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DARK-METAL  |  STUDIO

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MOONSPELL - Alpha Noir - Omega White (2012)
Par WËN le 25 Septembre 2012          Consultée 10840 fois

Ah MOONSPELL, le beau cas que voici.

Du Black gothique de ses débuts au Dark Metal que nous lui connaissons actuellement, la carrière du groupe n'a pour ainsi dire rien eu du long fleuve tranquille. Longtemps mésestimé et, hormis par un public averti, seulement considéré du fait de ses origines lusitaniennes (les combos en provenance de la péninsule ibérique se faisant plutôt rares par chez nous il y a de cela une petite dizaine d'années encore, en connaitre au moins un permettait souvent de briller en société), la mystique entité a dû faire preuve d'abnégation, luttant bec et ongles, pour parvenir à faire son trou sous cette lune blafarde qui lui sied si bien. Si la formation a récemment percé dans les sphères plus 'mainstream' de notre musique favorite cela n'est certainement pas dû au hasard : en signant chez SPV, les Portugais ont su taper là ou ça fait mal, durcissant le ton sur le burné "Memorial" (2006) et sur son orchestré de successeur, "Night Eternal" (2008). Le groupe se tenant coi depuis maintenant quatre années, nous étions donc en droit de nous demander ce qu'il advenait du quintet ?

Sans pour autant être inactifs, preuve en est de ces tournées en compagnie de CRADLE OF FILTH, TURISAS, SECRETS OF THE MOON et plus récemment avec PAIN et SWALLOW THE SUN, de ce DVD ("Lusitanian Metal" (2008), compilant des extraits de divers concerts) et de quelques dates 'hommages' à leurs précédentes œuvres, Ribeiro & Cie, c'est un fait, ne s'en sont pas moins accordé le temps qu'ils jugeaient nécessaire à l'enfantement de ce neuvième rejeton. Fraichement signés chez Napalm Records, revoici donc les cinq lusitaniens avec ce "Alpha Noir" au format plutôt insolite, puisque l'édition limitée ne se trouve non pas agrémentée de quelques bonus conventionnels, d'un concert, ou d'une quelconque piste multimédia, mais bien d'un CD à part entière, "Omega White", enregistré pour l'occasion. C'est d'ailleurs cette version, présentée sous forme de digibook, que nous allons aborder ici.

Mais trêve de palabres. Puisque nous en sommes à évoquer la genèse de ce nouvel opus, nous ne pouvons qu'aborder la parentalité directe de celui-ci, la meute s'étant officiellement entichée d'un nouveau membre permanent en la personne d'Aires Pereira. Le bonhomme, auquel était dévolu le rôle de bassiste lors des prestations live de la formation, devient ainsi membre à part entière du clan et stoppe ainsi le cycle des intérimaires 'de luxe' (Waldemar Sorychta (GRIP INC, EYES OF EDEN et producteur de renom), Niclas Elevävuori (AMORPHIS), etc.), redonnant de sa superbe à l'hydre ibérique. Et le moins que l'on puisse dire est que cela s'entend, la basse groovant et claquant ici comme pas permis.

Musicalement, ce "Alpha Noir" débute de façon assez classique : un titre d'ouverture introduit par une plage instrumentale typique à l'exercice et chargée de poser l'ambiance qui, allant crescendo, va inévitablement laisser sa place aux guitares, impériales et percutantes. Conduites par un Fernando Ribeiro (chant) démoniaque et habité, celles-ci, sans fard ni paillettes, annoncent d'emblée le ton : MOONSPELL n'est pas là pour la déconne à moins que, comme lui, briser des nuques fasse partie de vos hobbies. Car pressé d'en découdre, le groupe va cette fois-ci tout mettre en œuvre pour parvenir à ses fins, à cette fin, à votre fin ! L'appétit de la bête est insatiable et l'horrible rade sordide qui lui sert de repaire, planté comme décor pour le tournage du clip de "Lickanthrope" (comme la plupart des vidéos promotionnelles du groupe depuis quelques années), pourrait bien vous être fatal. En de rares exceptions près, terminées les grandes déclarations orchestrales et vampiriques, seul résonne ici le craquement sec de l'os, accompagné de hurlements bestiaux qui ne manqueront pas de faire perler cette goute le long de vos tempes, mêlant ainsi vos propres émanations transpiratoires à l'odeur déjà âcre de la sombre abomination. Pas dupe, celle-ci, à grand renfort de ces artifices dorénavant coutumiers va d'ailleurs faire tout ce qui est en son pouvoir afin de fidéliser sa masse d'adorateurs fraichement convertis. La formation ne lésinera donc ni sur les riffs accrocheurs ("Lickanthrope", "Alpha Noir", "Opera Carne"), ni sur les leads de guitares diaboliques ("Axis Mundi", "Opera Carne"). En quelques breaks bien sentis et refrains bien foutus ("Axis Mundi", "Em Nome Do Medo", "Alpha Noir"), les Portugais, sur ces neufs titres concis dont un instrumental crépusculaire en guise de conclusion, nous prouvent qu'ils maîtrisent leur sujet. La messe est dite.

Car c'est indéniable, ce disque, aussi immédiat qu'accrocheur, cartonne. Et même si derrière ces titres percutants qui s'inscrivent dans la logique des opus précédents et qui devraient combler les fans nouvellement acquis au combo, nous, en vieux aficionados/cons (rayez la mention inutile) exigeants et butés, ne pourront qu'être en partie déçus que Ribeiro et ses potes ne décident de parsemer que si légèrement et qu'en de si rares et lumineuses occasions ce disque noir de leur sombre poésie coutumière (certains passages de "Axis Mundi", "Em Nome Do Medo" ou "Grandstand" entre autres), il faut savoir reconnaitre que le groupe à su peaufiner sa recette avant de nous la servir, chaud-bouillante.

Et puis cette grâce que nous disions être en droit d'attendre du groupe, en fans de la première heure qui n'avons pu manquer de nous procurer l'édition limitée, nous ne tarderons pas de la voir s'affirmer à l'écoute de "Omega White", ce second disque nacré aux accents gothiques prononcés … Ici, tout y est, pas nécessairement plus calme mais, plus langoureux, plus duveté. MOONSPELL, tout en gardant une approche qui lui est propre (notamment grâce au chant suave de Ribeiro), nous y couche, par le biais de claviers et de chœurs féminins, un hommage à peine dissimulé aux hérauts de la décennie précédente que sont TIAMAT ("White Skies", "Herodisiac") et, dans une moindre mesure, TYPE O NEGATIVE, le tout poudré d'omniprésents reflets résolument Goth-Rock que n'auraient pas renié les pontifes du genre, les SISTERS OF MERCY en tête. Le groupe ne s'arrête pas là car, plus surprenant, nous en viendrons même à penser à l'épopée ricaine de U2 (période "The Joshua Tree" (1987)) le temps des digressions épurées de "Incantatrix" et même à THE GATHERING, musicalement parlant, sur quelques idées (si, si). Cette fois-ci, MOONSPELL la joue soft et cristalline, se plaisant à jongler avec notre bête sensibilité, ânes sensibles que nous sommes.

Alors bien sûr, chacun des deux CDs n'est certes pas exempt de défauts qui lui sont propres : le disque noir, plutôt basique, paraissant de prime abord bien prévisible, tandis que son double blanc, lui, souffre de quelques légères longueurs. Cependant, et bien qu'il y en ait coulé, du porto sous les ponts, MOONSPELL ne cesse néanmoins d'évoluer, de poursuivre la voie qu'il s'est lui même tracé, restant fidèle à ses principes. Ne manque au tableau qu'une petite étincelle de folie, qui ferait s'embraser tout cela. Mais les écoutes s'enchainant, nous commencerons à saisir l'ampleur du concept développé sur ce double album par les Portugais, ces derniers nous livrant ici, en une démarche totalement assumée, une œuvre réfléchie qui, d'une parfaite symétrie bichromique, parvient à synthétiser en deux disques distincts la dualité que nous leur connaissons, à résumer l'alpha et l'omega de l'essence même de leur musique.

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- Fernando Ribeiro (chant)
- Ricardo Amorim (guitare)
- Pedro Paixao (guitare, claviers)
- Aires Pereira (basse)
- Miguel Gaspar (batterie)


- alpha Noir
1. Axis Mundi
2. Lickanthrope
3. Versus
4. Alpha Noir
5. Em Nome Do Medo
6. Opera Carne
7. Love Is Blasphemy
8. Grandstand
9. Sine Missione

- omega White
1. Whiteomega
2. White Skies
3. Fireseason
4. New Tears Eve
5. Herodisiac
6. Incantatrix
7. Sacrificial
8. A Greater Darkness



             



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