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METAL GOTHIQUE  |  STUDIO

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Lexique metal gothique
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2015 Extinct
2017 1755
 

- Style : The 69 Eyes , Nightfall, Nightingale, Tiamat, Septicflesh, Deathronic, Rotting Christ, Galadriel, Joy Division
- Style + Membre : Daemonarch
 

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MOONSPELL - Extinct (2015)
Par WËN le 17 Mai 2015          Consultée 7290 fois

Depuis son départ du giron de Century Media, MOONSPELL, en troquant son Metal Gothique finement ciselé pour un Dark Metal plus burné, a connu un véritable regain de notoriété, c'est un fait. Cette nouvelle formule, encore hésitante et perfectible sur "Memorial" (2006) pour petit à petit gagner en maturité et atteindre son rythme de croisière sur "Night Eternal" (2008), a eu pour effet de projeter le groupe sur le devant de la scène européenne et même internationale, lui ouvrant, béantes, les portes de plus grandes salles, tout en lui permettant désormais (Napalm Records à l'appui) de truster les médias à chacune de ses sorties. Autant de moyens d’asseoir sa domination ou de lui permettre de se faire l'écho de causes dont ses membres se sentent proches (cette campagne contre la discrimination féminine, pour Máxima Portugal, par exemple). En 2012, cette débauche de testostérone atteignait son paroxysme sur le fracassant "Alpha Noir" qui aussitôt terminé, nous laissait, presque incrédules, la mâchoire fermement plantée dans la platine; littéralement submergés par la déferlante de riffs que les portugais venaient de nous asséner en pleine tronche.

Seulement, nous concluions notre chronique sur un sentiment tout de même mitigé : malgré cet indéniable pied musical que la formation lusitanienne venait de nous faire prendre (et de nous coller au fessier, par la même occasion), nous ne pouvions nous empêcher de penser que le quintet avait peut être fini par épuiser son sujet dans ce créneau à la brutalité exacerbée. Certes, "Alpha Noir" fut (et est toujours) un défouloir monumental, mais nous y percevions un MOONSPELL qui se limitait volontairement, soucieux de ne pas sortir du carcan qu'il s'était lui-même imposé, malgré tout ce potentiel sous-jacent que nous pouvions y percevoir. Les esprits chafouins nous rétorqueront que son penchant jumeau, le lumineux "Omega White", était logiquement là pour satisfaire nos désirs de douceurs. Certes, mais là encore, cet appliqué et poli hommage aux géants du genre (TYPE O NEGATIVE, TIAMAT, etc.), au demeurant trop tiède pour souvent y revenir, ne pouvait être considéré comme autre chose que ce qu'il est réellement, à savoir un CD bonus. Et c'est au final, ce qui ressortait de ce duo de disques, un MOONSPELL le cul entre 2 chaises, dans une posture assumée mais néanmoins délicate, puisque dépossédé de cette dualité propre à sa prose qui a su faire son succès.

Ceci-dit, il n'y a pas de secret, dans le milieu, une formation ne saurait aborder une longévité de plus de deux décennies et fêter son dixième album sans un minimum d'abnégation mais aussi, et surtout, d'intelligence. Et à persévérer dans cette voie où leur dernier opus témoignait que la source d'inspiration, déjà, se tarissait, les lusitaniens ont bien compris qu'ils risquaient l'essoufflement. C'est donc à peine surpris, mais néanmoins soulagé et curieux, que nous verrons MOONSPELL nous gratifier sur ce "Extinct", d'un ravissant demi-tour stylistique pour revenir à des sonorités gothiques plus familières de leur milieu de carrière (nous penserons en premier lieu aux opus "Darkness And Hope", 2001 et "The Antidote", 2003). Mais attendez ! Veuillez, s'il vous plaît, rapidement me baisser ce sourcil renfrogné et interrogateur ! Nous vous l'accordons, annoncé comme tel, un "retour aux sources" demeure assez souvent synonyme d'une éhontée et racoleuse tentative de regain de notoriété, ce qui n'est jamais bon signe d'autant plus qu'ici, le duo d'albums tout juste cité ne correspond pas forcément à la période faste des portugais. Cependant rassurez-vous : déjà, caresser son public dans le sens du poil pour le faire revenir au bercail, MOONSPELL n'en a pas besoin, étant donné sa forme olympique et sa fan-base grandissante. Mais de plus, nous vous parlions tout justement à l'instant d'intelligence dans sa démarche artistique; et le quintet de nous prouver que ce retour-ci est mûrement réfléchi et effectué, et c'est bien là l'essentiel, avec une palanquée d'idées planquées sous la tignasse.

Donc, même si MOONSPELL quitte ici le Dark Metal agressif pour revenir à un Metal Gothique plus consensuel (mais pas pour autant conventionnel), nous ne pourrons néanmoins manquer de constater qu'il n'en occultera pas pour autant l'expérience acquise au cours des dix dernières années. Ainsi, dès le trio d'introduction, nous assistons à une sauvage métamorphose de l'entité lusitanienne, mais sans que celle-ci ne devienne méconnaissable pour autant. En une bichromie parfaite teintée de noir et de blanc, fusionnant en un savoir-faire unique l'alpha et l'oméga de sa musique, MOONSPELL fait peau-neuve en troquant ses frusques lycanthropiques pour des apparats plus raffinés; ces "Breathe (Until We Are No More)", "Extinct" et même "Medusalem", scandant le retour à cette dualité en clair-obscur que nous n'attendions plus forcément de lui. C'est d'ailleurs sans guère de risque que nous pourrons avancer que nous tenons sans doute là les trois compositions les plus ambitieuses de l'album. Les portugais n'ont en effet rien perdu de leur superbe, qu'il s'agisse d'envoyer du riff nerveux ("Breathe", "Extinct", voire "Funeral Bloom" et sa double pédale) ou de placer un pont atmosphérique plus nuancé ("Breathe", ou encore "Maligna" et ses cordes). Les orchestrations, devenues une constante de leurs dernières productions, sont toujours omniprésentes et grâce à l'apport du Mumin Sesler String Group (orchestre turc) se parent parfois même de quelques grandiloquences toutes méditerranéennes ("Breathe" et "Medusalem"). Couplées au bouzouki de Yassi Sassi (ex-ORPHANED LAND) qui vient en pincer quelques cordes sur le pont du second de ces deux titres (pendant le speech en … farsi, dépaysement garanti), c'est le souffle chaud et abrasif du Moyen-Orient qui vient nous brûler le visage et éveiller tous nos sens. Le mixe est énorme et Jens Bogren, plus qu'à son aise pour ce type de production burnée, ne dénature pas tout cette fois-ci (on se rappellera les récents ORPHANED LAND, KREATOR ou TURISAS qui, ainsi hachés à la moulinette suédoise, ont perdu toute identité et subtilité).

Bien sûr, et malgré le recul de leur agressivité, les guitares occupent toujours le premier plan, ne manquant pas de balancer quelques riffs bien trempés ci et là, ces riffs même qui ont su forger l'identité des portugais sur leurs premiers albums. Et que dire des soli, putassièrement jouissifs ! Ricardo Amorim, avec une maîtrise digne des plus grands, se fait vraiment plaisir sur les quelques-uns qui parsèment l'œuvre ("Medusalem" et "Extinct", "The Future Is Dark" ou encore celui de "Domina", tout en nuance) et le moins que l'on puisse dire et que cela est communicatif. Mais ce n'est pas tout, au contraire, les six cordes sauront également s'éclipser sur quelques passages plus "gothiques", au sens rock du terme. Un peu à la "Opium", en son temps. "Medusalem", "The Last Of Them", "Funeral Bloom", "The Future Is Dark" et consorts sont là pour en attester. Autant de compos qui s'articuleront autour de ces quelques grands poncifs inhérents au Metal-Gothique que sont ces voix graves, ces nappes douillettes ou ces basses rondouillettes qui n'hésitent pas à faire cavalier seul sur certains couplets. Et force est de constater que ces titres s'inscrivent au final parfaitement dans la mouvance de l'opus, alimentant de leurs larmes mélodiques, ces flots gothiques noirâtres aux reflets lumineux dont les portugais savent parer les berges de leurs partitions. Bien sur nous penserons forcément à TIAMAT et TYPE O NEGATIVE, mais MOONSPELL sait y insuffler ses propres racines lusitaniennes avec suffisamment de brio pour éviter toute impression de plagiat.

Enfin, si au travers des décennies, il ne devait rester qu'un seul élément de la musique de MOONSPELL détenteur de son identité, il s'agirait bien sûr du chant de Fernando Ribeiro qui, à l'aise dans tous les registres, ne saurait être pris à défaut sur ce disque. Tour à tour rageur (grunts impériaux sur certains refrains) ou, au contraire carrément suave dans l'âme comme dans ses gammes, mais toujours ô combien charismatique, le chanteur-parolier nous offre une fois de plus une prestation maîtrisée de bout en bout. Et, la maîtrise, c'est au final ce que l'on ressent, sorti de ce disque. Certes, les écoutes s’enchaînant, nous n'éviterons pas quelques légers égarements notamment du à certaines redondances sur les titres les plus gothiques et le final de "Domina" un peu lourdaud car répétitif. Ne lui manque seulement, pour éclipser l'astre nocturne qui l'inspire tant, qu'un ou deux hits plus immédiats, directs et ravageurs, passé ce fameux trio d'introduction.

Néanmoins, sans faute de conception majeure, "Extinct" va d'emblée se présenter à nous comme un album très mature. En dix titres concis (évitant ainsi le piège du "remplissage") les portugais, ne se contentant pas de reprendre maladroitement leur formule d'antan, nous livre ainsi, certes pas leur meilleur opus (votre serviteur restant égoïstement très attaché à ses premiers méfaits plus Doom), mais certainement l'un des plus finement composés jusqu'à ce jour. Délicatement ciselé à même l'onyx lusitanien, chaque élément à ici définitivement sa place et s'inscrit dans une implacable et intelligente logique d'évolution, MOONSPELL nous présentant là l'album qu'une fange de son public lui a reproché de ne pas avoir composé lors du diptyque "Alpha Noir"/"Omega White". Tout simplement.

Aparté collector : Chaque édition (LP, digibook, version classique), se voit renforcée par une vision différente de Seth Siro Anton (SEPTICFLESH, BELPHEGOR, CHAOSTAR) et agrémentée de quelques bonus à réserver avant tout aux aficionados :le DVD (80 minutes) présentant le making-of de l'album et quelques explications sur le concept se révélant sympathique mais pas immanquable, tandis que les quatre morceaux remixés par Pedro Paixao (claviers) demeurent d'un intérêt plus que limité (comme c'est malheureusement trop souvent le cas dans ce style d'exercice) puisque n'apportant rien aux versions d'origines, mis à part pour "Domina" (rebaptisée "Doomina" pour l'occasion) qui parée de telles cordes acoustiques prend une toute autre dimension.

Note réelle : 3,5/5.

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- Fernando Ribeiro (chant)
- Ricardo Amorim (guitare, chant secondaire)
- Pedro Paixão (claviers)
- Aires Pereira (basse)
- Miguel Gaspar (batterie)
- Yossi Sassi (invité- bouzouki, #3)
- Mahafsoun (invitée - discours farsi, #3)
- Rev. Mike Storm (invité - éloge, #7)


1. Breathe (until We Are No More)
2. Extinct
3. Medusalem
4. Domina
5. The Last Of Us
6. Malignia
7. Funeral Bloom
8. A Dying Breed
9. The Future Is Dark
10. La Baphomette



             



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