Si vous vous demandez pourquoi Snowy White n'apparaît pas en photo avec son nom dans le livret, la raison est simple. Phil Lynott savait qu’il s’agissait là de la dernière tournée de THIN LIZZY. Il était fatigué, il n’avait plus le moral, sa vie privée n’était plus qu’un fleuve douloureux. Eric Bell, Brian Robertson et Gary Moore ont été embarqués sur la tournée pour le côté nostalgique, certes, mais également pour créer un moment sympa pour les vieux fans. Snowy White, lui, ne faisait pas partie du packaging. Les prises sur lesquelles il figure datent de la tournée de "Renegade".

Ce deuxième Live officiel aurait donc dû être le dernier (le terme posthume est tellement galvaudé de nos jours !). Et pour un groupe qui était sur sa fin, il offre un spectacle solide, puissant, à l’image de "Thunder And Lightning" qui ouvre les hostilités avec fougue. John Sykes est parfaitement à sa place et il a vite capté l’essence de THIN LIZZY. Il sait se montrer virulent, mais il sait également véhiculer l’émotion quand celle-ci doit être présente ("Don’t Believe A Word", "The Sun Goes Down"). Mais c’est toujours Phil Lynott qui attire tous les regards, qui accapare toute l’attention.

Non seulement ce gars savait très bien chanter (même si sa voix est quelque peu altérée en fonction des morceaux), mais il savait se mettre en valeur. Vous vous souvenez de la pochette de "Live And Dangerous", tout simplement héroïque ? Ici, en équilibre sur deux retours, il en impose peut-être moins, mais il laisse exploser son charisme comme rarement. Un simple cliché peut parfois en dire plus qu’un long discours.

C’est encore lui qui mène la danse, magnifique dans son rôle de chef d’orchestre. C’est sa basse le fil directeur de tous les morceaux, les autres musiciens se calquent dessus, avec beaucoup d’énergie même si le son n’est pas toujours très bon, le chant pas toujours à la fête. Beaucoup de classiques sont absents ; pour les trouver, il suffit de faire un détour vers la case "Live And Dangerous", ici nous sommes surtout vers les dernières années, de "Black Rose" à "Thunder And Lightning", avec quelques impondérables, à l’image de "Jailbreak", "Emerald" et "The Rocker".

Mais le clou du spectacle réside dans les quatre derniers morceaux, qui voient les anciens guitaristes intervenir (sauf Snowy White donc), avec la grande fête sur "The Rocker" où Eric Bell, Gary Moore et Brian Robertson jouent à l’unisson, en compagnie de John Sykes et Scott Gorham. Un moment anthologique, oui, mais… Qui laisse un goût bizarre en bouche, comme si l’œuvre était inachevée. Quand on connaît la discographie de THIN LIZZY, sa richesse laisse forcément songeur quant à ce que cela aurait pu donner par la suite. Encore une fois, je vais faire un rapprochement avec QUEEN, qui a livré avec "Innuendo" une œuvre magistrale mais qui aura été l’épitaphe de Freddie Mercury.

"Life" est un disque live de très bonne tenue, moins définitif que "Live And Dangerous" (certainement la setlist, avec les affinités en fonction des titres), qui permet de clore l’histoire de THIN LIZZY d’une façon plus qu’honorable, pour ne pas nous rappeler que c’est le décès de Phil Lynott qui aura coupé court à toutes les idées de reformation. Une page s’est tournée pour le groupe, mais également dans l’histoire du Rock.