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METAL GOTHIQUE  |  LIVRE

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Lexique metal gothique
L' auteur
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ALBUMS STUDIO

1995 2 Wolfheart
1996 2 Irreligious
1997 1 Sin/Pecado
1999 1 The Butterfly Effect
2001 1 Darkness And Hope
2003 The Antidote
2006 1 Memorial
2008 1 Night Eternal
2012 Alpha Noir - Omega White
2015 1 Extinct
2017 1 1755
2021 Hermitage

E.P

1994 Under The Moonspell
2021 Before The Lights Go Out

SINGLES

2003 Everything Invaded

REMIX/ARRANG.

2007 Under Satanae

COMPILATIONS

2007 The Great Silver Eye

VHS/DVD/BLURAYS

2008 Lusitanian Metal

LIVRES

2019 Wolves Who Where Men - The His...
 

2015 Extinct
2017 1755
 

- Style : The 69 Eyes, Nightfall, Nightingale, Tiamat, Septicflesh, Deathronic, Rotting Christ, Galadriel, Joy Division
- Style + Membre : Daemonarch
 

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MOONSPELL - Wolves Who Where Men - The History Of Moonspell (2019)
Par WËN le 12 Novembre 2021          Consultée 3526 fois

MOONSPELL. 1989-2019. Ce sont 30 années de dur labeur au compteur, 30 années d'abnégation, 30 années passées à retrousser les babines contre gens et variété. Forts d'une discographie dorénavant tout à fait respectable (onze albums studio), les Portugais, d'abord injustement considérés comme "bêtes de foire" en raison de leurs origines pittoresques, ont, finalement, réussi à s'imposer à force de remise en question et (c'est certain) d'un réel talent de composition. Comme tout un chacun, ces années ne furent évidemment pas exemptes de retentissantes réussites alternées à ce qu’il faut - hélas - de périodes de disette (quelques errances artistiques à l’entame du nouveau millénaire) autrement moins joviales. Mais, sachant faire preuve de pugnacité sans jamais reculer face à l'adversité, l'iconique quintet, assumant la dualité de sa lycanthropie latente et maîtrisant tous les arcanes de son art pour l'embrasser dans sa globalité (Black, Death, Doom, atmo et même sympho avec son dernier "1755" à date), a finalement su revenir plus fort et assoir sa domination sur une scène Gothic Metal pêchue et riffue en éternelle quête de leaders depuis les pertes tragiques de SENTENCED et TYPE O NEGATIVE.

Une immersion dans l'antichambre du succès en relatant, sans fard, tous les évènements ayant émaillé la carrière de MOONSPELL via les propos des principaux concernés eux-mêmes ou ceux d'autres intervenants (proches ou rencontres de passage), c'est peu ou prou ce que nous promet cet épais bouquin : des garages et des rades de Brandoa au fabuleux Rock In Rio, retour sur l'histoire de la plus iconique des formations lusitaniennes.

Découpé en plusieurs parties bien distinctes, c'est sur les propos du père Filth, imminent et romantique hurleur de la troupe du CRADLE éponyme que s'ouvre ce recueil, le Britannique profitant d'une courte préface pour se remémorer quelques bons souvenirs et étaler à qui veut bien le lire ces quelques passions communes liant sournoisement les deux formations (la littérature, le bon vin, leur version respective de "Mr Crowley", etc.), tel un pacte de sang entre les loups garous portugais et leurs alter egos vampiriques de la perfide Albion, considérant d'ailleurs ni plus ni moins "Wolfheart" et "Dusk And Her Embrace", comme les deux faces grimaçantes d'une même pièce. Ils n'ont pas le même maillot, mais ils ont la même passion.

Puis vient le corps du sujet : un beau pavé de plus de 400 pages consacrées à la plus reconnue des formations lusitaniennes. Déjà, avant d'aller plus loin, retenons d'emblée (car ça a son importance) que Ricardo Amorim n'a pas signé ce bouquin. Enfin, si, mais pas lui, pas le Ricardo Amorim de MOONSPELL. C'est son homonyme, fanzineux puis journaliste de son état chez LOUD!, et ami de longue date du groupe qui joue ici les entremetteurs. Ça ne se devine pas, et la première dizaine de pages peut paraître confuse à ce sujet (les explications viendront peu après). Et tant que nous y sommes : les João listés en ces pages sont nombreux, attention, vous êtes prévenus !

En guise d'introduction, c'est sur les préparatifs du gig très spécial au Campo Pequeno de Lisbonne (2017 (*)) que s'ouvre le livre - dévoilant un groupe solide et désormais établi -, avant de nous entraîner dans une vertigineuse plongée dans le temps, de la genèse de MORBID GOD par le couple de potes Fernando/João Pedro, aux années actuelles. Étape nécessaire mais parfois fastidieuse, la remise en contexte de l’auteur est ici bienvenue, surtout dans le cas d'un pays comme le Portugal, souvent en marge du grand échiquier Metal. Comme nombre d'homologues méditerranéennes (Grèce, Italie), près de cinq ans (voir parfois plus) séparent les prémices de leur scène de celles anglo-saxonnes ou nordiques. C'est d’ailleurs à cette situation que sont consacrés les premiers chapitres où l'auteur, en parallèle à son propre background nous plonge dans le Portugal post-Salazar (régime autoritaire de l'Estado Novo), appauvri et en proie à un énorme exode rural. C'est dans ce contexte que les mômes de banlieues cherchent à s'évader à leur façon, la musique extrême étant un moyen parmi d'autres. C'est la visite promotionnelle de Quorthon de BATHORY en 1990 (**) qui déclenchera bien des passions lançant officiellement les débuts de l'underground Black portugais (le Circulum Obscenum) avec DECAY/DECAYED et BACTHERION/FILII NIGRANTIUM INFERNALIUM, auxquels se joindront les mugissements naissants de MORBID GOD, jeune formation au line-up encore virevoltant crée autour du duo Langsuyar (Fernando Ribeiro) / Ares (João Pedro). Leur jeunesse, les débuts du projet et ses prétentions, la première démo K7, des recrutements des membres qui forgeront son épine dorsale des années durant - du (très) jeune Mike (Gaspard, batterie du haut de ses seize ans) au réservé Pedro (Paixão, claviers) – à son premier concert au fond d’un garage (***) jusqu’à son logique changement de nom en MOONSPELL afin d'entériner tout cela, voilà, par le menu détail, ce que nous promet ce début de bio. Voilà les six propulsés vers "Under The Moonspell" et un avenir prometteur.

Déjà, à ce stade, les premiers chapitres sont réellement passionnants, puisque le livre prend le temps de poser les choses, de revenir sur les jeunes années et le background de chacun et même si les propos ont été recueillis sous forme d’interviews, jamais cela ne transparaît ou ne devient lassant, le tout étant très fluide, les intervenants paraissant presque se répondre entre eux et partager des souvenirs similaires mais avec chacun son point de vue. S'en suit un rythme assez régulier d'un chapitre par phase discographique (un album, une tournée importante, un nouveau membre, un autre album, etc.), à chaque fois très consistant. Si l’opportunité d’écrire cette bio de MOONSPELL s'est forgée sur la banquette arrière d'un van en écoutant les premières démos de ce qui allait devenir "1755", les deux parties prenantes étaient en tout cas d'accord dès le départ sur l’importance pour ce bouquin d'être le plus immersif et exhaustif possible afin d'offrir la meilleure expérience possible au lecteur. C’est clairement ce qu’il est.

Quant au contenu, c'est du caviar pour tout amateur de la formation désireux d'en connaître davantage. Pas de langue de bois, chacun évoque librement ses impressions du moment, et c’est l’un des gros points positifs à noter ici. Anecdotes de tournées ou d’enregistrements, ressentis, joies, accomplissements personnels, regrets, la carrière d’un groupe est inévitablement pavée d’émotions diverses et variées et les enseignements sont riches. À cela, l'auteur se refuse de se limiter à collecter les propos des seuls membres actuels du groupe, interrogeant tant les anciens (Mantus (guitare), Ares (basse), Sérgio Crestana (basse), etc.) que toute une palanquée de personnages hauts-en-couleur de la scène portugaise (Zé Bathory, Belathauzer, Tanngrisnir). Un bon nombre d’autres personnalités du circuit (Robert Kampf de Century Media, Waldemar Sorychta, Christian Bivel d’Adipocere Records) parfois inattendues (Mike Petrozza de KREATOR, Anneke Van Giersbergen de The GATHERING, Sakis Tolis de ROTTING CHRIST, les LACUNA COIL) se prêtent également au jeu… donnant au livre, en confrontant toujours plusieurs avis par des témoignages interposés, un caractère finalement plutôt neutre d’observateur et de rapporteur, sans prendre position sur les sujets, même les plus chauds (au hasard, l’affaire ‘Ares’). On saluera donc le travail tant colossal que méticuleux, au moment de recueillir plus d'un quart de siècle de souvenirs et d'expériences diverses. Pêle-mêle, quelques morceaux choisis :

- L'étrange façon de recruter de MORBID GOD à ses débuts, se basant davantage sur le dévouement à l'underground (et sa connaissance) que sur les réelles facultés musicales des prétendants.

- Les 12/13 minutes originelles de "Vampiria" ("Wolfheart"), expliquant l’aspect très ‘patchwork’ de la version finale que l’on connaît maintenant.

- Des années après (enfin), quelques éléments de réponse concernant le drama autour de l'éjection d'Ares, bassiste/fondateur de la formation au caractère bien trempé, écarté du groupe à force de vouloir avoir la main mise sur tout, et apparemment davantage concerné par le business que par ses propres camarades de jeu. Le bonhomme, ayant déposé les droits des premiers albums et breveté dans la foulée le nom "MOONSPELL" (dont il est à l'origine), demeura une véritable épine dans le pied du groupe, l’amenant à une bataille judiciaire de plusieurs années. Un chapitre entier y est consacré.

- La parenthèse orientée Black Metal de DAEMONARCH (en réponse à "Sin/Pecado") où les membres du groupe reviennent à leurs origines via une musique plus extrême. Mais aussi, toutes les collaborations et projets parallèles (BIZZARA LOCOMOTIVA, ORFEU REBELDE, Amália Hoje, la reprise de "I’ll See You In My Dreams" pour servir de BO au court métrage du même nom, Fernando Ribeiro et sa participation à l’opéra "Saga") ainsi que quelques apparitions TV qui firent date.

- La quasi absence d’Amorim (guitare) sur les sessions de "The Butterfly Effect" conduisant à un disque que le groupe lui-même a du mal à considérer comme sien (dixit Paixão lui-même, le principal compositeur), tant il est conscient d’être allé trop loin dans les expérimentations. Amorim sera presque évincé du groupe, se considérant lui-même comme un membre de session avant de revenir en pleine forme pour "Darkness And Hope".

- Les réticences du combo à faire figurer "Luna" sur "Memorial", alors que la chanson devient très rapidement leur hit le plus joué.

Vous voyez, on ne s’ennuie pas au pays du Galo de Barcelos.

Vient enfin la dernière partie, dédiée aux constats, habituelle à la conclusion de ce type d'œuvre. Si MOONSPELL participe à exporter l’image de son pays natal bien au-delà des frontières Metal, l’addition est encore douce-amère eu égard aux progrès qu’il lui reste encore à faire en ses propres terres… Si nul n’est prophète en son pays, les cinq restent réalistes et s’attèlent en tout cas à la tâche pour redresser la barre (mise en place d’Alma Records pour rééditer leur propre back-catalogue, salles régulièrement remplies). Enfin, si vous êtes du genre à prendre deux desserts, vous serez ravis des ultimes pages regroupant, outre la postface de rigueur de Ribeiro, des documents d’époque (priceless, la lettre du boss de Century Media demandant une dispense de cours à l’université de Ribeiro le temps de partir enregistrer en Allemagne), lyrics, lettres manuscrites, extraits du "Darkness Zine" (leur propre fanzine d’ados) avec playlists d’époque à l’appui, etc.

Pour être franc, les chapitres liés aux albums les plus récents s’avèrent un chouïa moins transcendants. Le groupe étant établi et professionnalisé, la magie et les légendes de l’underground fonctionnent un peu moins, d’autant que ces périodes correspondent à des moments de doute pour certains membres du groupe (vie personnelle, frustrations, dépression, problèmes d’alcool). Quitte à passer pour des bourrins, tout le tralala sur le travail entre le groupe et le poète portugais José Luis Peixoto à l’occasion de la collaboration effectuée sur "The Antidote" nous est également paru un peu longuette. Seule autre ombre au tableau, la qualité hasardeuse d’impression des photos (hormis le portfolio central)… Car si le nombre de documents d'archives (parfois personnelles) est conséquent, le noir et blanc fragile de l’ouvrage ne leur rend pas toujours hommage (pour comparer ce qui est comparable le "Non Serviam" qui sert de bio à ROTTING CHRIST chez le même éditeur est largement plus qualitatif). Mais cela reste peu de choses, étant donné la quantité proposée.

Très peu à redire, donc, sur cette biographie se hissant parmi les plus passionnantes que nous ayons eu l’occasion de parcourir. Ni plus, ni moins. Au-delà de l'odyssée de MOONSPELL et de ces histoires de loups-garous, c’est tout un panel d'intéressantes anecdotes, de succulents moment de vie, de souvenirs de studio et de tournées (le totally bullshit tour de 96, LACUNA COIL qui perd subitement la moitié de son line-up, les bons souvenirs en compagnie de TYPE O NEGATIVE et les moins bons avec OPETH) en marge de l'ascension du combo portugais, que se propose de nous conter là Amorim, par le biais d'un travail de titan (avouons-le), en faisant le parfait compagnon aux appendices DVD du "Lusitanian Metal" et aux commémorations scéniques de "Lisboa Under The Spell" (2008 et 2018).

PS : C’est à partir de la version anglaise, plutôt facile à lire au demeurant, que cette chronique a été écrite. Bonne nouvelle cependant, les excellentes Éditions Des Flammes Noires viennent tout juste d’en sortir une traduction française (agrémentée d’un avant-propos de Cédric Sire). Amateurs de bonne littérature sur le sujet, je ne saurais que trop vous inviter à suivre leur actualité, de belles choses étant en préparation.

:::::
(*) L'occasion en ce 04/02/2017, de commémorer le 25ème anniversaire des débuts discographiques du combo et le 20ème anniversaire de "Irreligious". Une soirée immortalisée sur le DVD "Lisboa Under The Spell" (2018) qui verra le groupe interpréter dans leur intégralité, les albums "Wolfheart" (1995), "Irreligious" (1997) et "Extinct" (2015) ! Rien que ça !

(**) Des extraits YouTube sont enfouis sur la toile, on y découvre un tout jeune Fernando Ribeiro :
https://www.youtube.com/watch?v=Kzkkocx0JzE

(***) Dont on retrouve le témoignage vidéo sur le DVD "Lusitanian Metal".

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- Ricardo S. Amorim (auteur)


1. Preface (dani Filth)
2. Fear And Loathing In Lisbon
3. A Unique (bran)doa
4. Stay Conquistadors !
5. The Birth Of Tragedy
6. Under The Moonspell
7. Of Dream And Drama
8. Morbid Way Of Life
9. The Marriage Of Heaven And Hell
10. The God Of War
11. Capital Sin
12. Smash The Control Machine
13. How We Became Fire
14. In The Name Of Fear
15. Lost In America
16. What The Soul Hides
17. The Elementary Particles
18. Journey To The End Of The Night
19. Two Sides Of The Moon
20. Extinction And (re)birth
21. Escape Of Alcatraz
22. Destiny Dictates
23. Afterwords (fernando Ribeiro)
24. Appendix
25. Acknowledgements



             



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