Si Tobias SAMMET est un compositeur et un interprète accompli, il reste avant tout un fan. Un éternel gamin dont les yeux brillent en permanence, et qui a réussi à faire d'AVANTASIA une grande cour de récréation dans laquelle se retrouvent les plus grands noms du Hard Rock et du Heavy Metal. Si le projet a pris une telle ampleur qu'il est devenu, ces dernières années, aussi important qu'EDGUY, il n'en reste pas moins un Who's Who qui voit se côtoyer les idoles du truculent bonhomme.

"Mystery Of A Blood-Red Rose", titre d'ouverture du nouvel album du projet, et premier single extrait de cette septième réalisation signée AVANTASIA, fait pourtant preuve d'une certaine sobriété, puisque c'est seul que Tobias œuvre au micro pour ce qui constitue une bien surprenante entrée en matière. Une surprise non pas artistique, puisque ce morceau s'inscrit dans la droite lignée du Hard Rock alambiqué qui constitue l'essentiel de la matière musicale du projet depuis la fin des années 2000, mais une surprise de casting, tant on aurait bien vu ce titre grandiloquent et théâtral chanté par un artiste de la trempe de MEAT LOAF. En effet, sollicité par Tobias, l'éternel chanteur de "Bat Out Of Hell" s'est vu contraint de décliner l'invitation par manque de temps.

Du coup, sur ce titre pompeux et dégoulinant, Tobias fait du MEAT LOAF. Dans le phrasé, l'interprétation "larger than life", et jusque dans le timbre de voix, qui se rapproche par moments de celui du chanteur américain. Le morceau, sans démériter, n'est pas pour autant le moment de bravoure que l'on aurait souhaité entendre en ouverture d'un album estampillé AVANTASIA. Il s'agit d'un "petit" titre énergique et savoureux, à rapprocher de réalisations telles que "I Don't Believe In Your Love" ou "The Edge". Là où Tobias avait tenté de se faire tour à tour moderne ("Dying For An Angel") ou agressif ("Invoke The Machine") sur les précédents singles de son projet, le voici qui se fait porte-voix d'un Hard Rock 80's savoureux et immédiat, tout autant que futile et bien peu aventureux. Les paroles aiguisent notre intérêt, les guitares auraient justement mérité d'être plus aiguisées. Des chœurs, nombreux, la prédominance des claviers, rappellent également MAGNUM, autre groupe-référence du bonhomme. Si le refrain fonctionne, et si la qualité mélodique des couplets ne souffre pas de faiblesse réellement handicapante (exception faite de cet inévitable et gonflant changement de ton en fin de morceau), il n'y a pas ici de quoi s'emballer.

Le Heavy Speed des débuts est bien loin, c'est un fait désormais accepté par tous, et tant pis pour la nostalgie. Néanmoins, si Tobias chante bien et, les mélodies séduisent, l'auditeur reste légèrement sur sa faim en écoutant, en guise de single, un titre qui n'a décemment pas les épaules pour se faire le représentant d'un nouvel album et nous faire patienter jusque fin janvier.