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Tobias Sammet's AVANTASIA - Here Be Dragons (2025)
Par GEGERS le 14 Mars 2025          Consultée 217 fois

Tobias Sammet tolère la critique, il la supporte, mais il ne l'apprécie guère. Il en joue, et lorsque celle-ci n'est pas à son goût, il se sent offensé, et s'octroie un droit de réponse, à travers les médias (même si, en dehors des périodes dites "promo", l'artiste est plutôt discret) ou directement dans les textes de ses chansons. Les amateurs de la musique d'EDGUY penseront ici peut-être, et à juste titre, au morceau "Two Out Of Seven" sur lequel l'espiègle artisan s'en prend directement à notre corporation : "You're supreme cause you know how to spell right". Il y a de l'humour, du second degré, mais il semble que, bien qu'en donnant l'impression de balayer les critiques d'un revers de la main, l'artiste les ressente comme une blessure. À l'heure ou Tobi publie le dixième album d'AVANTASIA, il en fait de nouveau état sur plusieurs morceaux. "Here Be Dragons" n'est pas que l'affirmation d'une démarche artistique, puisque le chanteur monte au front et se frotte à ses détracteurs, qu'il harangue frontalement sur "Against The Wind" ("And if you don't like what I do/Then it's not made for you"), ou avec une bonne dose d'autodérision sur "Return To The Opera" (présent sur les versions "mediabook" et "artbook"), formidable titre écrit et composé en quelques heures sur un coin de piano. En émulant volontairement les ambiances des deux premiers volets du projet, ce titre permet justement à l'artiste de prendre ses distances par rapport à ses travaux de jeunesse, et d'établir un décalage qui confirme qu'aucun retour en arrière n'est envisagé. "Je peux dire que tout ce que j’ai fait dans ma carrière est absolument génial, et cet album ne fait pas exception", déclare-t-il à nos confrères de Radio Metal. "Il est certainement différent de ce que j’ai fait par le passé." (*)

Différent ? C'est en tout cas le postulat de départ. Désireux de ne pas construire ici de trame narrative ou d'élaborer de concept particulier, Tobias s'accorde en effet une plus grande liberté en s'éloignant d'une partie des "codes" qui constituent l'identité d'AVANTASIA. C'est ici le sens de ce titre, "Here Be Dragons", issu de la locution latine, "Hic sunt dracones" (littéralement, "Ici sont les dragons"). Cette mention apparaissait sur les cartes médiévales, et servait à désigner les territoires inexplorés, les limites du monde connu. Souvent accompagnée d'illustrations de créatures mythologiques, elle donnait alors naissance au mystère et au fantasme. Laissons de nouveau la parole à Tobias, qui dans le dossier de presse déclare : "Ce nouvel album porte en lui l'esprit le plus aventureux et le plus audacieux que ma musique ait connu depuis longtemps. Ce disque est plutôt téméraire, intrépide, puissant, exaltant, et pas du tout introverti."

Il y a beaucoup de vérités dans cette litanie d'adjectifs, égrenés comme si leur auteur avait lui-même besoin de s'en convaincre. Ce qui est sûr, c'est qu'après la déconvenue du fatigué "Moonflower Society" (complétez les mots manquants), "Here Be Dragons" est un souffle frais et revigorant. Osons le dire, salvateur. Il y a toujours de la vie chez AVANTASIA, et "Creepshow", premier single et morceau introductif de l'album, nous le démontre d'emblée. Loin des entames d'album à la MEAT LOAF ("Mystery Of A Blood Red Rose"), Tobias Sammet nous propose ici un titre court que n'aurait pas renié le EDGUY de la deuxième moitié des années 2000. Loin de l'exubérance mélancolique des précédentes réalisations, nous découvrons ici un titre Hard Rock léger et sans complexe, qui présente une facette peu courante d'AVANTASIA. Ce morceau permet également d'asseoir le son, vrombissant, dont la basse très présente dans le mix donne une fausse impression d'étouffement, en tout cas sur du matériel de salon puisque, au casque, cette sensation s'évapore.

"Here Be Dragons" est, il est vrai, surtout et avant tout une ode de Tobias Sammet à son égo. Si l'indéboulonnable Sascha Paeth officie derrière la console et nous propose quelques lignes de guitares bien senties (notamment le solo en deux temps de "Unleash The Kraken"), qu'il partage avec le fidèle lieutenant Arne Wiegand le temps d'un solo sur "The Moorlands At Twilight", aucun musicien n'est invité à participer aux festivités. Dommage, ces derniers apportant souvent une couleur différente et intéressante. Naturellement, Tobias a ouvert son carnet d'adresses et convoqué une palanquée de chanteurs et chanteuses, mais l'album manque d'interactions et d'entrelacements entre ces derniers. Tobi se réserve systématiquement les meilleures lignes vocales, les meilleurs moments, et la participation des invités se révèle parfois presque anecdotique, à l'image de celle de Geoff Tate sur le morceau-titre, ou de Tommy Karevik sur "The Witch". Les invités sont là, c'est un fait, mais ne participent pas à la montée en intensité des morceaux. Et puis, Jorn nous manque cruellement ici. Quel dommage de ne pas l'avoir convié (ou de ne pas avoir pu faire coïncider les calendriers) pour participer à cet album qui, en son absence, manque d'un grand souffle épique.

Ceci étant dit, les morceaux se révèlent de bonne qualité, et nous font oublier en un instant les errements de l'album précédent. Tobias ne défriche pas de nouveaux terrains, et réaffirme au contraire son style. Le morceau le plus long, "Here Be Dragons", bénéficie d'une construction intéressante avec ses deux refrains différents, bien qu'il lui manque une progression et une direction. Il se voit bien vite supplanté par "The Moorlands at Twilight", titre de Speed Mélodique pur jus, qui évoque un HELLOWEEN en bonne forme, la présence de Michael Kiske n'étant pas étrangère à ce constat. Quelques éléments Power Mélo et des chœurs bien placés donnent corps à cet excellent compromis entre passé et présent. Il en va de même sur "Unleash The Kraken" qui rappelle l'époque "Hellfire Club", Tobias œuvrant seul au chant sur ce titre qui aurait bénéficié d'un refrain plus étoffé. Et puis, c'est bien vers le début des années 2000 que le chanteur nous transporte avec le formidable "Against The Wind", dont la mélodie et le refrain soignés, fédérateurs, en font un des meilleurs moments de l'album.

Tobi balaye ici l'ensemble de sa palette, proposant avec "The Witch" un mid-tempo raisonnablement efficace, qui n'aurait pas fait tâche sur "The Wicked Symphony". Le "moment MAGNUM" est naturellement présent avec "Bring On The Night", un grand moment d'ennui qui voit Bob Catley déployer longuement des syllabes et des voyelles interminables sur ce titre noyé sous des claviers dégoulinants. La pochette de l'album, réalisée par Rodney Matthews, est sans aucun doute un plus bel hommage à MAGNUM que ce titre sans intérêt.

Il y a au contraire une ferveur et une énergie salvatrices sur l'agressif "Phantasmagoria", qui évoque la période "Rocket Ride" d'EDGUY. Bien que Ronnie Atkins soit sous-employé, le morceau brille et frappe juste, porté par un refrain tonitruant et un changement de ton typique d'un style Power Mélodique auquel Tobias redonne ici ses lettres de noblesse. "Avalon", moment Pagan Folk, porte avec lui ce souffle épique qui manque souvent aux morceaux mid-tempo de l'album. Adrienne Cowan et quelques sonorités celtisantes/nordiques suffisent à donner son intérêt à ce titre qui, au fil des écoutes, s'impose finalement comme le morceau le plus audacieux de l'album. Notons également la beauté de la power-ballad finale, "Everybody's Here Until The End", qui voit Tobias s'épancher sur un piano larmoyant avant que le morceau s'illumine avec l'arrivée d'un refrain particulièrement fort, dégageant une émotion authentique. Roy Khan fait ici de la figuration (dix-sept ans après sa participation à l'album "The Scarecrow"), mais là n'est pas le plus important. Tobias nous offre ici un moment de grande communion avec AVANTASIA qui, avec ce final particulièrement touffu et accrocheur, nous attrape par la main et nous regarde dans les yeux, nous proposant de continuer à faire un bout de chemin ensemble.

Oubliez les éditions complémentaires, n'offrant que peu de matériel intéressant (à l'exception du formidable "Return To The Opera" mentionné plus haut) et concentrez-vous sur l'essentiel, ces dix titres qui voient Tobias Sammet se retrouver après un passage à vide. L'album n'est pas exempt de défauts, notamment relatifs au traitement des invités et à l'absence de direction, mais "Here Be Dragons" est un album qui se tient, riche d'une poignée de titres flamboyants, qui peuvent sans rougir s'installer à la droite des indéboulonnables classiques. Un album différent ? Pas vraiment, puisqu'il voit avant tout Tobias Sammet jongler avec ses racines et ses envies, se triturer la caboche pour rendre actuel son souhait de renouer, bien que de manière parfois ironique, avec son passé. Rien que pour cela, ce dixième album d'AVANTASIA peut être considéré comme une réussite.

(*) https://www.radiometal.com/article/avantasia-bouffon-et-dragons,485827

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- Tobias Sammet (chant, basse, claviers)
- Felix Bohnke (batterie)
- Michael Rodenberg (claviers)
- Sascha Paeth (guitare, basse)


1. Creepshow
2. Here Be Dragons (feat. Geoff Tate)
3. The Moorlands At Twilight (feat. Michael Kiske)
4. The Witch (feat. Tommy Karevik)
5. Phantasmagoria (feat. Ronnie Atkins)
6. Bring On The Night (feat. Bob Catley)
7. Unleash The Kraken
8. Avalon (feat. Adrienne Cowan)
9. Against The Wind (feat. Kenny Leckremo)
10. Everybody's Here Until The End (feat. Roy Khan)



             



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