Quand on me demande quel est l’album phare du Death Metal français des années 90, j’ai toujours une petite hésitation. "Signs Of The Decline" de MASSACRA ? "The Cube" de SUPURATION ? "Coloured Funeral" de MERCYLESS ? Pourtant, je finis toujours par citer ce "Sublime Dementia" de LOUDBLAST qui m’avait plutôt marqué à l’époque. "Disincarnate" est une autre bonne pioche, mais c’est celui-ci qui a mes faveurs bien que le groupe calme le jeu. Mais il y a un tout. Déjà, il y a cette pochette cauchemardesque, dont on passe un long moment à scruter tous les détails. Ensuite, nous sommes en face d’un groupe qui se donne les moyens de son ambition.

En effet, la bande de Stéphane Buriez est allé enregistrer aux Morrisound Studios de Tampa, sous la houlette de Scott Burns himself, alors considéré comme le Martin Birch du Death et qui a grandement contribué à façonner le son de cette scène. Et cela s’entend dans le rendu final, avec cette batterie qui claque, précise et hypnotique, ces guitares rugueuses juste ce qu’il faut. Ici, LOUDBLAST devient moins primaire, il développe un aspect mélodique non négligeable qui accroche particulièrement bien l’oreille. Pourtant, cela semble se jouer sur des détails, comme ce chant clair sur "Wisdom" ou cet aparté Anathemesque qu’est "About Solitude" qui décroche sur un morceau bien plus dense. Et que dire du title track et cette voix désincarnée, étouffée, qui vient donner tout le piment à la composition ?

L’ombre de Schuldiner flotte très certainement sur ce disque, mais DEATH ne reste-t-il pas encore aujourd’hui la meilleure référence quand on parle du style qui porte son nom ? Mais LOUDBLAST ne se laisse pas phagocyter par ses influences et développe une personnalité qui éclate ici. Les paroles sont moins gores ou macabres que ce que proposent bien d’autres combos dans le genre. Si la formation ne se complait pas dans le brutalité la plus crasse, elle ne l’intellectualise non plus pas à outrance, mais elle lui donne corps et esprit même si cela doit se traduire par un aspect moins extrême, comme si Buriez & co avaient voulu produire l’album de Death idéal pour se frotter au genre. "Sublime Dementia" est le chef d’œuvre, le mètre étalon d’un groupe qui malheureusement ne parviendra jamais à complètement entretenir sa légende après cela.