BEAGLE le 13 Juin 2020          Consultée 2601 fois

Qu’il est parfois difficile de devoir assumer un avis clairement contraire à celui de la majorité, surtout lorsque cet avis concerne un groupe de vous aimez beaucoup et que bien entendu, cet avis est négatif. L’inverse est bien plus facile à vivre. Ici, c’est MY DYING BRIDE qui se retrouve ainsi montré du doigt, lui qui est applaudi avec force depuis la sortie de "The Ghost Of Orion", sa dernière œuvre, qui s’est présenté à nous cinq ans après "Feel The Misery" très correct qui avait des faux-airs de retour aux sources. Cinq ans, c’est long. Il peut s’en passer des choses sur cette période et effectivement, la roue du temps a tourné et les événements se sont précipités, souvent malheureux mais heureusement, aucunement tragiques.

Avant toute chose, je tiens à préciser que MY DYING BRIDE et moi, c’est une vieille histoire. Nous sommes presque un vieux couple, si vous voulez. L’histoire a commencé entre nous durant l’hiver 1995, quand quelqu’un a eu la formidable idée de m’offrir "The Angel And The Dark River" à Noël et le coup de foudre a eu lieu sur "Cry Of Mankind", comme de bien entendu. Oui, on sait s’amuser dans ma famille. Depuis, je suis de près la carrière des Anglais et trois albums me servent de référence : "Turn Loose The Swans", "The Angel And The Dark River" et, étrangement, "34,788%... Complete", pour son côté aventureux certainement (et aussi parce que j’avoue un faible particulier pour "Host" de PARADISE LOST).

La troisième pointe du triangle du Doom Death britannique (les deux autres étant bien entendu ANATHEMA et PARADISE LOST) a eu une carrière prolifique, en atteste ce quatorzième album qui présente ce qui sera certainement la jaquette la plus marquante qu’ait connu MY DYING BRIDE, signée Eliran Kantor, qui est le graphiste que tout le monde s’arrache dans le milieu du Metal actuellement. Et ce serait presque ce qu’il y a de mieux sur cet album, ce portrait subtil d'une femme vêtue de voiles, si ce n’était son morceau d’ouverture, "Your Broken Shore", qui ravage tout sur son passage.

Avant d’entrer plus dans les détails, parlons encore un peu d’extra-musical. Encore une fois, MY DYING BRIDE nous présente un nouveau batteur en la personne de Jeff Singer, qui avait auparavant officié au sein de BLAZE ainsi que chez PARADISE LOST. Au niveau guitares, c’est avec regrets que nous constatons le départ de Calvin Robertshaw si peu de temps après son retour, quand son apport à la composition aurait pu peut-être changer certaines choses. Le groupe quittera également le label Peaceville après pas loin de trente ans de bons et loyaux services pour rejoindre l’écurie Nuclear Blast (là, chacun se fera son opinion). Mais surtout, le chanteur Aaron Stainthorpe s’est retrouvé confronté au cancer par le biais de sa fille de cinq ans qui a vaillamment lutté et va beaucoup mieux aujourd’hui. Et c’est en homme brisé qu’il a entrepris le travail d’écriture de "The Ghost Of Orion".

Malheureusement, cela se ressent. Alors que souvent il a su remuer les tripes d’un auditoire avec la tristesse de son interprétation, il n’est qu’un fantôme tangible ici. Sa prestation est vide, fatiguée. Il chante bien en voix claire, il livre quelques growls convaincants, mais il ne véhicule que peu d’émotions. Il manque quelque chose à son chant pour qu’il fasse mouche. Là, il s’écoule, lancinant, mais il n’a pas cette aura particulière, assez caractéristique du personnage qui donnerait presque envie de pleurer par moments tellement il nous brasse, ou plutôt, tellement il a su nous brasser. Sa plus belle prestation, c’est sur "Your Broken Shore", comme pour le reste de l’équipée, qui semble avoir un petit coup dans l’aile.

Pour être franc, l’album se traîne. Il dure un peu moins d’une heure, mais parfois, une heure, ça dure une éternité. C’est le fidèle Andrew Craighan qui s’est chargé d’écrire la majeure partie de cet album et pour le coup, cela manque de répondant. Un seul morceau, outre le premier, se retient avec plus de facilité que le reste : "Tired Of Tears". Comme par hasard, les deux contiennent des lignes de guitare que ne renierait pas Greg Mackintosh (oui, oui, PARADISE LOST, encore et toujours). Cette dernière accompagne à merveille Stainthorpe quand ce dernier répète ce refrain lourd et mélancolique comme une tirade tragique.

MY DYING BRIDE a beau s’offrir les services de Jo Quail (que l’on a entendu dernièrement chez WINTERFYLLETH ou MYRKUR) pour apporter à sa musique la langueur d’un violoncelle, il ne parvient à ne dégager qu’une émotion factice. Le Doom des Anglais, fortement teinté de Gothique, a toujours été larmoyant, avec ce violon qui fouillait le tréfonds de l’âme sans la moindre retenue et qui était une des marques de fabrique du groupe. Ici, il est juste monolithique, lourd mais étrangement insipide. Et ce n’est pas "The Solace" qui va tirer l’ensemble vers le haut, malgré la présence de Lindy-Fay Hella de WARDRUNA et qui étrangement vient plomber le tout après "Tired Of Tears" et vient marquer le gros tournant de l’album ! Agaçant et inutile.

Après, si l’on se base sur le barème de Nightfall, "The Ghost Of Orion" devrait se taper un 1/5 lapidaire, vu qu’il s’agit d’une déception, mais ce ne serait pas rendre hommage aux Britanniques qui délivrent quelques bons morceaux (déjà cités) ainsi qu’un court instrumental qui accomplit parfaitement son office en terminant l’album sur une note funèbre bien comme il faut, qui fait la jonction avec l’ouverture. "Your Woven Shore" – ainsi que le très court title track et son ambiance… Fantomatique – font grincer des dents parce que clairement, MY DYING BRIDE avait des arguments pour réaliser un véritable bon album. Sans demander de miracles, il y avait de quoi espérer caresser du haut niveau. Mais le groupe aurait dû encore laisser écouler du temps, ne pas se sacrifier parce qu’il fallait sortir un disque pour ne pas être oublié. Et donner du temps à Aaron Stainthorpe pour soigner ses blessures et le laisser revivre plutôt que de convier un spectre à servir d’épouvantail sur cet album qui manque cruellement d’âme.

Alors oui, cela me désole de ne pas apprécier ce disque. Cela me désole de ne pas m’extasier dessus malgré un sacré nombre d’écoutes, pour ne pas réussir à m’en imprégner et j’envie sincèrement tous ceux qui y arrivent et qui prennent leur pied. Ici, tout ce que j’entends, c’est un groupe qui est devenu inoffensif, qui ne sait plus être abrasif et qui ne sait plus déchirer l’âme avec les sanglots longs d’un violon. Après plus trois décennies au service d’une idée singulière et personnelle du Doom, il semblerait que MY DYING BRIDE a tout dit dans le domaine et que même à être répété, son discours perd toute l’éloquence qu’il avait lors de ses jeunes années. "The Ghost Of Orion" sent la fin de carrière d’un groupe phare de la scène anglaise des années 90. À eux, maintenant, de me prouver que j’ai tort…

A lire aussi en DOOM METAL par DARK BEAGLE :


ORCHID
Capricorn (2011)
Sabbath bloody sabbath !




MOTOROWL
Atlas (2018)
L'air de rien


Marquez et partagez




 
   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Aaron Stainthorpe (chant)
- Andrew Craighan (guitare)
- Lena Abé (basse)
- Jeff Singer (batterie)
- Shaun Macgowan (violon, claviers)


1. Your Broken Shore
2. To Outlive The Gods
3. Tired Of Tears
4. The Solace
5. The Long Black Land
6. The Ghost Of Orion
7. The Old Earth
8. Your Woven Shore



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod