Tel Pablo Escobar se languissant d’attendre, au fond de sa piscine vidée d’eau, il ne me reste qu’à revisiter de fond en comble la discographie de SATYRICON en espérant avoir la chance d’entendre un jour le successeur à "Deep Calleth Upon Deep", qui date quand même de 2017. Sept ans que Satyr et Frost se la coulent douce, nonobstant (ça fait 172 chroniques que j’attendais de le placer, celui-là) l’arty "Satyricon & Munch", instrumental classique réalisé dans le cadre d’une exposition dédiée au peintre, à Oslo.

L’occasion est donc belle de réhabiliter "Now, Diabolical", considéré comme l’album de la trahison à la cause Black par la communauté (je ne parle même pas de l’éponyme). Il faut dire que le duo norvégien n’a pas fait les choses à moitié et se veut plus accessible, simplifié à outrance, ralentissant le rythme pour mieux installer ses ambiances vicelardes.

Les trois premières pistes font un carton absolu. Intouchables tubes, le title-track, "K.I.N.G." et son rythme martial, et "The Pentagram Burns" constituent des pièces maîtresses à l’échelle de la longue carrière de SATYRICON. Tous les marqueurs de l’identité du combo sont présents : la touche magique de Frost, incontestablement l’un des meilleurs batteurs du genre, les riffs en papier de verre, les leads méandreux et la haine qui transpire du chant de Satyr, ô combien reconnaissable entre mille.

Bien sûr, quand on ouvre un disque aussi magistralement, l’enjeu est de tenir le rythme, ce qui ne sera qu’en partie le cas. Si rien n’est à jeter sur les cinq autres titres, avouons que l’inspiration se fait plus irrégulière. Majoritairement mid-tempo, "Now, Diabolical" ne se précipite jamais et instaure des atmosphères malaisantes, qui peuvent manquer quelque peu d’impact au milieu de ce sixième LP. Fort heureusement, le final est (quasiment) à la hauteur de l’ouverture, avec "Delirium", fantastique, et surtout "To The Mountains", impériale pièce de huit minutes livrée avec classe en guise de conclusion.

Cet opus, de par sa lisibilité à aucun moment putassière, constitue qui plus est une porte d’ouverture idoine pour les non-amateurs de Black vers l’univers ténébreux que SATYRICON a contribué à forger avec ses premiers cris. Il renforce ici sa légende, se renouvelant avec réussite.