Alors qu’on pensait que les délires de grandeur de Tobias Sammet s’étaient calmés après son "Metal Opera" dont la deuxième partie avait un peu désenchanté après une "Part I" de toute beauté, le facétieux compositeur suit l’appel du pied de son ami Sascha Paeth pour lancer un nouveau chantier pharaonique.

"The Scarecrow" est un sacré aboutissement car il marque l’arrivée à un équilibre parfait entre le Power Metal teuton dans lequel Tobi excelle et les influences Hard dont il essaie d’imprégner EDGUY. Ici ce sont les mid-tempi ravageurs qui se dégagent. Je citerai le fédérateur "Twisted Mind" d’ouverture, au riff surheavy, sur lequel le chant de Roy Khan fait mouche, contrebalancé comme toujours par Tobias qui ne peut s’empêcher de chanter. D’ailleurs concernant ce dernier les progrès sont incroyables : fini le vibrato insoutenable qui le faisait passer pour un clone fatigué de Bruce Dickinson. Il parvient à se dresser à la hauteur de monstres vocaux qu’il a convié sur ce nouvel opus avec en mire l’épique "The Scarecrow" où Jørn Lande côtoie les cieux.

Si l’on est moins surpris côté Speed, on prend une grosse claque sur "Shelter From The Rain" et ce pont divin chanté par Bob Catley et illuminé par les soli de Sascha Paeth, Henjo Richter et Kai Hansen, ou "Another Angel Down" où la bataille fait une nouvelle fois rage entre Tobias et Jørn.

Avec Eric Singer à la batterie, Rudolf Schenker et les deux bretteurs de GAMMA RAY secondant le maître à penser d’HEAVENS GATE Sascha Paeth, et Tobias himself qui prend la basse, on a une assise des plus solides et une production encore plus gargantuesque que sur les premiers opus, encore ancrée qu’elle était dans le True Metal post '96 (ce son de batterie aïe aïe aïe !!!). Et surtout on a un casting incroyable réunissant le semi-retraité Michael Kiske, que notre facétieux lutin admire et duquel il a aidé à relancer la carrière (d’abord avec PLACE VENDOME, puis avec UNISONIC), le géant du Hard/Heavy moderne Jørn Lande et ses désormais célèbres « Whoooh » ainsi que l’autre idole de jeunesse de Tobias, le classieux Bob Catley (MAGNUM).

Et il suffit d’enchaîner onze titres de cet opus pour constater la performance d’écriture et d’interprétation obtenue. Tobias a mieux réparti ses lignes de chant entre les différents protagonistes, allouant même un morceau de bravoure à l’immense Alice Cooper, qui prend possession de "The Toy Master" avec brio (Kai Hansen fera une doublure de luxe en live). Et même ce "Lost In Space" qui nous avait fait peur à l’époque avec son côté très Pop conclut le meilleur opus d’AVANTASIA (et peut-être de la carrière de Tobias Sammet) sur une note d’optimisme.

Chapeau Tobias !