Voir arriver un nouvel album de WASP aussi vite, on n'avait plus vu ça depuis la trilogie des débuts, où Blackie alignait les riffs comme certains enfilent des perles. Un rapide coup d’œil aux crédits nous indique que Chris Holmes n’est plus de la partie, une fois de plus. Après nous découvrons que l’album est dédié aux victimes des attentats du 11 septembre. Jusque là, Blackie semblait toujours se foutre de tout et de lever son majeur à la moindre occasion, mais sur ce disque, il montre une autre facette de sa personnalité.

Et c’est celle d’un homme blessé. De quelqu’un qui a souffert de ce qu’il a vu et qui a partagé une douleur (inter)nationale. Certaines personnalités ont complètement vrillé après ces événements. Je pense notamment à Frank Miller (lisez "The Dark Knight Strikes Again". Le récit est déjà WTF à la base, mais vous découvrez vite à quel moment ont eu lieu les attentats et à quel point le mec est parti en sucette. Si ça ne vous semble pas flagrant, lisez "Holy Terror", qui parle pour lui…) ou encore à Jon Schaffer (bon, là regardez les archives des chaînes info de la marche sur le Capitol). Blackie Lawless a également dû sentir quelque chose se briser en lui, mais cela ne se manifeste pas tout de suite, mais il est fort probable que son questionnement quant à la religion tire ses racines de là.

"Dying For The World" est un album à la fois Heavy et triste. Blackie y déverse sa haine et sa douleur sans trop se cacher ni camoufler ses sentiments. C’est du WASP pur jus dans la musique, mais pour le coup, les thèmes abordés se veulent, pour le peu, différents. Lawless a écrit et enregistré très vite, lui qui aime prendre le temps de tout peaufiner en studio. Il y avait urgence, il fallait que ça sorte et que tout soit exploité tant que c’était frais, pour en capter toute la puissance, tout le déchirement.

Et il y a du très bon sur ce disque. "Shadow Man", "My Wicked Heart", "Hallowed Ground", "Trail Of Tears"… Des morceaux qui restent bien en tête et qui profitent de la détresse de Lawless dans l’interprétation pour gagner en intensité et en profondeur. La voix du maître d’armes est toujours aussi bien en place, aussi immédiatement reconnaissable. On lui retrouve le sérieux qui le caractérisait sur "The Crimson Idol" et "Still Not Black Enough" ainsi qu’une rage somme toute très WASP. Et si tout n’est pas parfait sur ce disque, il transpire une sincérité rare.

"Dying For The World" est à la fois pamphlet et requiem, un exutoire pour son géniteur qui avait besoin de faire le deuil des événements qui ont frappé l’Amérique. Sa spontanéité est parfois maladroite, mais une fois que l’on se plonge dedans, difficile de faire la fine bouche. Surtout quand on sait que ce sont les "Neon God" qui suivent…

Note réelle : 3,5/5.