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- Style : Two, Joy Division, Black Cross Hotel, Grinderman

KILLING JOKE - What This For... ! (1981)
Par DARK BEAGLE le 8 Novembre 2018          Consultée 2204 fois

Le premier album éponyme de KILLING JOKE a été une claque. Rarement un album, jusque là, n’avait été aussi viscéral tout en étant aussi dansant, dégageant un groove de tous les instants avec quelques sonorités qui allaient façonner le futur de la musique. Bien que le groupe ne soit pas le seul à s’aventurer dans les méandres angoissants du Post Punk, KILLING JOKE a un petit quelque chose en plus qui le rend très fédérateur et susceptible de plaire aussi bien au public Metal que celui qui s’adonne à la New Wave, genre alors en pleine effervescence. La base Punk n’a pas été gommée, elle a juste été modifiée, complexifiée, pendant des mois, des années, jusqu’à obtenir un son qui lui soit propre.

"What’s THIS For…!" sort une année plus tard ; si la pochette du premier album ressemblait à une très mauvaise photocopie, celle-ci ressemble à une bonne photocopie mal colorisée. Plus sérieusement, elle n’est pas très belle, avec ses teintes plus que douteuses, mais c’est ce qu’elle exprime qui est assez frappant. Est-ce que James Herbert l’avait sous les yeux au moment où lui est venue l’idée de son troisième roman consacré aux rats ? On ne le saura jamais, malheureusement. Mais l’explosion nucléaire que l’on distingue en arrière-plan et qui s’apprête certainement à emporter la personne à l’avant dans son souffle dévastateur ne permet aucun doute : Jaz Coleman est toujours aussi parano et angoissé à l’idée que la Guerre Froide se réchauffe très brutalement. Ce qui expliquerait ces visages fardé comme des clowns qui surgissent des angles et des fenêtres, tournés vers celui qui se tient en face de la pochette et qui laissent une drôle d’impression, un brin malsaine. La blague qui tue.

Musicalement, l’album ne saute pas à la tronche comme son grand frère ; "What’s THIS For…!" n’a pas pu être aussi peaufiné que "Killing Joke" l’a été, ne bénéficiant pas du même temps de gestation. "What’s THIS For…!" se veut moins dansant, moins varié également, il est plus compact, respire peut-être un peu moins et n’en devient que plus claustrophobique. Coleman, en tant que Grand Prêtre, dispense sa messe avec des émotions proches du néant, contribuant grandement à l’aspect froid et déshumanisé de ce disque. Vous cherchiez la BO d’une fin du monde annoncée, ne cherchez pas trop loin, cet album pourrait très bien faire l’affaire.

Si "What’s THIS For… !" semble moins virulent, moins sophistiqué que son grand frère, il n’en est pas moins dangereux. La batterie occupe l’espace sonore de bien belle façon, forcément tribale, forcément enivrante. En revanche, la basse claque un peu moins que sur "Killing Joke", mais elle forme toujours une section rythmique lourde et sérieuse, délivrant ce groove particulier au groupe, même si cette fois-ci, plus confiné au milieu des assauts agressifs de la guitare de Geordie Walker, qui ne ménage pas ses efforts. Tout cela déblaie le chemin pour Jaz Coleman, qui plaque des notes tirées d’un synthétiseur torturé, conférant quelques sonorités Indus écrasantes. Puis il y a son chant, étrange, quasi monocorde, qui s’anime un peu sur les refrains (à moins que ce soit son accent bizarre). Mais ce chant fait également en grande partie ce que fait KILLING JOKE.

Le groupe peut jouer de façon plus compacte, comme c’est le cas ici ("The Fall Of Because", qui semble lénifiant aux premiers abords), mais il y a la voix de Coleman, ou plutôt, sa simple présence, qui fait la différence. Je parlais de Coleman comme d’un prêtre un peu plus haut et c’est vraiment ça. Il délivre Sa parole. Sauf que là, c’est la sienne propre qu’il dispense et il n’est pas optimiste le bonhomme. Sa vision du futur est forcément nucléaire et il nous raconte sa paranoïa avec ce ton désespérant qui lui appartient totalement et dont il sait abuser sans en donner l’air. Et ainsi "The Fall Of Because" ressemble au final à une espèce de cérémonie spirituelle, qui nous prend littéralement à la gorge. Sans être violent, c’est troublant, malveillant pour notre santé mentale même. Et quelque part, encore une fois, KILLING JOKE se veut précurseur, même si les musiciens n’en sont pas forcément conscients. La voie est ouverte pour une leçon dont il est difficile de se relever.

Le Punk est toujours présent dans le fond, pas dans sa frénésie. Les refrains les plus simples en proviennent ("Unspeakable", "Follow The Leaders"), mais ils ne sont pas l’intérêt de la chose. Tout réside dans le cheminement des idées, le refrain, lui, il est là pour donner un point de ralliement, un phare au milieu de la chanson qui ne demande qu’à briller en concert. Ces bouts de phrases ou ces mots lancés comme ça n’apportent pas grand-chose en soi mais dessinent les contours des chansons, aux couplets souvent très efficaces, habilement dosés et qui s’avèrent bien souvent intelligemment écrits. Parfois, le groupe va se permettre quelques petites sorties de route pour donner du relief, pour se faire plus mordant, à l’image de "Exit" où des aboiements furieux nous agressent, ce qui fait toujours son petit effet et qui donne envie de regarder derrière son épaule, juste au cas où.

Le génie, chez KILLING JOKE, est de mettre à mal sans avoir l’air. C’est avant tout une ambiance, qui se transforme très rapidement en expérience musicale, quasi religieuse, mais pas dans le sens sacré, plutôt du côté de la secte de dangereux illuminés, qui sur une base tribale se nourrie de l’énergie du Punk pour produire une musique qui peut plaire à énormément de personnes, dont le metalleux fait partie, retrouvant des franges de nihilisme qui lui parleront, des guitares délivrant des riffs agressifs, des rythmiques puissantes et des touches qui conduisent lentement vers ce que sera le Metal Indus. Sa descendance sera forcément dégénérée, elle se retrouve aujourd’hui dans de nombreuses formations qui doivent beaucoup à ce quartette britannique. Il faut juste laisser le malaise s’installer et fermer les yeux. Alors le cauchemar peut commencer.

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- Jaz Coleman (chant, synthétiseur)
- Geordie Walker (guitare)
- Martin (youth glover)
- Paul Ferguson (batterie)


1. The Fall Of Because
2. Tension
3. Unspeakable
4. Butcher
5. Follow The Leaders
6. Madness
7. Who Told You How ?
8. Exit



             



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