Ah… WASP. Un groupe assez unique en son genre. Je ne dis pas ça pour l’aspect musical à strictement parler, mais pour cet art consommé de livrer souvent des demi-albums. Des disques qui contiennent leurs lots de pépites mais qui sont contrebalancées par des titres fades et sans intérêt. Bien entendu, Lawless a réussi à plusieurs reprises à aligner les étoiles, comme sur "The Headless Children", "The Crimson Idol", "K.F.D" ou encore le premier opus, qui est arrivé dans les bacs comme de la barbaque fraîche sur un étal de boucher. Et bien que j’adore ce groupe, je dois bien admettre qu’il manque souvent des morceaux de caractère tout du long, les musiciens se contentant souvent de répéter une formule et ce dès "The Last Command".

Et si au final, il y a assez peu de déchet, il y a en revanche pas mal d’albums en demi-teinte et ce "Dominator" en fait partie. Pourtant, il a des arguments qui sont franchement recevables devant de nombreux tribunaux. D’ailleurs, pour une fois, je suis allé jeter un coup d’œil aux commentaires avant d’écrire sur ce disque. Et je me sens un peu con en avance par rapport à ce qui va suivre. Mais c’est la loi des chroniques sur le web, un avis jeté en pâture à un lectorat de plus en plus exigeant et qui n’hésite plus à montrer son mécontentement. Inutile de m’attendre à la sortie, je suis déjà loin.

"Dominator" commence plutôt bien. "Mercy" est agressif – moins que ce qui a déjà pu être proposé toutefois. Dans la lignée des titres d’ouverture dont Lawless a le secret, une formule répétée depuis des décennies et qui fonctionne toujours. Mais attention à ne pas en abuser. Enfin, on n’est plus à trois quatre morceaux près. "Long, Long Way To Go" propose un riff bien assassin qui n’amène pas franchement là où l’on voudrait être conduit. Ça ne monte pas crescendo, Lawless ne met pas la pression, au contraire il modère le propos.

Après, il y a de bonnes surprises sur cet album : "Heaven’s Hung In Black" est plutôt accrocheuse et sa version ballade n’est pas déplaisante non plus. D’habitude, je ne suis pas très fan de ce genre d’exercice sur album, ça fait un brin bouche-trou, mais là cela passe plutôt bien. "Burning Man" et "Teacher" fonctionnent plutôt bien aussi mais si "Deal With The Devil" est plutôt agréable, son aspect Rock’N’Roll semble bien dépareillé avec le reste. Il y a de la qualité d’écriture, mais ça s’éparpille tout de même.

Et c’est là le souci principal de WASP, ce côté versatile qui fait que le groupe, plus que l’auditeur, se perd un petit peu. Il est donc normal que certains se perdent un peu, ne trouvent pas tout à fait leur compte dans les albums du groupe, mais qui restent fidèles parce qu’il y a des marqueurs qui ne trompent pas : la voix de Blackie, un sens du riff qui fait mouche, des refrains qui sont des hymnes en puissance – même si ici cela est plus discret. Un bon album donc, qui rassure tout de même après un diptyque "Neon God" qui n’était pas aussi convaincant que cela.