C'est maintenant que SATYRICON devient vraiment mainstream : deux tubes Black n' Roll à refrains, immédiats et imparables (avec leurs clips qui vont bien), l’entraînant "K.I.N.G." et le sournois et fiévreux "The Pentagram Burns", auxquels on ajoutera le titre éponyme qui ouvre le disque de façon si énergique et fédératrice.

Et puis ? Et puis c'est tout car le reste est nettement moins accrocheur, pour ne pas dire rebutant. On déstructure, on étire, on étouffe, on laisse le venin s'insinuer. Alors certes c'est plutôt mid-tempo, tout est dépouillé, riffs simples, batterie réduite à l'essentiel, mais ça n'est en rien commercial. Comme souvent chez SATYRICON l'efficacité des airs cache des subtilités rythmiques et sonores qui n'apparaissent que quand on tend l'oreille.

Si "Volcano" était tranchant et sec "Now, Diabolical" est lourd et brûlant. La disto chaude et mordante se couple au feeling naturel de la batterie, les vocaux très présents dans le mix donnent l'impression de vous cracher leur haine à deux centimètres du visage (merci les postillons).
Les blasts sont rares et anecdotiques (l'étrange tabasse de fûts de "The Rite Of Our Cross", qui alterne avec des passages lents), le rythme est résolument Rock, subtil ou martelé (en alternance sur "Delirium"), avec ce petit coté tribal qui vient encore réchauffer l'ensemble ("A New Enemy").

Le problème de ce disque est d'être un peu ennuyant. La faute à des structures de chansons classiques, en couplet-refrain-couplet-refrain-break-refrain, qui font tourner en boucle les riffs et qui n'est tolérable qu'avec des morceaux imparables (comme les trois premiers). Le reste du disque est bon, les trouvailles rythmiques et les plans de guitares intéressants sont nombreux (couplets de "That Darkness Shall Be Eternal"), mais les moments purement Rock peuvent être un peu agaçants et poussifs par endroits car ils cassent la dynamique et le groove dont le groupe à portant le secret (refrains du même "That Darkness Shall Be Eternal").
L'album fini néanmoins en beauté avec le long et trippant "To The Mountain", avec son air bourdonnant, ses cuivres graves et sa montée en pression subtile.

"Now, Diabolical" est album professionnel et abouti, avec 3 tubes (on criera au scandale devant ces chansons catchies accessibles à tous, on louera le génie d'avoir réussi à pondre de tels hymnes) avec pas mal de bons passages et de climats intéressants mais il manque définitivement de variété, d'espace, de groove et de blast. Il est, pour moi, l'opus le plus ennuyeux et le moins jouissif de SATYRICON.